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ordres d'un brave Gouverneur, qui réfo- An. gr. lu de tenir jufqu'à la derniere extrêmi- 122 0. té, vouloit fauver fa réputation qui lui Heg. étoit plus chere que les biens, fa vie & L'andu fa liberté.

617.

Serpent

Les Hiftoriens Orientaux ne font au- Abulfcune mention de la maniere dont l'Empe- rage p. reur Mogol fit fon entrée dans Bocara; 443. ils difent feulement qu'il étoit accompagné du Prince Tulican fon fils, & que s'étant arrêté devant une Mosquée pour la confiderer, il demanda fi c'étoit le Palais du Sultan de Carizme. On lui répondit que c'étoit la maifon de Dieu. Il mit pied à terre en même tems, & cette Fadlalaction fit croire aux Bocariens que le Ciel lah pag. la lui inspiroit ; mais ils ne furent pas long- 394. tems dans cette erreur, car dés qu'il fut entré, il monta dans une tribune, & fans se mettre en peine de témoigner quelque refpect pour le lieu où il étoit, il fit un difcours qu'il adreffa aux plus confiderables perfonnes de la Ville. Il leur déclara qu'il n'étoit monté dans la tribune, que pour leur dire qu'ils trouvaffent au plûtôt les moyens de faire fubfifter fon Ar

mée ; que la campagne étant dépouillée Mirconde toutes chofes, les troupes fouffroient; dep. 255. qu'ils fe hâtaffent d'ouvrir leurs magazins. Il defcendit en même tems & fortit de la Mosquée.

Zij

An. gr.

12 20. Heg. 617. L'an du Serpent.

Profa

nation

de l'Alco

ran par

les Mogols.

Alors tous les gens de Bocara s'emprefferent d'executer fes ordres. Ils coururent à leurs magazins; mais ils les trouverent déja ouverts, car les Mogols ne s'étoient pas plûtôt vûs dans la Ville, qu'ils avoient commencé par fe rendre maîtres de toutes les provifions. Il entra dans la Place une fi grande quantité de Cavalerie, qu'on eût de la peine à loger tous les chevaux ; &, les écuries étant toutes occupées, on fut obligé d'en mettre une partie dans les lieux qui n'étoient nullement deftinez à cet ufage.

Un Hiftorien déplore fur cela le fort des Sçavans de Bocara. Aprés avoir peint prétendue la baffeffe des fervices que les Ennemis les obligerent à leur rendre; Les Mogols, dit-il, fe firent des écuries des bibliotheques. Ils renverferent les Livres, & par une profanation fans exemple, les Feuilles du glorieux Alcoran fervirent de littiere aux chevaux, & furent foulez aux pieds. Les Doctes qui avoient de la pieté fe confolerent de ces defordres, parce qu'ils les rapporterent à la Providence, & un d'entre-eux répondit à un Docteur peu réfigné qui lui en parloit, qu'il faloit fouffrir ces maux fans murmurer; puifque c'étoit le vent de la colere de Dieu qui fouffloit fur eux. Tous les autres fure it inconfola

bles, & quoi que la croyance de la pré- An. gr. deftination confole ordinairement les Ma- 1 2 2 0. hometans dans leurs malheurs, néan- Heg. moins elle ne fut pas capable alors de moderer leur reffentiment.

617.

L'an dú

Serpent,

Lorfque Genghizcan eût pourvû à la fubfiftance de fes troupes, il fe retira fous fes tentes, où il fe repofa quelques jours pour donner le tems à fes Soldats de fe rafraîchir. Ce Prince aimoit à parler en public, parce que dés le commencement de fon élevation, il avoit utilement éprou vé le pouvoir de fon éloquence. Il fit asfembler les perfonnes de Bocara les plus confiderables. Les gens de Loy & de MirconReligion, les Vieillards & les principaux de p.256. Mahometans accoururent pour entendre fes volontés. Ils fe rangerent autour d'une efpece de tribune qu'on avoit élevée dans la campagne, où le Grand Can monta : Il commença fon difcours par les louanges de Dieu, & par un détail des graces qu'il en avoit reçûës. Il repréfenta en-395. fuite à fes Auditeurs combien ce grand Dieu étoit en colere contre eux, à cause des crimes de leur Sultan, qu'il accufa de perfidie & de mauvaise foy. Mais l'ac- Abulfation, ajoûta-t'il, la plus déteftable & celle rage pag. qui étonnera le plus la pofterité, c'est le 443. meurtre commis à Otrar par fon ordre dans

Fadlallab pas.

An. gr

617

la perfonne de mes Ambassadeurs & des 1220. Marchands Mogols. Otrar a déja fenti Heg. ma vengeance & le perfide Gayercan, trop L'an du fidele executeur des Commandemens injuftès Serpent.& barbares du Roy de Carizme perdra bien-tôt la vie dans les fers où je le retiens. Enfin, il finit en difant que Dieu l'avoit choifi pour punir Mehemed de toutes ses injuftices, & en même tems pour purger la terre de tous les autres Tyrans. Quand il avoit achevé une periode, il s'arrêtoit pour donner le tems aux Interpretes de l'expliquer, & de la faire entendre aux Carizmiens.

443.

Abulfa- Aprés qu'il les eut long-tems entreterage pag nus des crimes de leur Roy, du peu d'obligation qu'ils lui avoient d'avoir attiré la guerre chez eux, de l'intime communication qu'il se vantoit d'avoir avec Dieu, & du droit qu'il en avoit reçu fur tous les Etats de la terre, il vint au point pour lequel vrai femblablement il les avoit fait affembler. Il témoigna la fatisfaction qu'il avoit des habitans de Bocara, de ce que fans violence ils avoient fourni à fon armée les chofes dont elle avoit befoin; mais il ajouta que cette action n'étoit qu'un leger effay de leur foumiffion, & que c'étoit uniquement pour les éprouver qu'il leur avoit or

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que

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donné de fournir à fes troupes dequoy Angr. fubfifter, puisque fes foldats pouvoient Heg, aifément prendre ce qu'il demandoit. 617. Préfentement dit-il, j'exige de vous L'an du une plus grande preuve de votre obéiffan- Serpent. ce. Je veux que vous me d'écouvriés toutes Mirconles richeffes que vous avés cachées, dep. 256. vous les remettiés tout-à-l'heure entre les mains de mes Officiers. Ce n'est pas tout encore. Je prétens que vous ne donniés aucune retraite aux gens du Sultan, ở la maniere dont vous éxécuterés ce dernier ordre, me fera un témoignage affuré de vôtre bonne ou mauvaise volonté à mon égard. Aprés ce discours, il les congédia & ils fe mirent en état d'obéir, quoy qu'en fecret, ils déploraffent leur fort.

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Le grand Can nomma plufieurs Officiers pour recevoir ces richeffes; mais il leur commanda d'éxécuter fes ordres fans violence & de n'éxiger des habitans que ce qu'ils pourroient facilement fournir. Comme l'on faifoit dans cette Ville un grand commerce, l'or, l'argent & les pierreries y étoient en abondance. Sans parler des riches étoffes que le luxe y avoit rendu fort cominunes. Une partie de tous ces biens fut portée dans le Tréfor Royal, les Officiers eurent le refte & les Soldats s'enrichirent.

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