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dote suivante renferme l'histoire tragi-comique d'un Polichinelle célèbre.

Geulette avait une maison de campagne à Choisy-le-Roi, où il s'amusait avec une société de gens de son état, à jouer des comédies, surtout des farces, des parades et des pièces de marionnettes : cet homme avoit un talent supérieur pour faire le Polichinelle. Quoique les plaisirs de cette société fussent très-innocens, il s'y lâchait parfois des plaisanteries assez fortes. Le curé de Choisy s'avisa d'y trouver à redire ; il en dit même quelques mots à son prône, ce qui n'eut d'autre effet que d'empêcher Geulette et sa compagnie d'assister à la grand'messe; mais il ne fut pas long-tems sans être obligé d'avoir recours à son pasteur. L'on sait, ou l'on ne sait pas, que, pour bien faire le Polichinelle, il faut mettre dans sa bouche un petit instrument que l'on appelle pratique, qui fait paraître la voix enrouée. Geulette, quoique très-accoutumé à s'en servir, eut le malheur d'avaler cet instrument, qui s'arrêta dans son gosier et pensa l'étrangler. Il appelle à son secours : d'abord on croit qu'il plaisante; mais le voyant devenir cramoisi, on comprend qu'il ne badinait point. Le chirurgien du village, consulté, trouve le cas si grave, qu'il conseille les secours spirituels. On va chercher le curé, il arrive, et voit le mourant entouré de ses amis Gilles, Cassandre et de Mad. Gigogne, tous en pleurs. Le pauvre Polichinelle veut témoigner à son curé les bonnes dispositions dans lesquelles il va expirer mais, comme la pratique l'oblige à s'énoncer d'une façon tout-à-fait comique, loin d'édifier, il scandalise, au point que le curé se met en fureur. On ne se moque point ainsi d'un homme de mon carac

tère, dit-il. Il s'en fallut peu que Geulette ne fût forcé de se faire enterrer, pour prouver à l'irascible pasteur qu'il était de bonne foi. Enfin tout s'éclaircit; le curé revint de son erreur, et Geulette de sa maladie; mais il cessa de faire usage de la pratique.

POLICRATE, comédie héroïque, en cinq actes, en vers, par Boyer, 1670.

Policrate, qu'on représente à l'âge de vingt ans, élevé sur le trône de Samos, par son bonheur et les soins de Doronte, croit, on ne sait pourquoi, qu'il ne lui convient pas d'épouser Elise, fille de son protecteur, qu'il aime et dont il est aimé. Policrate est roi; mais il peut se souvenir que, n'étant pas né sur le trône, et ayant été sujet ainsi que Doronte, à qui il est redevable d'une partie de sa grandeur, aucun scrupule ne doit s'opposer à une alliance que l'amour qu'il ressent pour la fille, et la reconnaissance qu'il doit au père semblent même exiger de lui. C'est cependant un entêtement aussi ridicule qui forme le noeud de la pièce. D'ailleurs, Policrate se persuade encore, sans qu'on en sache la raison, qu'Elise n'aime en lui que la seule grandeur; et il croit qu'Olympie, princesse de Thrace, lui convient mieux. La facilité avec laquelle elle reçoit son hommage sert à l'en dégoûter. Il ne sait plus ce qu'il veut, tant de bonheur l'ennuie; il croit s'y soustraire en laissant l'Etat maître de se choisir une reine. La princesse de Thrace obtient cette préférence par les brigues de Doronte, qui conserve, jusqu'à la dernière scène, son caractère désintéressé, au préjudice de sa fille. C'est en cette occasion que Policrate gémit et se désespère; il est tenté de se dédire, lorsqu'on

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apprend que le tyran, usurpateur des Etats d'Olympic, est mort subitement. Cette heureuse nouvelle tranche toutes les difficultés. Olympie, qui n'avait consenti a l'hymen de Policrate, que pour porter une couronne, y renonce aisément, et consent à partager celle qui lui appartient, avec Tiridate, frère de Policrate, qui soupire depuis long-tems sans espérance, et à qui elle a obligation de la liberté; mais Policrate est obligé de se servir de l'autorité souveraine pour obtenir le consentement de Doronte à son mariage avee Elise.

POLIDORE, tragédie, par l'abbé Pellegrin, 1703. Priam eut un fils d'Hécube, appelé Polidore, qu'il envoya auprès de sa fille Ilione, mariée à Polymnestor, roi de Thrace. Ilione le fit passer pour son fils, et donna le nom de Polidore à un fils nommé Deïphile, qu'elle avait eu de Polymnestor. Cependant les Grecs, après l'embrasement de Troie, ayant résolu d'extirper toute la race de Priam, précipitèrent du haut du rempart Astianax, fils d'Hector, après quoi ils envoyèrent des ambassadeurs à Polymnestor, chargés de lui offrir Electre, fille d'Agamemnon, en mariage, et beaucoup de richesses, pourvu qu'il donnât la mort à Polidore. Cette proposition fut accueillie de Polymnestor; mais, au lieu de Polidore, il immola son propre fils Deïphile. Voilà tout le fond de cette tragédie.

POLIEUCTE, tragédie en cinq actes, en vers, par Corneille, 1640.

Il fallait tout le génie de Corneille pour faire applaudir sur la scène un sujet tiré de la Légende.

Polieucte avait déplu aux beanx esprits de l'hôtel de Rambouillet, à qui Corneille l'avait lu avant de le donner au théâtre. Ils n'aperçurent, sans doute, que le chrétien qui brise les idoles, et qui vole au martyre. Sévère et Pauline échappèrent à leurs regards; ces deux caractères, les plus beaux qui aient jamais été placés sur la scène, valent eux seuls toute une tragédie, et mettent Polieucte au rang des meilleurs ouvrages de Corneille.

On prétend que les comédiens refusèrent d'abord de jouer cette tragédie; que Corneille donna son manuscrit à l'un d'eux, qui le jeta sur le ciel d'un lit où il fut oublié pendant dix-huit mois; et qu'un valet, ayant nettoyé par hasard le baldaquin, sauva le Polieucte. Lorsque Corneille fit cette pièce, sa réputation était trop grande et trop bien établie, pour qu'on puisse croire à ce conté.'

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Madame la Dauphine admirait Pauline, et disait: << Ne voilà-t-il pas la plus honnête femme du monde, qui n'aime point son mari. »

Dans le quatrième acte de Polieucte, on trouve une scène où Sévère, frappé de l'unité de Dieu, découvre à Fabian ses doutes sur la religion païenne, qui admet plusieurs divinités à la fois. Baron, qui remplissait le rôle de Sévère, près de réciter ce dernier vers:

Nous en avons beaucoup pour être de vrais Dieux; s'approchait de Fabian, lui mettait la main sur l'épaule, et le lui disait comme une personne qui craint d'être entendue. On regarda d'abord ce geste comme trop familier; mais, dans la suite, cette familiarité qui, pour être naturelle, ne manque pas de noblesse, lui

acquit une réputation supérieure à celle de ses prédé

cesseurs.

Lorsque Sévère, après la mort de Polieucte, dit à Félix et à Pauline :

Servez bien votre Dieu; servez votre monarque.

Baron, habile à deviner cé que les auteurs ne disaient pas, mais ce qu'ils voulaient dire, prononçait le dernier hémistiche d'une manière fort differente de celle dont il prononçait le premier: il passait légèrement sur l'un et appuyait fortement sur l'autre, et annonçait, par une inflexion adroite, combien le devoir d'un sujet lui paraissait plus grand que celui d'un chrétien,

On trouve dans Polieucte une stance dont les idées et les expressions sont dans une strophe d'une ode que Godeau adressait à Louis XIII, long-tems avant que Corneille eût fait sa pièce.

Polieucte dit :

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Toute votre félicité,

Sujette à l'instabilité,

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En moins de rien tombe par terre;
Et, comme elle a l'éclat du verre,
Elle en a la fragilité.

Godeau dit:

Tel on voit le destin funeste

Des ministres ambitieux,

Que souvent le courroux céleste
Donne aux monarques vicieux.
Leurs paroles sont des oracles,
Tandis que par de faux miracles
Ils tiennent leur siècle enchanté.
Mais leur gloire tombe par terre;
Et, comme elle a l'éclat du verre
Elle en a la fragilité.

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