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1170.

Heg. 566.

que

An. gr. fecouru ce Prince contre fes ennemis. Vers ce tems-là Temugin eut un fonge qui lui préfagea fa future grandeur. Il rêva fes bras étoient devenus extraordinairement longs, qu'il avoit une épée dans Marra- chacune de fes mains, & que la pointe kefchy. de celle qui étoit dans fa droite, étoit tournée vers l'Orient, & la pointe de l'autre vers l'Occident. Il communiqua ce fonge à la Princeffe fa mere, qui l'ex-pliqua d'une maniere conforme aux idées. d'ainbition dont elle étoit occupée. Elle, lui dit que ces deux épées lui promettoient l'Empire de ces deux parties du Monde.

Flaté de ces grandes efperances qui le confirmerent dans le deffein de fe refugier chez le Grand Can, il envoya pour cet effet un Nevian à Caracorom, & il n'implora pas vainement l'appui d'Oungh-. can. Le Roy lui accorda un afile, & lui manda par le Nevian qu'il pouvoit compter fur un homme penetré des obligations qu'il avoit à Pifouca. Temugin affuré de la protection du Grand Can, ne fut plus occupé que de fa retraite. Il laiffa la direction des affaires du païs à fon oncle Utagékin. Il matia la Princeffe Oulón Ауké fa mere avec l'Emir Buzruc, qu'il fit affoir à fa droite, & audeffus de

tous

tous les autres Nevians. Il partit ensuite An. gr. avec Carafchar, › pour se rendre à la Cour 1170. du Roy des Keraïtes.

Heg.

Conde

Albucayr

a Carafchar prit toutes les précautions 566. poffibles pour la fureté du Prince qu'il mir. avoit l'honneur d'accompagner. Il choifit fix mille hommes de guerre pour l'efcorter, b & il engagea fes plus fideles serviteurs à le suivre, leur faifant efperer que le Grand Can ne manqueroit pas de prêter du fecours à Temugin, & de les rétablir dans leurs biens à la confufion de leurs ennemis. Enfin le fils de Pifouca fe mit en marche à la tête de tous ceux qui voulurent s'affocier à fa fortune; ce qui ne laiffoit pas de compofer une armée peu confiderable à la verité par le nombre; mais refpectable par fon courage & par la fidelité qu'elle avoit pour fon Prince.

▲ De concert avec Caraschar il se refugia vers Ounghcan.

b Pifouca étant mort › ce jeune Prince alla trouver Ounghcan qui étoit Roy de Caracatay.

C

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CHAPITRE II.

و

D'Ounghcan Roy des Keraites autrement le Prêtre Jean d'Afie. De l'arrivée de Temugin à Caracorom, & de la Confpiration qui fut formée contre lui.

A qui fut faite à Terugin par Oungh

VANT que de parler de la réception

can, il me femble qu'il eft à propos de rapporter ce que les Hiftoriens ont dit de ce Roy; puifque non feulement c'eft un Prince de glorieufe memoire, mais encore parce qu'il a beaucoup de part à cette hif toire.

,

Ses Prédeceffeurs ont été de puiffans Seigneurs dans les Païs Septentrionaux de l'Afie, c'est à dire dans le Mogolistan dans le Gelaïr, dans le Turqueftan, & dans quelques autres païs de Caracatay ; Quelques-uns mêmes de fes Ancêtres ont pris la qualité de Padischa, a mais leur puiflance diminua dans la fuite. Sa famille, qui étoit une des plus illuftres des païs de Gelaïr dans le Caracatay, compofoit fept grandes branches de Mogols Dirlighin, parmi lesquelles étoit celle a Qui fignific Empereur.

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566.

des peuples Keraïtes, qui firent de cruel- An. gr.
les guerres à leurs voifins. L'ayeul d'- 1170.
Ounghcan, dont la Tribu réfidoit à Ca- Heg.
racorom, fut un des plus confiderables
& des plus vaillans Princes des Keraïtes;
mais en même tems le plus malheureux.
Plufieurs Cans de Caracatay fe liguerent
contre lui, le vainquirent deux fois, & Fadlal-
l'un d'entre-eux nommé Naour, fon pa- lah. p. 38.
rent & fon plus proche voifin l'ayant atti-
ré dans une embuscade auprés d'un bois,
l'arrêta, & l'envoya fur le champ sous
bonne garde au Roy de Courgé a dans la
Chine; où il acheva fon deftin d'une ma-
niere bien étrange; car le Roy de Courgé
l'ayant fait lier & coudre dans un fac, le
laiffa cruellement expirer fur un afne de
bois.

b La veuve de Mergous,c'étoit le nom de
ce malheureux Prince, inconfolable de fa
perte & vivement irritée de l'indigne trai-
tement fait à fon mari, prit la réfolution
de le venger à quelque prix que ce fût;
voici de quelle maniere elle en vint à bout.
Quoique Naour fût la principale caufe de
fa douleur, & l'objet de fa vengeance, elle
feignit de n'avoir du reffentiment que con-
tre le Roy de Courgé, & fit dire à Naour

a L'on prétend que Corgé eft la Corée.
Elle fe nommoit Coutouky.

An. gr.

1170. Heg. 566.

pas

aprés quinze mois de veuvage qu'étant ré- . foluë de quitter le deuil, elle fouhaitoit avec paffion de faire débauche avec lui; Que s'il avoit même encore quelque reste de cet amour qu'il avoit eu pour elle avant que Mergous l'eut épousée, elle ne refuferoit d'être fa femme ; & enfin que s'il acceptoit la propofition qu'elle lui faifoit de fe réjouir avec lui, elle iroit le trouver, accompagnée feulement de quelques-uns de fes domeftiques, & qu'elle auroit foin de faire porter plufieurs Outres remplis d'un excellent Cammez a. Naour donna dans le piége, fit dire à la Princeffe que rien ne lui pouvoit être plus agreable que cette partie de plaifir. La Dame auffi-tôt fe prépare à partir, & après avoir envoyé devant, cent moutons & dix cavales, elle fe met en chemin au milieu des chariots chargez de grands Outres de peaux de bœuf.Etant arrivée auprés des tentes de Naour, elle ordonna qu'on livrât les moutons aux Cuifiniers, & fit placer les chariots où étoient les Outres à deux pas de la tente fous laquelle fe devoit faire la débauche. Le Can alla recevoir la Princeffe avec tou

a Quelques-uns l'appellent Cofmos. C'est une boiffon composée de lait de cavale, accommodée d'une maniere particuliere.

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