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XVIII. Une autre Loy condamne à An. gr. mort les adulteres, & l'on permet de les 12 05. tuer quand on les furprend in flagranti. Heg. Les habitans de la Province de Caindu A. M. le murmurerent contre cette Ordonnance; Leopard. parce qu'ils avoient coutume pour bien faire les honneurs de chez eux, & pour mieux recevoir leurs amis, de leur livrer leurs femmes; Ils préfenterent plufieurs Requêtes au Can, pour n'être point privés de ce moyen de regaler leurs hôtes. Ce Prince cedant à leur importunité, les abandonna à leur honte. Il leur accorda ce qu'ils demandoient : Mais afin que la pudeur de les autres Sujets ne fût point bleffée par une coutume qu'il trouvoit contraire à l'honneur & à la raison, il déclara en même tems qu'il tenoit ces peuples pour des infâmes.

des morts.

XIX. Pour entretenir l'amitié entre Mariage fes Sujets, il regla les alliances & les étendit fort loin; il permettoit à deux famil- Rubru les de s'allier, quoi qu'elles n'euffent point quis. d'enfans vivans. Il fuffifoit que l'une eût eu un fils & l'autre une fille, bien que tous deux morts, il ne falloit qu'écrire un contrat de mariage, & faire les ceremonies ordinaires, les morts étoient réputés mariés & les familles veritablement alliées.

'An. gr.

Cet ufage dure encore aujourd'hui 1205. chez les Tartares; mais la fuperftition y Heg. a ajoûté des circonftances: Ils jettent au 602. feu le contrat de mariage, aprés avoir Leopard. fait deffus quelques figures qui repréfenRubru tent les prétendus mariés & quelques forquis. mes de bêtes. Ils font perfuadés que tout

A. M. le

cela eft porté par la fumée qui en fort à

leurs enfans qui fe marient dans l'autre monde.

XX. Le tonnerre dans l'ancien Mogoliftan & autres Païs voifins étoit fi redouté des Mogols, parce qu'il faifoit de grands ravages, qu'auffi-tôt qu'ils l'entendoient gronder, ils fe jettoient tout éperdus dans les lacs & les rivieres où ils fe noyoient. Temugin voyant que cette terreur extraordinaire lui faifoit perdre fes meilleurs Soldats, quelquefois lors qu'il en avoit befoin, défendit fous de groffes peines de fe baigner, & de faire aucune forte d'ablution. Il ne leur fut pas même permis de laver leurs habits dans les eaux courantes pendant que le tonnerre fe feroit entendre. On leur fit accroire que les exhalaisons qu'ils excitoient en remuant l'eau, formoient principalement le tonnerre qui cauferoit moins de defordre, s'ils s'éloignoient des lacs au lieu de s'y précipiter. Ils fe foumirent à cette

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Loy, que les Tartares qui ne font point An. gr. Mahometans obfervent encore; car ceux 20 S. qui le font, la regardent comme une fu- Heg. perftition qui fait violence à l'un des points A. M. le capitaux de la Religion Mufulmane, Leopard. qui donne une pleine liberté à fes fectateurs de fe laver par tout où il trouvent de l'eau. Ils font même perfuadés que fans cela il n'y a point de salut à esperer pour eux.

XXI. Les efpions, les faux témoins, les fodomites & les forciers furent condamnez à mort.

XXII. On publia des Ordonnances trés rigoureufes contre les Commandans qui manqueroient à leur devoir, principalement dans les Païs éloignés. En quelque lieu qu'ils fuffent, on devoit les faire mourir, fi leur conduite étoit blâmable. Si leur faute étoit legere, il falloit qu'ils vinffent en perfonne fe préfenter au Grand-Can & fe juftifier, & ce Prince étoit là-deffus un Juge trés-févere.

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On publia plufieurs autres Loix qui ne font pas fpecifiées dans les Auteurs que j'ay traduits. Je n'ignore pas qu'il fe trouve dans le Levant un Recueil intiulé Tafa Gengbizcani; a mais perfonne ne l'a encore apporté en France, ainfi l'on ne peut a C'est-à-dire les Loix de Genghizcan.

An. gr. fur ce point pleinement fatisfaire la cu1205. riofité du Lecteur. Les Loix dont on vient Heg. de faire mention, & qui font fans doute A. M. le les principales, demeurerent dans leur viLeopard. gueur pendant le regne de Temugin &

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Marra

celui de fes Succeffeurs. Tamerlan même qui nâquit cent onze ans aprés ce Prince, les fit encore obferver dans tout fon Empire. Il eft encore vrai qu'on ne pouvoit les enfreindre fans encourir des peines fi rigoureuses, que cela ne contribua pas peu à les maintenir.

Un Auteur affure que le Grand Can kefchy. les inventa par la force de fon bon sens & de fon efprit, qu'aucuns Livres, non plus que l'exemple des anciens Rois ne lui en avoient fourni l'idée. D'autres Auteurs toutefois prétendent qu'elles ne font qu'une copie de celles que les Orientaux attribuoient autrefois à Turc fils de Japhet, fils de Noé.

Temugin confirma fes amis dans les charges qu'il leur avoit données; il rendit même leurs emplois plus confiderables Aboul- qu'ils n'étoient. Comme il rouloit dans cair. p.8. fon efprit plus de projets qu'il n'en communiquoit à fes Mogols; outre les moïens dont il s'étoit déja fervi pour gagner l'efprit de fes Sujets, il eut recours à la révelation. Il leur déclara que Dieu l'avoit

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affuré qu'il deviendroit maître du mon- An. gr. de; mais que fa volonté étoit qu'il chan- 1205. Heg. geât de nom, & qu'il s'appellât deformais Genghizcan. Il ajoûta qu'il ne fal- A M. le loit point douter de l'effet de cette di- Leopard. vine promeffe; puifque celle qui quel- Changeques années auparavant lui avoit été faite au fujet de la tyrannie d'Ounghcan, s'é- Temugin toit fi glorieufement accomplie.

la

D'autres Hiftoriens attribuent cette re

ment du

nom de

en celui de Gen

velation à une autre perfonne; ils difent &hicans. Abulfaqu'un des premiers d'entre les Mogols rage.pag. aprés avoir erré tout nud dans les Deferts 281. pendant quelque tems, entra dans l'affemblée : Il déclara hautement qu'il venoit de part de Dieu trouver le fils de Pisouca, b pour l'avertir de prendre le nom de CondeGenghizcan, c'eft-à-dire le Can des Cans, mir. & pour l'affurer de l'Empire de la Terre. Ce fourbe fit un beau difcours fur la gloire que ce Prince devoit acquerir fous ce nouveau nom, & pour se faire écouter avec plus d'attention, il eut la hardieffe d'avancer qu'il ne faifoit que repeter les propres paroles de Dieu. Les Prophetes,

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a Genghizcan en langue Tartare fignifie Can fils de Can.

b Cet homme s'appelloit Bet Tangri. C'étoit un Prêtre Magicien, Il fe difoit Grand Penitent, & vouloit faire croire qu'il avoit été enlevé au Ciel où il avoit reçu sa mission.

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