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pour les saisir et les peindre? On peut dire, à la vérité, que ces caractères qui marquent et qui tranchent dans la société, tels que ceux qu'on a nommés, ont presque tous été traités par les habiles maîtres; mais un véritable génie comique en trouverait encore, dont il saurait tirer parti.

Dans ce genre de pièces, le poëte se propose de combattre un ridicule capital; c'est un menteur, un jaloux, un misanthrope, un joueur, un méchant, qui réunit en lui tout ce que le vice a de ridicule et d'extravagant. On peut comparer ces portraits dramatiques à ces figures pittoresques, dont les traits chargés, et néanmoins tracés d'après nature, nous offrent un tableau frappant qui nous porte à rire ou à nous indigner de nos propres défauts. Le poëte ici s'occupe moins du vrai que du vraisemblable. Il a le privilége de donner à son principal personnage un caractère plus outré qu'il ne l'est en lui-même. En effet, la scène est dans un point d'optique, où les traits doivent être agrandis pour être aperçus. Telle est la comédie du Misanthrope, qui est moins le tableau d'un misanthrope ordinaire, que celui de la misanthropie. Telles sont celles de l'Avare, du Joueur, dont les caractères ne frappent et ne plaisent que parce qu'ils sont outrés, et qu'ils ne le sont pas au-delà de la vraisemblance.

PIÈCES DE SENTIMENS. - L'Andrienne de Térence paraît avoir été le modèle de ces sortes de pièces, dont on a voulu fixer la naissance à notre siècle, pour avoir lieu d'en critiquer les auteurs; c'est une sorte de drame, où le poëte se propose moins de faire rire que d'intéresser, moins de combattre nos

ridicules que nos vices, et de présenter plutôt des modèles de vertu, que des caractères comiques. Ce sont proprement des romans mis en action, et assujettis aux règles du théâtre. On a voulu mal à propos juger de ces pièces par les règles de la comédie; c'est un genre singulier, qui, par conséquent, a ses règles particulières. Dans ces sortes de drames, l'intérêt doit être pressant, les incidens bien ménagés et frappans, les mœurs et les caractères des personnages soutenus et dessinés d'après nature. On doit aussi se proposer une vertu qui forme le nœud de l'action et le principe de l'intérêt il faut la représenter persécutée, malheureuse, toujours agissante, toujours ferme, et enfin couronnée. Les personnages bouffons sont ici déplacés. Les pièces dont nous parlons semblent avoir quelque rapport avec la tragédie, par la pitié qu'elles excitent et les larmes qu'elles arrachent; ce qui les a fait quelquefois nommer tragédies bourgeoises. Cependant le principal ressort de la tragédie y manque, savoir, la terreur. On doit donc les regarder comme des drames d'un ordre séparé. On y admet rarement les rois et les héros, ils n'y paraissent que sous les dehors touchans de l'humanité. On n'y introduit pas non plus des hommes de la lie du peuple, parce qu'il faut ici des personnages d'une condition moyenne, pour apprendre au commun des citoyens, par des leçons prises parmi eux, ce qui peut les intéresser et les rendre heureux.

PIÈCE SANS TITRE (la), opéra comique en un acte, par Panard et Favart, 1737.

Cette bagatelle fut composée à l'occasion du bruit

qui courait alors, qu'un fameux voleur exerçait seul et de nuit son infâme métier. Le public l'avait nommé le Prince nocturne ou le Ténébreux'; mais on ne voulut pas qu'elle parût sous ce titre, elle ne passa que sous celui de la Pièce sans titre.

PIERRARD-POULET a donné deux tragédies; l'une, intitulée Charite, l'autre. Clorinde; la dernière parut en 1598.

PIERRE LE CRUEL, tragédie, par Dubelloy 1772.

Pierre III, roi de Castille, surnommé le Cruel, épouse ou feint d'épouser par politique Blanche de Bourbon, qu'il quitte peu de jours après, et fait emprisonner, pour reprendre Marie Padille, sa maîtresse. Cette conduite et ses assassinats soulèvent ses sujets, à la tête desquels se met Henri de Transtamare, son frère naturel, le seul de sa famille qui ait échappé à ses fureurs. Henri le détrône et le tue.

C'est sur ce fond que Dubelloy a composé sa tragédie. On assure que sa chute fit une telle impression sur l'auteur, qu'elle fut le principe de la maladie qui le conduisit au 'tombeau, au mois de mars 1775.

L'entrepreneur des spectacles de Rouen, pour venger cette tragédie du peu de succès qu'elle avait eu à Paris, la fit représenter sur son théâtre où elle réussit à ce sujet, il fit insérer dans le Mercure une lettre où il en rend compte : « Tout le monde, dit

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il, est convaincu à Rouen, que Pierre le Cruel

n'a jusqu'ici pas été entendu à Paris, puisqu'il n'a

» pas réussi avec le plus grand éclat. Il ajoute que, » dans une ville qui a vu naître le grand Corneille, » et où son génie a laissé des traces profondes, les tragédies de Dubelloy sont celles que le public » de Rouen voit le plus souvent, et avec le plus de » plaisir, ainsi que les livres de recettes en font » foi. »

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PIERRE-LE-GRAND, tragédie, par Dorat, aux Français, 1779.

Cette pièce fut jouée en 1760, sous le titre de Zulica : elle eut alors sept à huit représentations. Imprimée depuis, sous le titre qu'elle porte aujourd'hui, et avec de légers changemens, elle reparut en 1779, et fut reçue comme dans la nouveauté. Voici comment Dorat lui-même en a rendu compte à la tête de la seconde édition : « Une première représentation, dit»il, ramène tout au vrai. Je vis distinctement que » je n'étais pas aussi sublime que je me l'étais imaginé. L'indulgence du public, qui d'abord fut » 'excessive, ne m'abandonna qu'aux derniers actes, » où il manqua de force pour m'applaudir, parce que » je n'avais plus celle de l'intéresser. »

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Ce sujet a quelque analogie avec celui de Cinna. Amilka, prince de la famille des Czars, forme le projet de faire assassiner l'Empereur par l'ami le plus intime de ce prince, par Menzikoff qui lui doit tout. Il se sert de l'amour de ce dernier pour sa fille Amétis, et il irrite sa passion pour cette jeune princesse, tantôt en l'éloignant, tantôt en feignant de la destiner à un autre ; enfin il lui déclare que, s'il est découvert, il est déterminé à immoler sa propre fille à sa vue, et à se frapper

qui courait alors, qu'un fameux voleur exerçait seul et de nuit son infâme métier. Le public l'avait nommé le Prince nocturne ou le Ténébreux; mais on ne voulut pas qu'elle parût sous ce titre, elle ne passa que sous celui de la Pièce sans titre.

PIERRARD-POULET a donné deux tragédies; l'une, intitulée Charite, l'autre. Clorinde; la dernière parut en 1598.

PIERRE LE CRUEL, tragédie, par Dubelloy, 2772.

Pierre III, roi de Castille, surnommé le Cruel, épouse ou feint d'épouser par politique Blanche de Bourbon, qu'il quitte peu de jours après, et fait emprisonner, pour reprendre Marie Padille, sa maîtresse. Cette conduite et ses assassinats soulèvent ses sujets, à la tête desquels se met Henri de Transtamare, frère naturel, le seul de sa famille qui ait échappé à ses fureurs. Henri le détrône et le tue.

son

C'est sur ce fond que Dubelloy a composé sa tragédie. On assure que sa chute fit une telle impression sur l'auteur, qu'elle fut le principe de la maladie qui le conduisit au 'tombeau, au mois de mars 1775.

L'entrepreneur des spectacles de Rouen, pour venger cette tragédie du peu de succès qu'elle avait eu à Paris, la fit représenter sur son théâtre où elle réussit à ce sujet, il fit insérer dans le Mercure une lettre où il en rend compte : « Tout le monde, dit»>il, est convaincu à Rouen que Pierre le Cruel » n'a jusqu'ici pas été entendu à Paris, puisqu'il n'a

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