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An. gr.

I2IO.

Heg. 610.

A. M. le
Chien,

CHAPITRE X.

Guerre de GenghiZcan contre le refte de fes Ennemis de Caracatay, de Mogoliftan & de Turqueftan. Perfidie du Prince Cafchluc envers fon beau pere Gurcan. Guerre des Mogols contre Cafchluc. Mort de ce Prince. Alliance de Genghizcan avec le Roy de Carizme.

L fembloit que la Conquête de cette moitié de la Chine dût obliger l'Em- ̈ pereur Mogol à établir le Siege de fon Empire à Pequin, afin de conferver plus facilement la poffeffion de la Chine par fa préfence, & d'en conquerir l'autre moitié, fi l'occafion s'en préfentoit ; mais il avoit des deffeins plus preffans que celui de fe rendre maître de tout ce grand Royaume. Il fe contenta d'envoyer des Gouverneurs & il continua de tenir la Cour à Caracorom tant pour veiller fur la Tartarie, que pour obferver les Cans fucceffeurs de Touctabey, qui avoient encore des forces dans le Merkit qui fait une partie du Mogolistan, & Cafchluc fils de Tayancan dont il n'ignoroit pas qu'il étoit haï. Il fçavoir

que ces deux Princes pouvoient fort l'in- An. gr. quieter, particulierement Cafchluc, s'il 1 214 pouvoit porter Gurcan à lui déclarer la Heg. Guerre.

Quoyque tant d'heureux fuccés euffent rendu formidable la puiffance de Genghizcan, il ne laiffoit pas de regner un efprit de révolte parmi quelques Mogols, & la haine de Touctabey pour cet Empereur avoit paffé toute entiere aprés sa mort dans fa Famille & dans fa Nation. Ses trois fils & fon frere Coudoucan la conferverent jufqu'à la mort. Ils eurent même la témérité de lever des troupes, & d'exciter à la révolte quelque peuples & entre autres ceux de la Tribu de Tomat vers les Frontieres de la Chine. Enfin ils allumerent en divers endroits un fi grand feu que Genghizcan fut obligé d'envoyer des troupes pour troupes pour l'éteindre. Suida Behadeur marcha contre les Cans rebelles de Merkit. Aprés avoir pillé & ravagé la plus grande partie de la Province où ils étoient campez, il les obligea de combatre. Il les défit, & leur mort qui arriva dans cette même année 1214. procura à ceux de Merkit le calme dont joüiffoit le refte des Nations Mogoles. A l'égard des peuples de Tomat, Baba Nevian qu'on envoya contre eux

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An. gr.

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les traita d'une maniere' fi terrible, que 1214 l'Empereur même en fut touché lorsqu'il Heg. en apprit la nouvelle. Il ordonna qu'on A. M.le eût foin de bien faire élever les enfans Porc. de ceux qui avoient eû le malheur d'être enveloppés dans le carnage que ce General en avoit fait, & de marier leurs femmes & leurs filles.

de.

Mircon- Le Prince Cafchluc auroit été plus à craindre que les Cans de Merkit & de Tomat, s'il eût fçeu mieux menager le Roy de Turqueftan fon beau pere, qui étoit fi puiffant qu'il prenoit fouvent par excellence le tiltre de Padichah. Le Turqueftan étoit alors une des grandes parties de la Tartarie; il avoit au Midy, le Tebet & les Indes où font les nouveaux Mogols; au Nord le Caracatay, & à l'Orient la Chine & quelques Païs de Caracatay; à l'Occident la Tranfoxiane & le Capfchac, & pendant quelque tems toute la Tartarie a été appellée le païs

des Turcs.

Ceux qui connoiffoient Cafchluc n'aprouvoient gueres le choix que Gurcan Aboul- en avoit fait pour fa fille. Il étoit indiBair p. 9. gne d'être Prince. a Il n'étoit ni bien faifant, ni reconnoiffant, & il n'avoit ni foy ni generofité. Quelque obligation a Çafchluc étoit Idolâtre.

qu'il eût au Roy fon beau pere, quelques A. g faveurs qu'il en eût receues, & quelque 1214 Heg. attachement qu'il dût avoir pour lui, il 611. ne ceffa de lui rendre de mauvais offi- A, M. le ces : il excita des feditions parmi les peu- POIG, ples, appuïa la revolte des Gouverneurs de Provinces, & fe ligua lui-même avec Mehemed Roy de Carizme le plus grand ennemi de Gurcan.

Enfin Cafchluc fe retira de la Cour de fon-beau-pere avec des efprits feditieux & mécontens qu'il avoit ménagez ;. il en compofa un corps confiderable qui fut en peu de tems groffi par les reftes du débris de l'Armée du Roy des Naïmans fon pere, & pendant que Mehemed, comme ils en étoient convenus tous deux, attaquoit le païs de Gurcan du côté de l'Occident, il alla du côté de l'Orient piller & ravager les Provinces de fon beau-pere, qui déteftant fon ingratitude, réfolut de s'en venger. Ce Roy quoyque dans un âge fort avancé, fe mit à la tête d'une Armée confiderable & eut encore affez de vigueur pour combatre & pour vaincre fon gendre dans le Païs de CouaKege.

Il ne faut point paffer fous filence une

a Bin Ayas dans fon livre intitulé Nafchac Alazhar.

Heg.

612.

An. gr. particularité que Bin-Aïas rapporte de ce 12. païs-là. Il dit qu'au païs de Couakege dans le Turqueftan, il y a une espece AM. la de bois dont on fe fert pour bâtir des Souris. maifons qui eft tel que le feu ne le fçauroit brûler; & une forte de pierre fi lumineufe que les habitans en font éclairés pendant la nuit.

Conde

mir:

Cependant le Roy de Carizme fit des conquêtes dans le Turqueftan du côté de la Tranfoxianne. Il fe faifit prefque de tous les Païs qui appartenoient à Gurcan. .Ce Prince Turc marcha contre lui, mais il n'eut pas le même fuccés qu'il avoit en contre Cafchluc; car peu s'en falut qu'il ne fût fait prifonnier. La foibleffe de fon âge donna occafion à plufieurs grands Seigneurs de fon Royaume de former des complots féditieux. Ses Etats tomberent dans un defordre dont il ne put voir la fin. Son gendre revint à la charge, & il fe donna entre eux une feconde bataille, où Caschluc eut tout l'avantage. Il prit Gurcan, le traita en apparence avec refpect; mais il se rendit maître de fon Païs & de fes richeffes, & paya de tant d'ingratitude les bienfaits qu'il en avoit reçus, que Gurcan deux années aprés en mourut de chagrin.

Cafchluc affiegea auffi-tôt la ville de

Cafchgar

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