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intitulé, Ne pas croire ce qu'on voit s qui eft fi divertiffant & d'un ftile fi enjoué, qu'on l'a fouvent attribué à Scarron : C'eft en faire un grand éloge.

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M. Bourfault n'étoit encore qu'à l'âge de 63. ans, & joüiffoit de toute la force de fon efprit & de fa fanté lorfqu'il fut attaqué d'une colique fi violente qu'elle lui noua l'inteftin; & pendant les huit jours qu'il a furvêcu à une operation fi douloureuse, il donna à fa famille les marques les plus édifiantes de courage, de patience, de réfignation & de pieté. Il voulut par la confiance & l'eftime. qu'il avoit pour fon fils le Théatin, fe.confeffer à lui à la mort ; & que ce fût un fils fi cher qui lui fermât les yeux ce qui arriva le 15. Septembre 1701. Il mourut très regretté du Public & de fes amis.Il avoit été en commerce & en liaifon d'amitié avec tous les beaux efprits de fon temps, qui le chériffoient pour la douceur & la bonté de fes mœurs, autant qu'ils

l'eftimoient pour la vivacité & la délicateffe de fon génie.

Le Grand Corneille l'appelloit fon fils, & l'honoroit de fes avis & de fon approbation dans tout ce que cet Auteur, encore jeune, faifoit paroître fur la Scéne. A la représentation de Germanicus ce grand Maître du Théatre, lui donna hautement fon fuffrage, & dit en pleine Académie, qu'il ne manquoit à cette Piéce

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le

que nom de M. Racine, à qui elle ne feroit point deshonneur. Meffieurs Péliffon, Charpentier, de Scudéry, Tallemant, Ménage, Quinault, Segrais, avoient été fes amis intimes: Mefdames De la Suze & de Villedieu, & Mademoiselle de Scudéry avoient toûjours eu pour lui une amitié particuliere: Thomas Corneille, qui a écrit avec tant d'érudition, & dont le mérite n'a eu pour ombre que d'avoir un frere plus grand que lui, aimoit tendrement M. Bourfault, & vouloit abfolument qu'il demandât à être de l'Académie. Et fur ce que celui-ci lui alleguoit toû

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jours fon ignorance, & lui demandoit de bonne foi ce que feroit l'Académie d'un fujet ignare & non lettré qui ne fçavoit ni Latin, ni Grec, Il n'est pas question, lui répondoit-il, d'une Académie Grecque ou Latine mais d'une Académie Françoife : & qui fçait mieux le François que vous ?

C'est lui qui, à la reprefentation d'une des meilleures Piéces * de Théatre de notre Auteur, qu'une cabale déclarée avoit entrepris de faire tomber, lui fit donner un jour au foyer de la Comédie, où un grand monde étoit affemblé,un Billet cacheté & fans fignature, où il y avoit ce Madrigal :

Plus je vois ton ouvrage,& plus j'en fuis avide.
C'eft ainfi qu'au temps ancien
Ecrivoient le galand Ovide
Et l'ingenieux Lucien.

Richelet, fi connu par fes ouvrages & par fon Dictionnaire, ayant fçû du Chevalier Edelink, fameux Graveur, qu'il alloit travailler au Portrait de M. Bourfault, lui envoya ces Vers * Phaeton. obligeans

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obligeans

Portrait.

, pour mettre au bas du

Voiture, Sarrazin, La Fontaine, Moliére, Dont la Parque infléxible a fini la carriére, Poëtes accomplis, Orateurs excellens ;

L'Homme, à qui ce portrait reffemble, Sans étude lui-feul a les diverfes talens, Qu'avec tant de fçavoir vous aviez tous enfemble.

On a mis à la tête de ce Recuëil la Lettre für les Spectacles, qui fit tant de bruit en 1694. & qui donna lieu à tant de bons & de mauvais écrits qui parurent alors pour & contre la Comédie.

Tome I

PIECES

Contenues dans le premier Volume.

LETTRE D'UN HOMME D'ERUDITION fur la Comedie.

LE MORT VIVANT.

LES CADENATS, ou LE JALOUX ENDORMI.

LE MEDECIN VOLANT.

LES NICANDRES, ou LES MENTEURS qui ne mentent point.

LE PORTRAIT DU PEINTRE..

LES METAMORPHOSES des yeux de Philis changez en Astres.

LETTRE

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