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1217.

L'an du

An. gr. publiquement avec les ceremonies ordinaires, mais l'Envoyé pria qu'on le difHeg. pensât de paroître en public, à cause du 614 fecret que demandoit la négociation dont Leopard, il étoit chargé. On lui donna une Audiance particuliere dans laquelle il expofa au grand Can le fujet de fa miffion. Comme il ne préfentoit point de lettre de créance, & que Genghizcan fembloit fe défier de lui, il dit que fi on lui coupoit les cheveux qui étoient crus depuis fon départ de Bagdad, on verroit qu'il n'avoit rien avancé qui ne fût veritable. On coupa fes cheveux, on apperçut l'écriture & l'on vit que le Calife promettoit de faire la guerre au Roy de Carizme, fi Genghizcan vouloit l'attaquer de fon côté dans les païs qui confinoient aux fiens.

L'Empereur Mogol à qui la puiffance du Sultan ne laiffoit pas de faire ombrage, ne rejetta pas la propofition du Calife, neanmoins foit que le deffein de regler fes affaires le retînt, foit que la douceur du repos dont il joüiffoit aprés les fatigues de fes guerres paffées, le Aatât, ou que la honte de rompre fi-tôt la paix qu'il venoit de faire avec le Sultan, l'empêchât de faifir l'occafion d'abaiffer l'orgueil de Mehemed, il ne vou→

L'An du

fut point donner de réponse pofitive à An. gr. l'Envoyé. Il lui dit qu'il étoit fenfible- 1 217ment touché des mauvais traitemens que Heg. le Calife recevoit; mais que le traité 614 qu'il venoit de conclure avec le Roy de Leopard. Ĉarizme ne lui permettoit pas alors de lui faire la guerre; que cependant fon maître n'avoit qu'à prendre patience, que l'efprit inquiet du Sultan ne laifferoit long-tems les chofes dans l'état où elles étoient, & qu'enfin il pouvoit affurer le Calife qu'à la premiere occafion qu'il auroit de se plaindre de Mehemed, il ne manqueroit pas de lui déclarer la guerre. L'Envoyé s'en retourna à Bagdad avec cette réponse.

pas

Les Hiftoriens Mahometans ont fort blâmé cette négotiation du Calife Naffer, parce que la fuite en a été malheureuse; & quoiqu'il ne paroiffe pas que ce Prince ait donné du fecours à Genghizcan, il fuffit qu'il l'ait excité à faire la guerre à Mehemed pour s'attirer les reproches de tous les Mahometans.

Mircon

a Un Auteur Perfan aprés avoir fort condamné cette démarche du Calife, la de. compare aux trois devots dont on rapporte une Fable qui a beaucoup de cours dans les païs du levant, & en effet l'ap

a Fable curieufe de trois devots.

!

614.

An. gr. plication en eft affés jufte. Un jour, dit1217 il, trois Devots voyageoient ensemble. Heg. Ils apperceurent dans la campagne des L'an du os déja cariez. Ils s'arrêtent pour les conLeopard. fiderer. Ils difputent & tous trois ne pouvant convenir de quelle efpece d'animal étoient ces os, ils prennent la réfolution de prier Dieu que l'animal reffufcite & de faire leurs prieres l'un aprés l'autre. Le premier n'eut pas fini fa priere, qu'il s'éleva un vent qui approcha les os & les affembla. Le Ciel exauça auffi les vœux du fecond: les os fe couvrirent de veines, de nerfs & de chair. Et la priere du troifiéme acheva le miracle. L'efprit animal entra dans la machine qui commença de fe mouvoir. En même tems on vit un Lyon fort & terrible qui fe leva fur fes pieds & vint dévorer les trois devots qui avoient tant fait de prieres pour lui.

Fadlallab dans

CHAPITRE III.

Des cing grandes Reines, femmes de Genghizcan & de fes quatre principaux Fils.

C

EPENDANT Genghizcan fit venir à fa Cour les Chefs des Na

Taric tions. Il recompenfa tous ceux qui l'a

Gazari,

1217.

voient fervi dans les guerres paffées, ca- An. gr. reffa ceux qui n'y avoient point eu de part, Heg. tâcha de gagner par des bienfaits l'efprit 614. des broüillons qu'il avoit à craindre, & L'an du enfin il traita les peuples Mogols, Tarta- Leopard. res, Turcs & Chinois d'une maniere fi adroite, qu'il n'étoit pas moins aimé des Peuples qu'il avoit vaincus, que de fes Sujets naturels.

Il fit auffi plufieurs Reglemens pour fa Maison, & particulierement pour les Princeffes fes femmes qui étoient en trésgrand nombre. Un Hiftorien en marque Fadlajufqu'à prés de cinq cens, fans parler de lab. fes concubines; & il dit que parmi toutes ces Dames il y en a cinq qui ont eu plus de part que les autres à fon eftime, & qui par confequent avoient beaucoup plus de pouvoir fur lui. Guzifuren fille du Can Mircondes Naïmans fa premiere femme; Purta de. Cougine fille du Can de Congorat ; a O- Marraboulgine fille d'Ounghcan Roy des Ke- kefchy. raïtes, quelques-uns la nomment autrement; b Cubcoucatun fille du Roy de la Chine, & Coulancatun fille de Daïra

a Abulfarage appelle cette troifiéme Dame Oviloulougine:

b Aboulcair s'eft trompé lors qu'il a dit que Purtacougine étoit fille d'Ounhgcan Roy des Keraïtes.

An. gr.

1217.

Heg.

614. L'an du

sair.

Marra

kefchy.

fon, Can Mogol de la nation de Mercat Cette derniere étoit d'une beauté finguliere.

Il eut un prodigieux nombre d'enfans; Leopard. mais il mit entre fes fils une grande diffeAboul- rence. Il n'y en eut que quatre qui commanderent fouverainement dans fes guerres & dans les Etats. Ces quatre Princes eurent tous les grands Emplois, & il eft fi peu parlé de fes autres fils, qu'il femble n'avoir eu que ceux-là. Quelques Auteurs en donnent une raifon. Ils disent que les Mogols, particulierement les Princes,n'eftimoient leurs enfans qu'à proportion de la nobleffe de leurs meres; mais la conduite de Genghizcan ne favorife pas cette opinion, puisque Purtacougine qui étoit la mere des quatre Princes qui furent fi diftingués des autres, n'étoit que la fille du Chef ou Can de la nation de Congorat ; & qu'il avoit des enfans fortis de filles de Rois, qui vivoient dans sa Cour comme de fimples particuliers. Ce n'eft pas qu'ils ayent abfolument demeuré fans autorité. Ils ont tous été Princes ou Cans comme leurs autres freres ; mais leur fortune a été bornée à de petites Souverainetés. Ils furent pour la plûpart établis dans le Mogoliftan, où l'Empereur leur pere pere leur donna pour appanages plu

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