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An. gr.

1218.

Heg.

le nombre de foldats qu'il vouloit tirer de fon Empire, il écrivit aux Princes étrangers, tant à ceux qui étoient de fes amis, L'an du qu'à ceux qui lui payoient tribut. Il leur Lievre. manda le fujet qu'il avoit de fe plaindre

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Mirconde

du Sultan de Carizme & la refolution où il étoit de fe,venger par la voye des armes du mépris que ce Prince avoit fait de fon amitié. Il les invitoit à partager les lauriers qu'il fe promettoit de cüeillir, & à le venir trouver inceffamment avec les troupes de leurs Nations.

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Pendant ce tems-là, pour prévenir les troubles qui pourroient s'élever dans l'Er pire pendant son absence, il établit pamout de fages Gouverneurs & principalement dans la Chine & dans le Mogoliftan.Il ordonna auffi qu'on fift de nouvelles levées tant pour lui en envoyer durant fon expedition,que pour tenir en refpect les Sujets conquis qui pourroient avoir quelque envie de remuer ; & enfin il tira de la Chine, du Caracatay & du Mogoliftan tous ceux qu'il crut capables de broüiller, foit par leur credit, foit par leur courage,& ainfi fous prétexte de leur faire honneur en leur donnant de l'employ, il purgea fes Provinces de tous les efprits feditieux. Il fit encore quelques Loix qu'il crut neceffaires pour le reglement des

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gens de guerre : Il deffendit fous peine de An. gr. la vie aux Mogols de prendre la fuite fans 2 18. avoir combattu, quelque danger qu'il y Heg. eût à vouloir réfifter. Comme toute l'or- L'an du donnance de fon Armée rouloit fur le Lievre, nombre de dix, il établit une Loy qui portoit que fi de dixCommandans qui feroient ensemble un feul corps de leurs troupes, quelques-uns venoient à fe debander & à fuir fans la participation du refte du corps, on les feroit mourir fans remiffion. Il condamna auffi à mort ceux d'une dixaine qui voyant leurs compagnons engagez au combat n'iroient point à leurs fecours, ou qui fe trouvant à la prife de quelques-uns de leurs camarades ne tâcheroient pas de les délivrer. Il ordonna le nombre & l'efpece d'armes que chaque foldat devoit avoir. Les principales étoient le fabre,l'arc, le carquois garni de fes fléches & la hache d'armes avec quelques cordages. Les Officiers devoient avoir des cafques & des cuiraffes de cuir ou de fer, ou même une armure entiere & l'on ne deffendoit pas d'en porter aux foldats qui pouvoient en acheter. Ceux qui étoient riches étoient obligés d'armer leurs chevaux de maniere que les fléches des ennemis ne les puffent bleffer. Il fut encore ordonné que les gens de guerre, foit aux fieges, foit aux autres

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An. gr. entreprises, ne feroient rien que fuivant 12 18. la teneur des Loix, & s'il arrivoit qu'ils aHeg. giffent autrement, qu'on les puniroit avec 615. L'an du beaucoup de feverité.

Lievre.

A tous ces Reglemens l'Empereur en Mircon- ajoûta encore un autre : Il commanda que de. s'il mouroit dans la guerre qu'il alloit commencer, on apportât lés Volumes où les Loix étoient écrites, qu'on les lût en préfence de fes enfans & au milieu de l'Affemblée, lors qu'on éliroit un Grand Can; afin que l'élection fe fift fuivant les Loix, & que le nouveau Can reglât fa conduite fur celles qui le regardoient.

Quand tous les préparatifs de guerre furent achevés, Genghizcan fe rendit avec les Princes fes enfans & le reste de sa Cour au lieu qu'il avoit affigné à ses Generaux. Il trouva fon Armée affemblée. Il ne l'avoit jamais vû fi belle, & un Hiftorien pour en marquer la force & le nombre, fait parler les Efpions que le Roy de Carizme envoya pour l'obferver. Ce font tous, difoient-ils au Sultan, des hommes faits, vigoureux & femblables à des Luicteurs. Ils ne refpirent que le fang, & ils témoignent une impatience de combattre que les Generaux ne fçauroient moderer; cependant quelque ardeur qu'ils faffent paroître, ils fe foûtiennent dans

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une exacte obéillance, & font entiere- An. gr. ment dévoués à leur Prince. D'ailleurs 12 1 8. ils font fi fobres, qu'ils s'accommodent Heg. de toute forte d'alimens, & le choix des L'an du animaux ne les embartaffant point com- Lievre. me les Musulmans, ils fubfiftent fans peine. Non feulement ils mangent de la chair de Pourceau, ils fe nourriffent même de Loups, d'Ours & de Chiens, quand ils n'ont pas d'autres viandes; ils ne font aucune diftinction de celles qui font permises & de celles qui font défenduës, & la neceffité de vivre leur ôte la répuguance que les Mahometans ont pour plufieurs fortes d'animaux. A l'égard du nombre, les troupes de Genghizcan reffemblent à des fauterelles. On ne les peut

compter

Effectivement ce Prince fit la revûë de Aboulfon Armée, & la trouva compofée de sept cair p. 11. cent mille hommes. Cela n'est pas furprenant, quand on fe repréfente toute l'étendue des Païs foûmis à Genghizcan, & qu'on fait réflexion qu'outre les troupes, il avoit celles de tous fes amis, de fes tributaires, & celles même des Ennemis du Sultan qui s'étoient joints avec joye à cet Empereur. Son Armée pou- mir dans voit donc être auffi nombreufe qu'on le Habibafdit. Et ce n'eft pas une chofe fans exem-fuyar.

R

Con le

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L'an du
Lievre.

An. gr. ple dans l'Afie, qu'un Prince ait eu une armée auffi puiffante: Celle de Darius n'étoit-elle pas de fept cens cinquante mille hommes lors qu'il fit la guerre à Alexandre ? Quoi qu'il en foit, le Grand Can fe mit en marche avec fon armée, & s'avança vers le Sultan Mehemed l'an de grace 1218. Mais comme c'est du tems de cette expédition que l'on compte la grande irruption des Mogols & des Tartares dans les Païs méridionaux de l'Afie, il eft bon de remarquer en quel état étoit alors cette partie du Monde.

Etat de

Les Indes étoient gouvernées par l'Afie au divers Souverains, dont le plus puiffant tems de étoit le Roy des Patans. La Chine Méril'irruptio dionale qu'on appelloit Mangi, avoit son gols Roy particulier, & la Septentrionale, Tartares c'est-à-dire le Catay,étoit fous la puiffan

des Mo

ce des Mogols, de même que la Tartarie Orientale & Septentrionale, avec une grande partie de l'Occidentale & du Turqueftan. Le Sultan Mehemed poffedoit auffi plufieurs endroits du Turqueftan & toute la Tranfoxiane. Outre cela il étoit maître de la meilleure partie de l'Empire de Perfe, appellé par les Perfans Iran; car toute la Coraffane, toutes les frontieres des Indes, le païs des Medes qu'on appelle Azerbijane & l'Hircanie de Perfe,

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