페이지 이미지
PDF
ePub

» ut ludibria naturæ malique ominis, abhorrebat. » Suetonius, Aug. 83.

Nous avons déjà eu occafion de parler de Bébé, Nain de Stanislas, Roi de Pologne.

Terminons cet articlé par deux vers de Properce qui, mieux que notre profe, en completteront l'explication.

Nanus & ipfe fuos breviter curvatus in artus
Jacabat truncas ad cava buxa manus."

IV. Eleg. VIII. 41.

PLANCHES CXLIV, CXLV, CXLVI.

Les deux Antiques qui font le fujet de ces trois No., & qui ont été trouvées à Civita, le 11 Mai 1755, font en terre; on s'eft déterminé à les placer ici parmi les bronzes, à cause de leur analogie avec celui qui précéde. Comme elles font creuses en dedans, on présume qu'elles fervoient de vases. Elles ne forment qu'une feule pièce avec leur piedestal.

Le premier (No. 144.) eft la caricature d'un de ces fols que les Riches & les Grands avoient coutume par luxe ou autrement, de faire affifter à leurs feftins pour égayer les convives. On appelloit ces fortes de niais Moriones, Fatui, Stolidi. Les Anciens prenoient beaucoup de plaifir à les entendre. Le talent de ces espèces d'acteurs domeftiques confiftoit à débi ter des plaifanteries avec un air stupide, & comme fans savoir la valeur des bons mots qui échappoient de leur bouche. Dans les bonnes maisons, il y avoit même de ces bouffons & bouffonnes à titre d'office, & gagés pour remplir cette fonction toute l'année. Les gens raisonnables bravoient la mode, & n'en vouloient point. Pline l'Epiftolaire ne pouvoit les fupporter, du moins chez lui. Voici ce qu'il en écrivoit à un certain Genitor..... « Vous vous plaignez du mortel ennui que »vous avez eu à un repas, d'ailleurs très-fomptueux, parce

[ocr errors]

» que des bouflons, des fous & des hommes voués à la débauche » voltigeoient fans ceffe autour des Tables. Ne voulez-vous

donc jamais vous dérider le fiont? A la vérité, je n'ai point » de ces fortes de gens à mon fervice; je tolère pourtant ceux » qui en ont. Pourquoi donc n'en ai-je point? C'est que, s'il » échappe à un proftitué quelqu'équivoque groffière, à un » bouffon quelque mauvaise plalfanterie, à un fou quelqu'ex» travagance, cela ne me fait aucun plaifir; parce que cela ne »me caufe aucune furprife. Je vous dis un goût & non pas » une raison...... Ayons de la complaifance pour les plai» firs d'autrui, afin que l'on en ait pour les notres.» Lettre XVII. Liv. IX. Je me fers de l'eftimable traduction de Sacy. Seneque le Philofophe penfoit à peu - près de même; nous rapporterons ́ce passage, à cause de son originalité : « Harpasten uxoris meæ

fatuam fcis hereditarium onus in domo mea remanfiffe. Ipfe » enim alieniffimus ab iftis prodigiis fum. Si quando fatuo de »lectari volo, non eft mihi longe quærendus, me rideo. » Epist. 50. Ces deux citations nous apprennent en outre que les maîtres & les maîtreffes de maîfon avoient chacun leur bouffon, & le choififfoient de leur fexe & que ces miniftres de la gayeté étoient pour l'ordinaire des individus difgraciés de la mature, des espèces de monstres par leur difformité. Ce qui confirme une ancienne opinion à laquelle on paroît tenir encore, que les hommes contrefaits font dédommagés des vices du corps par les qualités de l'efprit. Cette fingulière coutume d'avoir à fes gages un homme condamné à faire rire les autres, est passe des Anciens chez les Modernes. Dans les Cours d'Allemagne & d'Angleterre, il y avoit une charge de fol du Roi. Louis XIV la trouva établie à Versailles, & la laissa tomber en défuétude. On doit regretter cette reffource enlevée à la vérité ; les livrées de la folie lui fervoient quelquefois de paffeport. Il en refte cependant encore des traces fur le Théâtre. Il est évident que les rôles d'Arlequin, de Pasquin, de Jannot, &c. doivent leur

existence

existence au Maccus, au Morio, au Margitès des Comédies Satyriques, Grecques & Romaines, appellées Fabula Atellana*.

Notre Caricature, compofée avec beaucoup d'efprit & d'entente & tout-à-fait pittoresque, a la tête chauve & le fexe gigantefque. Ces deux fignes caractérisoient ordinairement Priape; les Anciens voulant faire entendre que la chute des cheveux eft une fuite du commerce trop fréquent avec Vénus. Le front dégarni fait encore allufion à la Lune, planète confacrée de tous les tems aux têtes capricieuses & mal organifées. Souvent auffi la même figure grotesque représentoit Priape & un Fol de profeffion, parce que les fous fe permettent tout, & n'ont point de pudeur.

L'ampleur de la tête étoit une autre marque diftinctive pour représenter un perfonnage de l'efpèce du nôtre. Les Toscans appelloient Citrouille la tête d'un fol, parce que le fruit de cette plante, qui promet beaucoup par fon volume, renferme beaucoup de vuide & une fubftance dépourvue de faveur : c'est ce qui fait dire à Juvenal:

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

C'est ce qui a donné l'idée à Seneque de l'apothéose de l'Empe reur Claude, qu'il métamorphofe après la mort, non en Dieu, mais en Citrouille.

La longueur des oreilles convenoit parfaitement à ceux qui jouoient la fottife & l'ignorance. En donnant à ce perfonnage grotefque la coëffure de l'âne, il falloit auffi l'en dédommager en le douant des mêmes facultés phyfiques dans la même proportion ; & l'Artifte n'a été que trop fidèle à cette pièce effentielle du coftume.

* Atela, Ville du pays des Ofques, ancien Peuple du Latium, aujourdhui Sant-Arpino, dans la Terre de Labour, entre Naples & Capoue, jadis célèbre par fes Drames bouffons & fouvent obfcènes.

Tome VII,

L

A fon col pend un ornement en forme de boule, dont nous ávons déjà parlé, & que portoient les adolefcens à Rome, fignis puerorum. Juvenal, pour caractériser un vieillard ridicule, un vieux enfant, fe fert de cette expreffion:

Senior, bullâ digniffime.
Sat. XIII. 33.

On difoit ainfi proverbialement pour défigner des niaiseries: bullate nuga.

Cette boule correspondoit à ce que les Anciens appelloient Crepundia, inftrument bruyant qui tenoit lieu de marotte, & qui de loin annonçoit un Prêtre de la folie. Plaute en parle dans fa Comédie intitulée, Miles :

Ut faciam quafi puero in collo pendeant crepundia.

Act. V. 16.

Notre perfonnage porte à fon bras gauche des Tablettes à écrire, Tabula pugillares, à l'inftar d'un enfant qui va à l'école. Sa bouche est béante, en figne de ftupidité; & fes fourcils élevés marquent l'étonnement & l'ignorance. Seneque, que nous avons déjà cité, a une expreffion heureuse que nous pourrions appliquer au fujet qui nous occupe: Quadragenarius pupillus.

L'autre figure (N?. 145 & 146.) un peu moins chargée, tient à la main un pain, ou quelqu'autre chofe dont la forme eft indéterminée. La draperie qui lui tient lieu de ceinture. eft à remarquer, en ce qu'elle fert comme de poche à un petit coffre quarré, mal-aifé à décrire. L'Artifte auroit-il eu intention d'indiquer une espèce de cadenat que les Acteurs - Déclameurs fe laiffoient appliquer fur eux; c'eft ainsi qu'on leur confervoit la voix, en les forçant de s'abstenir des faveurs de Vénus. Cet inftrument de fureté étoit auffi en usage pour les Jeunes Gens; Pline en parle : A pedagogis ad tranfitum virilitatis cuftodiantur, Liv. XXXIII. 12. Juvenal & Martial en font mention en plus d'un endroit, & voici l'explication qu'en

'donnent leurs Scoliaftes : « Comodi, citharædi, adolefcene » tulique alii virilia fibulâ coercere folebant quo à Venere abf» tinerent, vocis feu valetudinis confervandæ causâ; duo autem » harum fibularum erant genera. Vel indumentum, quo com» primebantur, fimul & tegebantur inguina; vel filum æneum » argenteumve præputio trajectum ». C'est ce qu'on appelloit Theca, Zona, Aluta, espèce de fachet de peau où l'on renfermoit ce dont on vouloit interdire l'ufage. On ne dit pas fi les Anciens en avoient fait un inftrument de jaloufie fi injurieux pour les femmes condamnées à s'en fervir dans l'Italie Moderne, chez les Orientaux, & peut-être encore ailleurs.

Notre figure d'argile a derrière le dos une espèce de poignée qui peut induire à croire que cette Antique eft un vase du genre de ceux qu'on appelloit Drillopoti, Phallovitrobelus, ou Phalloveretrobelus ; un paffage de Pline, auquel notre monument n'eft que trop conforme, en achevera l'explication: In poculis libidines calare juvat ; & per obfanitates bibere.

On ne fauroit juftifier les Anciens fur cet ufage cynique. Leur imagination échauffée par l'attrait du plaifir, vouloit que tous les objets, même les plus indifférens & les plus étrangers à leur intention, leur rapellaffent ce à quoi il femble qu'ils bornoient toute leur existence. Les vafes, les lampes, les uftenciles journaliers, les meubles les plus néceffaires, devenoient comme les complices de leur libertinage, en leur en offrant le fimulachre groffier. Il faut croire que des meubles ainfi configurés n'étoient deftinés qu'aux feules maisons de plaifir. Cependant on ne fauroit douter qu'ils étoient confacrés par la Religion, & qu'elle célébroit des fêtes qui n'avoient point d'autre objet de culte. L'origine de ces étranges ufages fe perd dans la nuit des tems, & remonte à la fimplicité primitive des Hommes. Age heureux, ou ce qui fait rougir aujourd'hui le front des perfonnes honnêtes, n'étoit alors que l'expreffion de la reconnoiffance ingenue, & un hommage pur rendu à la fécondité de la Mère commune des Etres. C'est ainsi qu'on abufe des chofes les plus

« 이전계속 »