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ne fe contentoient pas de s'employer à fe- An. gr. courir ceux qui étoient en faction. Elles 22 0, montoient à cheval, & fe mêloient Heg. parmi 617. les troupes qui faifoient des forties. On L'an du ne doit pas toutefois s'en étonner, puifque Serpent. les femmes du Turqueftan & des autres Païs voifins tirent de l'arc auffi adroitement que les hommes, montent à cheval auffi-bien & n'y font pas moins long tems qu'eux. Quoi qu'elles s'appliquent à la guerre, & que par conféquent elles foient obligées d'être avec toutes fortes d'hommes, elles ne laiffent pas d'être trés-chaftes, & il eft rare d'en trouver une qui manque à la fidelité qu'elle doit à fon mari. Cet exercice ne les empêche pas même de remplir les devoirs du mé

nage.

Les affiegez & les affiegeans continue- Mircon rent fort long-tems à combatre avec une de p. 2691 égale vigueur. Ils prodiguerent les féches & les trais, & on ne fçauroit dire combien il fut tué de gens de l'un & de l'autre côté. Enfin les attaques furent fi fréquentes & fi opiniâtres, que les pierres manquerent aux Mogols, qui bien-tôt n'ayant plus dequoi nuire à leurs ennemis, fe virent obligés de battre la Ville avec de gros troncs de muriers dont le Pais abonde. Ils les faifoient cier pour

L'an du

An. gr. les mettre dans leurs machines. Ce qui 12 10. n'avançoit pas fort leurs affaires. Auffi les Heg. affiegez ne parloient-ils pas de fe rendre; 617. car outre leur vigoureufe réfiftance, les Serpent foffés de leur Ville étoient trés-larges & trés-profonds, & la riviere les rempliffoit de fes eaux. Les Princes croyans que cette Place feroit auffi facile à prendre que les autres, avoient voulu ménager le tems & s'épargner la peine de les combler ;mais quand ils virent que c'étoit une neceffité, ils détacherent plufieurs compagnies de Soldats pour y travailler. Comme l'abondance des eaux dont l'Oxus remplit les foffez, rendoit leur travail inutile, il fut réfolu qu'on détourneroit le cours de ce Fleuve par un canal qui conduifant les eaux ailleurs, laifferoit la facilité de deffecher les foffez, & enfuite de les combler.

dez

Trois mille hommes furent comman

pour faire le canal, & il étoit déja fort avancé, lors qu'un jour les affiegezfortirent & fe coulerent fi adroitement le long du fleuve à la faveur des roseaux & des arbres qui y étoient, qu'ils furprirent les travailleurs. Ils en firent un grand carnage, & fe retirerent dans la Ville avant l'arrivée des Mogols, qui accouru rent de tous côtez au bruit de ce defordre,

Heg.

617.

& qui n'eurent que le déplaifir de voir A. g. leurs compagnons morts ou bleffez dans 1 2 2 0. le canal. On n'abandonna point pour cela l'entreprise. On envoya d'autres travail- L'an du leurs à l'heure même, & pour fe précau- Serpent. tionner contre un femblable malheur, on les fit foûtenir par tant de troupes, que les affiegez n'oferent plus entreprendre d'interrompre cet ouvrage. Dés qu'il fut achevé, on feigna la Riviere qui y prit fon cours; fi bien que les foffez ne recevant plus de nouvelle eau, on trouva bien-tôt moyen de les deffecher, & de les combler de terre, de paille & de

fafcines.

On juge bien que les Carizmiens ne Mirconlaifferent pas combler leurs foffez fans tâ- dep. 3691 cher d'incommoder les travailleurs, mais les continuelles attaques qu'on faifoit pour les occuper, avoient befoin de toute leur attention. De forte que tout fucceda comme on fe l'étoit propofé. Le foffé fut comblé, malgré toutes les forties que l'occupation qu'on donnoit ailleurs aux affiegez leur permettoit de faire. Alors les Princes firent redoubler les batteries. On fit des bréches confiderables, & l'affaut fut donné avec tant de vigueur, qu'on planta l'Etendart Mogol fur la muralle. Si cette action fit pouffer des cris Dd iiij

An. gr.

1220.

Heg.

617.

L'an du

de joye aux affiegeans, elle mit les autres en fureur. La vûë des Enfeignes ennemies arborées fur leurs murailles, donna aux affiegez une nouvelle ardeur. Ils couSerpent. rurent en foule au lieu où les Mogols les avoient plantées, & firent de fi grands efforts, qu'ils les arracherent. Ils réparerent même les bréches, & les habitans. n'eurent pas moins de part aux périls que la garnison.

Fadla

Des deux côtez on ne fit que combattre pendant plufieurs jours du matin jufqu'au foir, & prefque toujours les attaques finifloient à l'avantage des affiegez. Cela diminua la vivacité des Princes, & parce que les mauvais fuccés produisent ordinairement la méfintelligence lors qu'il ya plufieurs Chefs qui ont une égale autorité, la difcorde fe mit entre les freres, c'est-à-dire, entre Toufchi & Zagataï, car Octaï n'éclata pas. Ils fe plaignirent tous deux hautement l'un de l'autre, & fe reprocherent mutuellement qu'ils s'étoient épargnez en plufieurs occafions, & que cela étoit caufe de la durée du fiege.

Pendant cette divifion on n'agit que lah. pag. foiblement, fi bien qu'on n'étoit pas fort avancé, quoi qu'on eût déja paffé plus de fix mois devant cette Place. Genghizcan

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apprit la diffention qui regnoit entre fes u. Agr. enfans. Il en eut beaucoup de chagrin, & 12 2 1. Heg. aprés avoir mûrement pensé à ce qu'il de- 613. voit faire, il réfolut d'ôter le Commande- L'an du ment de l'Armée aux deux Princes qui Cheval. ] avoient le plus de tort, & de donner tout le pouvoir à Octaï qui s'étoit montré le plus fage. C'eft pourquoi il leur écrivit. Il envoya à Octaï en forme de Lettres Patentes un Ferman Hacani, c'est-à-dire un Ordre Imperial, par lequel il lui donnoit une autorité abfoluë fur toutes les troupes qui étoient en Carizme, & en même tems il lui ordonnoit de continuer le fiege. Les Lettres qu'il écrivit aux deux autres Princes, contenoient un Commandement précis de remettre toutes les troupes à leur frere & de lui obéir. Il manda aufli aux Officiers Generaux de faire tout ce que leur commanderoit Octaï fon fils, & dans chaque Lettre il témoignoit le déplaifir qu'il avoit de tout ce qui s'étoit paffé devant Carizme.

Auffi-tôt que Touschi & Zagatai eu- Mirconde rent reçû les ordres de l'Empereur, ils abandonnerent le Commandement de l'armée à Octaï, & même perdirent tout le reffentiment qu'ils pouvoient avoir l'un contre l'autre. Octai s'étant enfuite

fait reconnoître aux troupes pour feul Ge

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