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On dit que Corneille s'est repenti plusieurs fois d'avoir fait imprimer les quatre vers suivans, qu'il met dans la bouche de Sévère, et qui se trouvent dans la dernière scène du quatrième acte:

Peut-être qu'après tout, ces croyances publiques
Ne sont qu'invention de sages politiques,

Pour contenir le peuple ou bien pour l'émouvoir,
Et dessus sa foiblesse affermir leur pouvoir.

Cela prouve que Corneille, dont la conscience était fort délicate, se reprochait tout ce qui pouvait de sa part montrer l'intention de blesser la foi.

La représentation de cette pièce fit le plus grand bien aux comédiens; jusqu'alors ils avaient été dans un état d'abjection. Mais Louis XIII rendit, le 16 avril 1641, un arrêt où il dit expressément : « En cas que lesdits comédiens règlent tellement les actions du théâtre, qu'elles soient de tout exemptes d'impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples des diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni prejudicier à leur réputation dans le commerce public.»

POLIXÈNE, tragédie en cinq actes, en vers, par Claude Billard, sieur de Courgenay, 1612.

C'est l'ombre d'Achille qui ouvre la scène par des imprécations contre Pâris, et cette même ombre, qui n'a point perdu avec ses dépouilles mortelles, son amour pour Polixène, veut absolument qu'on l'immole, afin de pouvoir la posséder dans l'Elysée. Tous les Grecs sont de cet avis, excepté Nestor; mais Polixène elle-même, qui ne demande pas mieux que de mourir, s'arrache des bras de sa famille, et va s'offrir au glaive

de Pyrrhus. Rien n'est plus ridicule que cette tragédie, si ce n'est peut-être la préface que l'auteur adresse à son compagnon, et dont voici un passage:

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Quant aux sujets de mes tragédies, tel les voudra » dire peu tragiques, au moins quelques-uns, auquel je saurai bien clore la bouche, lui apprenant, s'il » ne sait, qu'où il y a effusion de sang, mort, et » marque de grandeur, c'est vraie matière tragique. » Si l'on ne desirait, pour l'avoir plus sanglante, ex» terminer toute une nation, comme fit cet insolent » Alexandre, etc. »

En voici un autre qui prouve que les écrivains n'ont jamais manqué d'amour-propre ni d'irascibilité, et qu'ils ont toujours été ennemis de la critique :

«Sortez-moi, s'écrie Billard, ces petits cajoleurs » de cour à simple tonsure de Minerve, qui font les » savans et les aristarques. Sortez-moi ces preneurs de » taupe à la pipée... Sortez-moi, dis-je, ces colosses » inanimés, ces ballons enflés de vent, hors de leurs petits lieux communs, pour les faire voguer sur un grand océan de dix mille vers. Mais, que dis-je?

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» dix mille, mais bien de cent ou deux cents seulement, qui leur seraient un siége de Troie. »

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POLIXÈNE, tragédie de Molière, surnommé le Tragique, 1620.

On jouait souvent cette pièce devant le roi, et c'est ce qui engagea Racan à adresser ces vers à l'héroïne de la tragédie, sur le desir qu'elle avait de quitter la

cour:

Belle princesse, tu te trompes,

De quitter la cour et ses pompes,

Pour rendre ton desir content.
Celui qui t'a si bien chantée,

Fait qu'on ne t'y vit jamais tant,
Que depuis que tu l'as quittée.

POLIXÈNE, tragédie, par Lafosse, 1696.

Rien de plus simple en apparence, et rien de plus compliqué en effet que le sujet de cette tragédie de Polixène. Pyrrhus aime la princesse ; il en est aimé, et veut la sauver malgré l'opposition des princes grecs qui ont juré sa mort. Voilà tout le fond de cette pièce; mais quel embarras dans les détails! quelle multipli→ cité d'incidens ! Le choix que Pyrrhus a fait de Polixène, comme la seule part qu'il veuille prendre dans les dépouilles de Troie, est un attentat contre l'autorité d'Agamemnon. On lui oppose l'artifice d'Ulysse, les menaces et la violence. Pyrrhus défend ses droits les armes à la main. Ses troupes, rangées en bataille, sont prêtes à fondre sur l'armée des Grecs. Le tombeau d'Achille s'ouvre avec l'appareil le plus effrayant. L'ombre de ce héros paraît et ordonne à Pyrrhus d'immoler Polixène. Le prince consterné, dissimule devant les Grecs, et feint de vouloir obéir aux ordres de son père. Télèphe, roi de Mysie et amant de Polixène, que l'on avait cru mort, reparaît pour sauver les jours de la princesse. Pyrrhus, abandonné des siens, épié par le roi de Mysie, investi de toutes parts, ne trouve plus d'autre ressource que de confier Polixène à son rival et de faciliter leur fuite en Mysie. Polixène découvre ce dessein à Ulysse, et se rend au tombeau d'Achille, pour y périr de la main des Grecs. Pyrrhus la suit, et, voulant frapper Agamemnon, perce le sein de Polixène.

Tome VII.

E.

On blâme cette catastrophe, et le desir que témoigne la princessé de mourir de la main de ses ennemis. Mais n'était-il pas naturel qu'elle préférât la mort à la honte de leur servir de trophée dans toute la Grèce? Pouvait-elle aimer Pyrrhus qu'elle regardait comme le bourreau de sa famille ? Et ce prince pouvaitil oublier que Polixène avait causé la mort d'Achille ? Pour peu qu'on se soit familiarisé avec Homère et Virgile, on goûté la satisfaction de retrouver ici tous les traits qui caractérisent les vainqueurs de Troie : l'orgueil impérieux d'Agamemnon, l'éloquence et la souplesse d'Ulysse, etc.

POLIXÈNE, tragédie-opéra en cinq actes, par Joliveau, musique de d'Auvergne, à l'Opéra, 1763. Pyrrhus veut épouser Polixène; mais il rencontre des obstacles : 1o. la haine de Junon contre le sang troyen. Cette Déesse est offensée d'un amour qui réunirait la fille d'Hécube avec le fils d'Achille; 2°. la haine d'Hécube elle-même contre Pyrrhus, le destructeur de toute sa famille; 30. l'amitié du fils d'Achille pour Télèphe son rival. Hécube approuve les feux de ce dernier et veut l'engager à immoler Pyrrhus à son amour ; mais toutes ces difficultés disparaissent insensiblement. Thétis apaise Junon; pour se venger de Télèphe, qui refuse de se prêter à sa fureur, Hécube le fait assassiner. Cette cruelle, témoin des prodiges que font les Dieux pour Pyrrhus, s'adoucit enfin, et donne son consentement à l'hymen du fils d'Achille avec sa fille Polixène, qui aime ce héros.

POMMIERS ET LE MOULIN (les ), comédie

lyrique en un acte, pár Forgeot, musique de Le Moine, à l'Opéra, 1790.`

Deux paysans ont au même endroit, l'un un moulin," l'autre des pommiers; leurs vœux different comme leurs possessions. Le mennier desire le vent parce qu'il fait tourner son moulin ; le jardinier le craint parce qu'il fait tomber ses pommes. Ils se contrarient l'un l'autre, tantôt par plaisanterie, tantôt sérieusement.

"

L'un des deux voisins a un fils, l'autre une fille qui s'aiment, mais dont le mariage est retardé par les brouilleries des deux peres. Mathurin, le père de la fillé, a dit à l'autre

Non, plus de mariage au point où nous en sommes,
Tu t'es moqué de moi, je veux t'en rendre autant,
Et ne les unirai, morbleu, que quand le vent
Ne t'aura plus laissé de pommes.

Une étourdie de sœur, qui vient d'entendre ce propos saisit une gaule, et se met à abattre les pommes, L'amoureux Lucas veut la gronder, mais elle lui répond par ce joli vers:

Paix: je travaille à votre mariage.

Enfin, comme le tems, l'humeur des deux pères doit étre sujette à changer; ils se trouvent un moment d'accord, et le mariage se fait.

O trouvé dans cet ouvrage des situations et des tableaux agréables; les paroles et la musique furent favorablement accueillies.

POMONE, pastorale-opéra, en cinq actes, avec un prologue, par l'abbé Perrin, musique de Cambert, 1671.

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