I

LA

COQUETTE

ET LA

FAUSSE PRUDE,

COMEDIE.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE. DAMIS, CID ALISE, MARTON.

H

DAMIS.

E' ventrebleu, Madame, mariez-
vous, mariez-vous, mariez-vous;
hé mariez-vous, pour la centiéme
fois, & ne vivez point comme

yous faites.

A

1

CIDALISE.

Que fais-je donc, Monfieur, de grace, qui merite des reprimandes de la forte.

DAMIS.

Hé mariez-vous, vous dis-je, & ne me forcez point à m'expliquer mieux.

CIDALISE.

Vous eftes mon oncle, Monfieur.
DAMIS.

Ouy, teftebleu, je le fuis,

CIDALISE.

Je ne confeillerois pas à qui que ce fuft dans le Royaume, de penfer la moindre des chofes que vous m'ofez dire,

DA MIS.

Je ne connois auffi perfonne dans le Royaume, qui vouluft penfer la moindre des chofes que vous faites.

CIDALISE.

Oh parlez, Monfieur, s'il vous plaift, ou me laiffez en repos. Voftre filence m'outrage plus que tout ce que vous me pourriez dire.

DAMIS.

Des vifites d'Erafte, a qui j'ay deffendu de venir icy.

CID ALISE.

En verité, Monfieur, fi vous n'eftiez point mon oncle, je vous dirois des chofes qui ne vous plairoient point du tour.

DAMIS.

Et moy, parce que vous eftes ma niece, je vous diray que vous eftes une extravagante, & que fi vous ny donnez ordre, & promptement, vous vous repentirez de n'avoir pas mieux profité de mes confeils.

MARTO N.

Oh par ma foy je ne fçay plus où j'en fuis. Quoy toujours des emportemens, des menaces; il femble à vous entendre, que nous ayons merité..... Que fçais-je moy? Mais auffi n'eft-il pas vray; ne diroit-on pas que nous commettons tous les crimes imaginables Car enfin, qui parle à Madame, parle à moy: Qui la querelle,m'offence : Je ne fçaurois m'accoutumer à tout cecy; c'eft tous les jours chofe nouvelle, & quelque déraisonnable que vous foyez aujourd'huy, il ne tiendra qu'à vous de l'eftre demain davantage.

CIDALIS E.

Vous voyez, Monfieur, ce que vos mag