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au-deffus de lui-même : il s'eft mis en poffeffion de toutes les chofes de la terre, & fe les eft ap-. propriées à fon ufage & à ses plaifirs. Pour fe rendre toutes chofes utiles, il en a vaincu les difficultés, furmonté les obstacles, prévenu les inconvéniens ; & ce n'est jamais que par le mauvais ufage qu'il fait de ces chofes, qu'il multiplie fes befoins, au-lieu de les fatisfaire. Il a dompté les animaux qui pouvoient lui être de quelqu'utilité, & leur a impofé le joug. Il a fait plus encore, il s'eft dompté lui-même, & s'eft rendu fociable: enfin, il a découvert les sciences par la force de fon raisonnement: & fi l'invention des arts, en cultivant fon efprit, l'a rendu moins féroce, la découverte des fciences, en lui apprenant fon devoir, l'a fait paffer de la

rufticité de la vie, à la politeffe des mœurs, & de l'ignorance humaine, à la connoiffance de Dieu.

Fin de la feconde Partie.

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L'ÉTUDE

PROPRE

DE L'HOMME.

V

TROISIEME PARTIE.

AINEMENT je ferois parvenu connoître ce que je fuis, & ce que je puis, fi je ne m'appliquois de nouveau à connoître ce que je dois faire. En effet, à quoi me ferviroit de fçavoir ce que je fuis, fi j'ignorois la fin pour laquelle je fuis, & ce que je dois faire

pour y parvenir; & que m'inporteroit-il de connoître l'étendue & les limites de mon pouvoir, fi je ne fçavois l'ufage & la reftriction que j'en dois faire. Il m'est donc de la derniere importance de fçavoir ce que je dois faire par rapport à Dieu, par rapport aux hommes, & par rapport à moimême. Par ce moyen je pourrai remplir également mes devoirs de religion, & ceux de fociété; & dans l'accompliffement des uns & des autres, j'y trouverai toujours mon véritable intérêt. Je dis toujours, parce qu'il n'en peut être jamais féparé.

En confidérant que Dieu n'a nullement befoin de l'homme, & qu'il ne l'a créé que pour le rendre heureux, je ne puis qu'être vivement pénétré de reconnoiffance envers lui. Ce Dieu ne me doit rien, & il me donne tout;

il me prévient fans ceffe, & je ne puis jamais le prévenir. Il ne me fait paffer par l'épreuve de cette vie mortelle, qu'afin de me faire mériter le bonheur & la félicité qu'il me deftine dans la vie future: fa juftice exige que je mérite avant que d'obtenir; mais fa bonté me met en état de mériter. Et que demande-t-il de moi dans cette vie, pour le bonheur qu'il me prépare dans l'autre? Que je l'aime comme étant mon pere, & tous les hommes. comme étant mes freres. Etcomment pourrois-je ne point obéir à des commandements qui me font fi avantageux? En aimant les hommes, comme étant mes freres, je cimente mon bonheur d'ici-bas; la félicité des hommes fur la terre étant fondée fur leurs mutuels befoins, & fur leurs fecours réciproques. Et en aimant

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