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des beaux ouvrages dont il ornoit les murailles & les cheminées, fa réponse étoit, que I'M vouloit dire Marquife, & le C Comteffe, (deux Fées de Germanie) *qui s'étoient données la peine de l'enchanter; que l'une s'appelloit Arthuriane, & l'autre Ploy donic.

Ce font, difoit-il, deux Sorcieres,
Dont rien n'égale le pouvoir,

Et qui du matin jusqu'au soir
Enchantent de mille manieres ;
Gardez-vous, Princes, de les voir,
Vos libertez n'y tiendroient gueres.

A ces mots, il fe mettoit à pleurer comme un enfant ; il étoit aifé de juger à tout cela qu'il avoit la cervelle démontée. Mais comme la folie d'amour fait d'ordinaire naître celle des Vers, on crut qu'il pourroit être affez fou pour en faire ; d'autant plus qu'il avoit des momens de vivacité, dont on efpéroit quelques faillies.

Mais hélas ! fi Marc-Antonin
Paroiffoit quelquefois en vie,
Il le paroiffoit bien en vain.
Grace aux Nymphes de Germanie,
Son ame étoit à Saint-Germain

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Les deux objets de fa tendreffe
Se préfentoient à lui fans ceffe ;
Et brûlant d'un amour pareil
Pour l'une & pour l'autre Déeffe;
Pendant les heures du fommeil
Il entretenoit la Comteffe,
Et la Marquife à fon réveil.
Il difoit; Belle Ploydonie!
Mon cœur vous aime à la folie,
Il veut mourir fous votre loi;
Et dans la même rêverie

S'écrioit; Reine de ma vie !
Arthur! ayez pitié de moi.

Dans un état fi ridicule, le plus court eût été de le laiffer en repos; mais on ne le voulut jamais. Et voyant qu'on ne ceffoit de le perfecuter, il écrivit un Journal du Voyage pour la Marquife, & fit pour la Comteffe une Defcription en Vers du Padais de Mauritanie avec un abregé des mœurs, coutumes, & différentes Religions des Habitans du Pays. On en tira quelques copies, qui fe vendent à jufte prix chez les Libraires du Pont-Neuf.

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Le cinquième jour on vit aborder trois gros Bâtimens chargez de Princes tributaires, qui venoient rendre leurs hommages au Souverain de Mauritanie.

Le fixième, ils s'en retournerent.

Le

Le feptiéme, grande chaffe, & long fouper.

Le huitième, on ne fit que bagnauder; c'est-à-dire, on fit quelques Couplets, & quelques Impromptus.

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Le neuviéme on reçût un Courier de la Princeffe Mainalide, avec un nouveau détachement de Vers. La question fut d'y répondre ; car Victorin le Chevelu (faute d'autre monture) s'étoit mis fur le Pegafe de la grande Ecurie, & le pauvre Cheval avoit été fi rudement mené pendant la derniere Chaffe, qu'il pouvoit à peine mettre un pied devant l'autre ; fi bien que le Sécretaire du département Poëtique fut contraint de faire fa dépêche à terre, & d'expedier quelques rimes à pied, pour répondre à celles du dernier Envoyé.

Le lendemain on s'embarqua (quoiqu'avec un regret extrême) & après quelques heures de navigation, on découvrit les premieres terres de l'Europe.

Ainfi finit ce beau Voyage,
Où, quoique les évenemens
Ne foient pas mis dans l'étalage
Où les mettent certains Romans ;
Peut-être que leur badinage

Pourra vous amufer pendant quelques momens

Et je n'en veux pas davantage.

Fin des Poëfies.

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ŒUVRES

MELEES

EN PROSE ET EN VER S. 40 02:00 00:10 60: 22 30: 30 22 SA BA LA SA EN LETTRES ET EPISTRES.

A MONSIEUR LE COMTE DE GRAMMONT.

H

ONNEUR des rives éloignées,
Où Corizande (a) vit le jour,
De Menodaureb heureux féjour,
D'où vos errantes destinées

Semblent vous bannir fans retour;

Et d'où l'Aftre du jour, paffant les Pyrenées

Voit tant de faces bazanées,

Et va finir fon vafte tour

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(a) Corizande des Andoüains, ayeule du Comte de Grammont.

(b) Menodaure, un des Ancêtres de la Famille,

A

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