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SCENE VI.

MISIS, PAMPHILE.

MISIS continue.

Ufte Ciel! quel objet fe prefente à ma veuë?

T

Que vois-je ? Il leve au Ciel & les mains & les yeux.
Notre malheur, helas! peut-il s'expliquer mieux ?
PAMPHILE.

D'un procedé pareil un homme eft-il capable?
E-ce-là comme en ufe un pere raisonnable?
MISIS.

Que veut dire cecy? Je tre nble.

PAMPHILE.

Ah! quelle main, le fein ?

Sort cruel, choifis-tu pour me percer
Quoy Sans me preffentir fur le choix d'une teme,
Mon pere croit livrer & mon coeur & mon ame?
D'abord n'a-t-il pas dû me le communiquer ?

MISIS.

Qu'entens-je ? Quel Enigme il vient de m'expliquer PAMPHILE,

Chémes donc à prefent tient un autre langage, Luy qui me refufoit fa fille en mariage, 11 pretend me la faire époufer aujourd'huy ? Oh, pour moy, je ne veux ny d'elle ny de luy. De mes voeux, de ma foy mon coeur n'eft plus le

maître :

Je ferois à la fois ingrat, parjure, traître.
Puis-je le concevoir ? S'il n'eft aucun fecours,

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Ce jour fatal fera le dernier de mes jous
De mon cœur embrazé le feu ne peut s'éteindre.
Helas! des malheureux je fuis le plus à plaindre.
Ne pourrai-je éviter dans mon malheureux fort
Un himen mille fois plus cruel que la mort?"
De combien de rebuts m'ont-ils rendu la proye ?
On me veut aujourd'huy, demain l'on me renvoye;
On me r'appelle encor. Que dois-je foupçonner ?
Il n'eft que trop aifé de fe l'imaginer.

Il n'a pu de fa fille autrement fe défaire;
Il me la veut donner, voila tout le mystere.

MISIS.

Ce difcours me faifit, & me perce

PAMPHILE.

le cœur.

Mais ce qui met encor le comble à ma douleur
C'eft l'air indifferent & l'abord de mon Pere.
Croit-il qu'un mot fuffit dans une telle affaire ?
Je le rencontre, à peine avoit-il pû me voir:
Philumene eft à vous, m'a-t-il dit; & ce foir ....
Vay cru qu'il me difoit, ou qu'à l'inftant je meure:
Va, Pamphile, va-t-en te pendre tout à l'heure.
Afformé de ce coup, j'ay paru comme un fot,
Sans ofer devant luy proférer un feul mot.
Si quelqu'un me demande, en une telle affaire
Averty de tout point, ce qu'il eût fallu faire;
Je ne fçais: mais je fçais que dans un pareil cas
J'eufle fait ce qu'il faut pour ne l'époufer pas.
Pour moy, je ne vois plus que penfer, ny que dire,
Je fens de toutes parts mon cœur que l'on déchire..
La pitié, le refpect m'entraînent tour à tour.
Tantôt j'écoute un pere, & tantôt mon amour.
Eepere me cherit, l'abuferay-je encore ?
Faut-il abandonner la Beauté que j'adore ?
Melas! que faire, helas ! de quel côté tourner ?:

MISIS à part.

I eft temps de combattre, & non de s'étonner..
Il faut abfolument qu'il parle à ma maîtreffe.
Tout le veut, fon repos, fon honneur, fa tendreffe.
Tandis que fon efprit ne fçait où s'incliner,
Parlons, preffons, un mot peut le déterminer.

PAMPHILE.

Qu'entens-je ? C'eft Mifis!

MISI S.

Helas! c'eft elle-même

PAMPHILE.

Que dit-elle ? Prens part à ma douleur extrême.
Que fait elle? Répons.

MISIS.

Me le demandez-vous

Du plus cruel deftin elle reffent les coups.
Le bruit qui fe répand d'un fatal himenée,
Malgré tous vos ferments, malgré la foy donnée...
Elle craint en un mot que ce funefte jour

A fon fidelle cœur n'arrache votre amour.

PAMPHILE.

Ciel ! puis-je le penser ? Quel foupçon la frappée ? Ah, malheureux ! c'eft moy qui l'aurois donc trompée !

Me croit-elle fans cœur, fans honneur & fans foy, Elle qui n'attend rien que du Ciel & de moy Fexpoferois fes mœurs, fa vertu non commune Aux bizarrres rigueurs d'une injufte fortune? Cela ne fera point.

MISIS.

Elle ne doute pas

Que s'il dépend de vous, Pamphile; mais helas! L'on vous y contraint....

PAMPHILE.

Je ferois affez lâche

Pour rompre, pour brifer la chaîne qui m'attache ?

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MISIS.

Elle merite bien que vous vous fouveniez
Que les mêmes fermens tous deux vous ont liez.
PAMPHILE.

Si je m'en fouviendray ! Qui? Moy! Toute ma vie.
Ce que me dit Chryfis parlant de Glicerie,
Occupe inceffamment mon efprit & mon cœur.
Mourante, elle m'appelle; & moy plein de douleur,
J'avance; vous étiez dans la chambre prochaine;
Et pour lors, d'une voix qui ne fortoit qu'à peine,
Elle me dit, Mifis, j'en verfe encor des pleurs)
Elle eft jeune,elle eft belle, elle eft fage, & je meurs.
Pour conferver fon bien que peut-elle à cet âge?
, La beauté pour les mœurs eft un trifte avantage.
Je vous conjure donc par fa main que je tiens,
Par la foy, par l'honneur, par mes pleurs, par
les, fiens,

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Par ce dernier moment qui va finir ma vie, De ne vons feparer jamais de Glicerie. Pamphile, quand j'ay cru trouver un frere en vous, L'aimable Glicerie y crut voir un époux; ,, Et depuis tous les foins n'ont tendu qu'à vous plaire. » Soyez donc fon tuteur, fon époux & fon ,, Du peu de bien qu'elle a daignez prendre le foin, Confervez-le, peut-être elle en aura befoin.

"

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"

pere.

Elle prit nos deux mains, & les mit dans la fienne :
Que dans cette union l'amour vous entretienne;
C'est tout... Elle expira dans le même moment.
Je l'ay promis, Mifis, je tiendray mon ferment.
Je ne trahiray point la foy la plus fincere,
Je te le jure encor.

MISIS..

Pamphile, je l'efpere;

་་

Mais ne montez-vous pas, pour calmer fes ennuis

PAMPHILE.

Je ne paroîtray point dans le trouble où je fuis.
Mais, ma chere Mifis, fais en forte de grace,
Qu'elle ne fçache rien de tout ce qui fe paffe.

MISIS.

J'y feray mes efforts.

PAMPHILE.

Non, je ne puis la voir.

Attens, Mifis. Je crains..

MISIS.

Helas! que je le plains!

Fin du premier Alte.

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