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simples et pieux, que les livres profonds et sublimes.

Ne vous prévenez point contre l'auteur; mais, sans vous inquiéter s'il a peu ou beaucoup de science, que le pur amour de la vérité Vous porte à le lire.

Considérez ce qu'on vous dit, sans rechercher qui le dit.

2. Les hommes passent; mais la vérité du Seigneur demeure éternellement 1.

Dieu nous parle en diverses manières, et par des personnes très-diverses.

Dans la lecture de l'Écriture sainte, souvent notre curiosité nous nuit, voulant examiner et comprendre, lorsqu'il faudrait passer simplement.

Si vous voulez en retirer du fruit, lisez avec humilité, avec simplicité, avec foi; et ne cherchez jamais à passer pour habile.

Aimez à interroger; écoutez en silence les paroles des Saints, et ne méprisez point les sentences des vieillards ; car elles ne sont pas proférées en vain.

RÉFLEXION.

Qu'est-ce que la raison comprend? presque rien: mais la foi embrasse l'infini. Celui qui croit est donc bien au-dessus de celui qui raisonne, et la simplicité du cœur, bien préférable à la science qui nourrit l'orgueil. C'est le désir de savoir qui perdit le premier homme il cherchait la science, il trouva la mort. Dieu

:

1 Ps. XXXVIII, 7; CVI,

2.

tisfaire notre vaine curiosité, mais nous éclairer sur nos devoirs, exercer notre foi, purifier et nourrir notre âme par l'amour des vrais biens, qui sont tous renfermés en lui. L'humilité d'esprit est donc la disposition la plus nécessaire pour lire avec fruit les livres saints, et c'est déjà avoir profité beaucoup que de comprendre combien ils sont au-dessus de notre raison faible et bornée.

CHAPITRE VI.

Des Affections déréglées.

1. Dès que l'homme commence à désirer quelque chose désordonnément, aussitôt il devient inquiet en lui-même.

Le superbe et l'avare n'ont jamais de repos; mais le pauvre et l'humble d'esprit vivent dans l'abondance de la paix.

L'homme qui n'est pas encore parfaitement mort à lui-même, est bien vite tenté; et il succombe dans les plus petites choses.

Celui dont l'esprit est encore infirme, appesanti par la chair, et incliné vers les choses sensibles, a grande peine à se détacher entiè rement des désirs terrestres.

C'est pourquoi, lorsqu'il se refuse à les satisfaire, souvent il éprouve de la tristesse ; et il est disposé à l'impatience, quand on lui résiste.

2. Que s'il a obtenu ce qu'il convoitait, aussitôt le remords de la conscience pèse sur

LIV. I. CHAP. VII.

iui, parce qu'il a suivi sa passion, qui ne sert de rien pour la paix qu'il cherchait.

C'est en résistant aux passions, et non en leur cédant, qu'on trouve la véritable paix du

cœur.

Point de paix donc dans le cœur de l'homme charnel, de l'homme livré aux choses extérieures la paix est le partage de l'homme fervent et spirituel.

:

RÉFLEXION.

1

Un joug pesant accable les enfants d'Adam 1, fatigués sans relâche par les convoitises de la nature corrompue. Succombent-ils, la tristesse, le trouble, l'amertume, le remords, s'emparent aussitôt de leur ame. «<Superbe encore au fond de l'ignominie, inquiet « et las de moi-même, dit saint Augustin en racontant « les désordres de sa jeunesse, je m'en allais loin de mon Dieu! à travers des voies toutes se«mées de stériles douleurs 2. » Il en coûte plus à l'homme de céder à ses penchants, que de les vaincre; et si le combat contre les passions est dur, une paix ineffable en est le fruit. Appelons le Seigneur à notre aide dans ce saint combat; n'en craignons point le travail, il sera court: aujourd'hui, demain; et puis le

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repos éternel!

CHAPITRE VII.

Qu'il faut fuir l'orgueil et les vaines espérances. 1. Insensé celui qui met son espérance dans les hommes ou dans quelque créature

que ce soit.

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2 Conf., lib. II, cap. 11.

N'ayez point de honte de servir les autres, et de paraître pauvre en ce monde, pour l'amour de Jésus-Christ.

Ne vous appuyez point sur vous-même, et ne vous reposez que sur Dieu seul.

Faites ce qui est en vous, et Dieu secondera votre bonne volonté.

Ne vous confiez point en votre science, ni dans l'habileté d'aucune créature; mais plutôt dans la grâce de Dieu, qui aide les humbles et qui humilie les présomptueux.

2. Ne vous glorifiez point dans les richesses, si vous en avez, ni dans vos amis parce qu'ils sont puissants, mais en Dieu, qui donne tout, et qui, par-dessus tout, désire encore se donner lui-même.

Ne vous élevez point à cause de la force ou de la beauté de votre corps, qu'une légère infirmité abat et flétrit.

N'ayez point de complaisance en vousmême à cause de votre esprit ou de votre habileté, de peur de déplaire à Dieu, de qui vient tout ce que vous avez reçu de bon de la nature. 3. Ne vous estimez pas meilleur que les autres, de crainte que peut-être vous ne soyez pire aux yeux de Dieu, qui sait ce qu'il y a dans l'homme.

Ne vous enorgueillissez pas de vos bonnes œuvres, car les jugements de Dieu sont autres que ceux des hommes, et ce qui plaît aux hommes, souvent lui déplaît.

S'il y a quelque bien en vous, croyez qu'il

y en a plus dans les autres, afin de conserver Phumilité.

Vous ne hasardez rien à vous mettre audessous de tous mais il vous serait très-nuisible de vous préférer à un seul.

L'homme humble jouit d'une paix inaltérable; la colère et l'envie troublent le cœur du superbe.

RÉFLEXION.

on s'é

En considérant la faiblesse de l'homme, la fragilité de sa vie, les souffrances dont il est assailli de toutes parts, les ténèbres de sa raison, les incertitudes de sa volonté inclinée au mal dès l'enfance 1 tonne qu'un seul mouvement d'orgueil puisse s'élever dans une créature si misérable; et cependant l'orgueil est le fond même de notre nature dégradée. Selon la pensée d'un Père, il nous sépare de la sagesse; il fait que nous voulons étre nous-mêmes notre bien, comme Dieu lui-même est son bien 2: tant il y a de folie dans le crime! C'est alors que l'homme se recherche et s'admire dans tout ce qui le distingue des autres et l'agrandit à ses propres yeux, dans les avantages du corps, de l'esprit, de la naissance, de la fortune, de grâce même, abusant ainsi à la fois des dons du créateur et du rédempteur. Oh! que ce désordre est effrayant et combien nous devons trembler lorsque nous découvrons en nous un sentiment de vaine complaisance, ou qu'il nous arrive de nous préférer à l'un de nos frères! Rappelons-nous souvent le pharisien de l'Evangile, sa fausse piété, si contente d'elle-même et si coupable devant Dieu, son mépris pour le publi cain qui s'en alla justifié à cause de l'humble aveu de sa misère, et disons au fond du cœur avec celui-ci: Mon Dieu, ayez pitié de moi pauvre pécheur 3!

1 Gen. VIII, 21.-2 S. Aug. de lib, arbitr., lib, III, 3 Luc, XVIII, 13.

cap. XXIV.

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