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A. M. le

metane; & dans une fi grande élevation An. gr. il s'imaginoit que rien n'étoit capable de 12 17. lui réfifter. Ses prédeceffeurs avoient don- Heg. né la loy aux Califes, quoyque les Califes fucceffeurs de Mahomet duffent Leopard. toujours être leurs Souverains, cependant comme la force regle fouvent le droit des Grands, les Sultans au mépris de leurs Loix & de leur Religion,regloient le droit des Califes qui ne se trouvant pas en état de repouffer la violence qu'on leur faifoit, la devoroient en fecret, & fe contentoicnt d'une vaine déference que a les Sultans leur marquoient dans les tems de ceremonie.

Alma

kine hift.

Le Sultan Mehemed voulut obliger saracen. le Calife Naffer à lui accorder les privileges dont les autres Sultans avoient joui fous les précedens Califes & principalement celui de s'établir à Bagdad, d'y commander & d'être nommé comme lui dans les prieres publiques. Mais Naffer fe croïant affés fort pour refufer impunément ce qu'on exigeoit de lui, fit dire dans le Divan au Cady Magededdin Ambassadeur du Sultan qu'on lui demandoit une chofe injufte ; & fur ce que le Cady cita pour exemple l'éta

a Les Sulans marchoient à pied devant le Calife & tenoient la bride de fa Mule.

An. gr.

1217.

Heg.

bliffement des Seljukides, on lui répon dit que ces Princes lors qu'on les avoit appellés, & particulierement Togrulbey L'an du avoient rendu de fi grands fervices à Leopard l'Etat, que les Califes par reconnoiffan

614.

ce avoient crû devoir leur accorder l'honneur de s'établir & même de commander abfolument dans Bagdad; mais que le Calife Naffer n'aïant point de guerre, ni par consequent befoin de perfonne le Sultan avoit mauvaise grace de vouloir regner dans une Ville qui étoit le patrimoine des Empereurs Musulmans & où prefque tous les Califes fes prédeceffeurs étoient inhumez. Le Cady fut renvoïé avec cette réponse, & le Calife le fit accompagner par un Ambaffadeur qui eut ordre de représenter au Sultan toutes les raifons que Naffer avoit de refufer les privileges qu'il lui demandoit. Mehemed receut avec beaucoup d'honncur l'Ambaffadeur du Calife, mais il ne diminua rien de ses prétentions. Il donna même dans la fuite à ce Prince toutes fortes de fujets de plainte ; jufques-là que quelque tems avant l'irruption de Genghizcan, il fit faire une affemblée génerale de Mouftis, de Cadis, de Moullas, d'Imans, de Checs, & d'autres gens de Loy pour le dépofer. Il fit nom

mer un autre Calife, & mit en campa- An. gr. gne une grande armée pour aller forcer 1217. Naffer dans fa Capitale. Il eft vray que 614. Heg. cette armée fut prefque toute ruinée par L'an du le froid, par les neiges & par les pluyes Leopard. extraordinaires d'un hyver fâcheux, & qu'il fut obligé de retourner en son Royaume. Cependant le Calife craignant d'être enfin réduit à l'extremité par ce Prince, chercha tous les moïens poffibles de s'en délivrer. Il n'en voïoit qu'un & encore ne s'en feroit-il pas fervi s'il eût préferé à fes interefts le bien des Mahometans. Il fçavoit les victoires de Genghizcan & connoiffoit fes forces. Il réfolut de faire alliance avec ce Prince & de l'exciter à déclarer la guerre à Mehemed, pendant que du côté du Midy il occuperoit, lui, ce Sultan.

Le Calife affembla fon Confeil composé des grands Officiers de l'Empire qui avoient le plus de part à fa confiance. Il leur repréfenta l'infolence avec laquelle Mehemed le traitoit, & ce qu'il avoit à craindre de la puiffance de ce Sultan, qui étoit capable de foumettre tout l'Empire fi l'on n'arrêtoit le cours de fon ambition. Enfuite, il leur déclara que comme Genghizcan étoit en état de le venger de ce tyran & de le délivrer

Nifavi

An. gr.

Heg.

614.

d'un fi redoutable Ennemi, il avoit def1217. fein de traiter avec ce Prince Mogol & d'employer à cette négociation un MaL'an du hometan nommé Mahmoud Ilvage, Visir Leopard. de ce grand Can. Le Confeil du Calife fut partagé là-deffus. Les uns fuivirent

de.

les fentimens de Naffer; mais les autres Mircon- & les plus vertueux ne furent nullement d'avis qu'on eût recours à Genghizcan : Si l'on veut, difoient-ils, faire la guerre au Sultan qui eft Musulman, il faut chercher des voies qui ne faffent point de tort à la Religion. N'introduifons point contre nos loix dans le païs des Fideles des ennemis de Dieu qui pourroient caufer la ruine des Mufulmans & celle de l'Empire.

Le zele de la Religion ne put faire changer de fentiment au Calife, qui répondit qu'un Tyran Mahometan étoit pire qu'un Infidele: qu'il n'appartenoit qu'aux lâches d'abandonner le foin de leur confervation pour s'épargner la peine d'y veiller; que dés qu'on fe voïoit menacé de périr, il falloit tout tenter pour détourner ce malheur: que d'ailleurs Genghizcan ne haïffoit point la Religion Mahometane, puifqu'il fouffroit des Mahometans dans fes Etats, & que même un de fes Miniftres étoit Musulman:Outre

cela

614.

Mircom

de.

tela qu'ils n'avoient rien à craindre An. gr. du côté des Mogols, attendu qu'il fe 12174 pafferoit plufieurs années avant qu'ils pufHeg. fent entrer dans le veritable pais Maho- L'an du metan. Enfin l'avis de Naffer prévalut, Leopard& il fut arrêté qu'on envoïeroit un homme d'efprit dans le Mogoliftan. Comme on vouloit tenir ce deffein fecret & que l'envoïé devoit traverser les Etats du Sultan, on n'ofa le charger d'aucune lettre en papier ou en autre matiere qu'on pût furprendre, on propofa d'écrire fur la tête & cet expedient fut approuvé. On l'inftruifit de fa commiffion, on le fit razer & l'on marqua fur la tête en peu de mots la lettre de creance que l'on peignit en violet.Ce qu'ils appellent a Nil; en même-tems il eut ordre de partir & de faire le plus de diligence qu'il pourroit, mais fur-tout de ne féjourner dans aucun lieu de fa route avant qu'il fût arrivé à la Cour de Genghizcan.

Mircon

L'Envoyé eut le bon-heur de fe rendre auprés du Vifir Mahmoud Ilvage avec d ceux qui l'accompagnoient, & il affura ce Miniftre de l'eftime & de l'affection de fon Maître. Mahmoud le reçut fort bien, & avertit le grand Can de fon arrivée. Ce Prince vouloit qu'on le reçût A C'eft du bleu d'Inde.

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