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V.

Disc.

rir de grands rifques ; & cela me fait efpérer qu'en peu de tems nous fçaurons ce qu'il y a à gagner ou à perdre en électrifant les végétaux. Je ne penfe pas que cela puiffe aller jufqu'à multiplier les forêts, & groffir les moiffons; mais au deffous de ces grands objets, il en eft d'autres qui ne font indignes, ni de la Phyfique ni d'une curiofité raifonnable.

On a vû par ce que M. Louis m'a donné occafion de lui répondre dans Application le premier Difcours page 49, qu'avant sé aux paraly- Pâques de l'année 1746, nous avions

de l'Electrici

iques.

penfé M. Morand, M. de la Sone & moi à électrifer des paralytiques, pour voir fi en faisant agir fur eux la vertu électrique, nous ne pourrions pas ranimer le mouvement, ou faire renaître le fentiment dans des membres qui auroient perdu l'un ou l'autre, ou tous les deux. Nous fimes alors quelques épreuves qui ne furent point abfolument fans effet: un de nos malades reffentit après dans un bras qui étoit perclus depuis nombre d'années, des picottemens qu'il n'avoit jamais reffentis auparavant, &

qui lui infpirerent un grand défir 'être encore électrifé.

qui

Mais ces premieres tentatives, quoiqu'elles nous laiffaffent quelque efpérance de fuccès, nous firent bientôt comprendre qu'on ne devoit raisonnablement s'en flatter qu'après un travail affidu, & peut-être bien long. Je ne voulois pas entreprendre feul des expériences auffi importantes, & il n'étoit pas jufte que je détournaffe pour des effais qui pouvoient être infructueux, des perfonnes dont les fecours font plus fûrs en tout autre cas, & continuellement utiles à la fociété. Il se passa deux ans avant que M. Morand pût allier avec fes occupations ordinaires, celles que devoit caufer une électrifation foutenue avec affiduité, & d'une durée convenable.

Enfin le fuccès de M. Jallabert (a)

(a) Vers le milieu du mois de Janvier 1748, M. Jallabert Profeffeur de Philofophie & de Mathématiques à Genève, notre Correfpondant & mon ami, me manda qu'il avoit effayé d'électrifer un Paralytique, & qu'il étoit fur le point de le voir guéri. D'autres lettres m'apprirent fort peu de tems après, le progrès de cette guérison, dont il faut voir

V. DISC.

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Etat des malades,

acheva de nous déterminer : dans les premiers jours d'Avril 1748. M. de la Courneuve, Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides, nous fit donner, felon les intentions de Monfieur le Comte d'Argenfon, Miniftre de la guerre, un lieu propre pour nos expériences; & parmi une. douzaine au moins de foldats paralytiques, qui nous furent préfentés, nous choifimes trois fujets dont l'état fut conftaté par écrit, en préfence de M. Munier premier Médecin, & de M. Boucot Chirurgien Major de la maifon; qui voulurent bien affifter à nos épreuves & m'aider de leurs lumieres pendant tout le tems qu'elles ont duré,

Le premier foldat nommé Daleur, étoit un homme de 49 ans, paralytique de toute la moitié du corps, du côté gauche, depuis trois ans, à la fuite d'une bleffure au côté droit de la tête, ne pouvant fléchir que trèsimparfaitement quatre doigts de la

le détail dans un excellent Ouvrage que M. Jallabert a publié depuis, fous ce titre, Expériences fur l'Electricité, avec quelques conjectures fur la cause de ses effets,à Genève 1748,

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main, & le pouce de la même main reftant toujours droit, fans aucun mouvement foumis à la volonté.

Le fecond nommé Bardoux, âgé de 27 ans, étoit paralytique de tout le côté droit, à la fuite d'un coup de feu qui lui a crevé l'oeil gauche il a toujours eu depuis une douleur dans toute la face, & furtout vers les finus furcilliers: il avoit la main & les doigts fans mouvemens, & à moitié fermés, il étoit privé de tout fentiment dans la partie malade.

Le troifiéme nommé Quinfon, âgé de 48 ans, étoit paralytique de tout le côté gauche depuis 17 ans ; cette paralyfie a commencé par une foibleffe que le malade reffentit dans fes membres, fans perdre connoiffance.

Expériences faites fur des Paraly-
tiques à l'Hôtel Royal
des Invalides.

CINQUIEME SUITE.

V. DISC

Daleur fut électrifé de fuite, de- Durée de puis le 9 d'Avril, jufqu'au 16 du l'électrifa

tion

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même mois, tous les jours pendant DISC. heures; fçavoir, le matin pendant 2 heures, & autant l'après midi. Bardoux le fut de même pendant so jours, & Quinfon pendant 40. Ce travail ne fut interrompu que deux ou trois fois, par l'occurrence de quelques grandes fêtes.

Procédé qu'on a fuivi

dans ces expériences.

Pour électrifer ces malades, on les faifoit affeoir fur une planche fufpendue avec des cordons de foye, & l'on foutenoit leurs pieds avec des gâteaux de réfine, ou avec des efpeces d'étriers attachés à la planche qui leur fervoit de fiége: on leur entouroit le corps d'une chaîne de fer dont un bout répondoit au globe de verre par le moyen duquel on excitoit la vertu électrique.

On foutenoit dans une fituation convenable & non gênée, par le moyen d'une bride ou d'un ruban de foye, le membre fur lequel on vouloit opérer, & comme il étoit nud, on avoit foin d'y entretenir un degré de chaleur fuffifant, non-feulement par celle du lieu où l'on avoit allumé un poële, mais encore par de fréquentes frictions que l'on faifoit

avec

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