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An. gr.

1221.

Heg. 618.

L'an du

neral, il tint un grand Confeil de guerre, où il déclara les volontés du Grand Can, & l'on convint de tout ce qu'il falloit faire pour emporter la Place. Chacun se mit Cheval. en devoir de remplir fon emploi, & l'on ne vit dans tous les Guerriers que des mouvemens de zéle pour l'Empereur & de colere contre les Ennemis.

Nifavi.

On recommança donc à battre la Ville avec les beliers & les autres machines, & comme fi les Mogols fuffent devenus de nouveaux hommes, ils firent paroître un courage & une audace extraordinaire. Toutes les forties ne furent plus que funeftes aux Carizmiens: on ne tarda pas faire bréche à la muraille & à monter à l'affaut. La réfiftance des affiegez ne fe démentit point. Ils tuerent d'abord ou mirent hors de combat tous ceux qui fe préfenterent à la bréche. Ce qui ne fervit qu'à enflammer les affiegeans, qui pour venger la mort de leurs compagnons, firent des efforts fi extraordinaires, que les murailles furent par tout ébranlées. Les bréches qui s'y firent donnerent lieu à un fi grand nombre de Mogols d'entrer dans la Place, que les Carizmiens furent contraints de ceder à leurs Ennemis, & de fouffrir qu'ils arboraffent fur les tours de la Ville leurs enfeignes victorieuses. Loin

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de les pouvoir arracher, ils se trouverent An. gr. obligez de fe retirer avec précipitation dans les lieux qu'ils avoient fortifiez dans Heg. la Ville, & qui veritablement parurent L'an du aux Mogols de nouvelles places à réduire. Cheval. Il falut les attaquer dans les formes, & les premieres attaques furent trés-meurtrieres. Cependant malgré une fi belle défense, la citadelle que l'on batit par dehors fut prife avec plufieurs lieux fortifiez; alors le Prince Octaï pour épargner le fang de fes foldats, fit fommer le Gouverneur d'abandonner le refte de ses poftes & de fe rendre; mais comme on ne parloit point de laiffer la liberté aux affiegez, le Gouverneur rejetta toutes fortes: de propofitions.

Fadlal

·lab pag.

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Les Mogols irritez de l'opiniâtreté des Mirtonde Carizmiens qui refufoient de fe rendre, bien que leurs murailles, leur fort & la plûpart même de leurs lieux retranchez fuffent ruinez, fe réfolurent à tout brûler. Ils jetterent des feux gregeois par toute la Ville; les maifons s'enflammerent de tous côtez, & l'on ne fçauroit dire combien de gens, & de richeffes périrent dans les flammes. Les affiegeans fe repentirent d'avoir mis le feu aux maifons, & pour n'avoir pas le déplaifir de s'être fans fruit rendus maître d'une Ville fi remplie

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An. gr. de biens, ils cefferent de jetter des feux & ne s'attacherent plus qu'à emporter les quartiers de la Ville en combattant pied à L'an du pied. Les attaques continuerent jour & Cheval. nuit, la fatigue fut extrême de part & d'autre. Les affiegez étoient retranchés de maniere, qu'un quartier fecouroit l'au tre; quand l'un étoit forcé aprés une longue réfiftance, ils trouvoient dans les autres un afile affuré. Ils fe donnoient tousla main avec tant de réfolution, que leurs Ennemis en étoient étonnés. Le brave Himartequin dont la valeur & la prudence avoient fans doute beaucoup contribué à la longueur du fiege, périt en défendant un pofte qui alloit être forcé. Une Aléche ôta la vie à ce grand homme & l'enleva à fes Compatriotes. Veritablement sa mort diminua leur courage; mais il leur en refta encore affés pour ne point s'ab. baiffer à demander grace à leurs Ennemis. Ils fe défendirent jufqu'à l'extrêmité, & lors qu'ils s'apperçûrent qu'ils alloient fuccomber, ils mirent eux-mêmes le feu aux maifons qui reftoient dans la Ville, & par-là trompant l'avarice de leurs Ennemis, ils fcurent leur rendre la victoire moins agreable.

Fadlal

En effet, les SoldatsMogols au defeflah pag. poir de fe voir fruftrés du butin qu'ils

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avoient efperé, firent main baffe fur tous An. gr. les Carizmiens qu'ils rencontrerent ; & ils 1 2 2 1.] poufferent fi loin leur fureur, qu'ils tue- Heg. rent jufqu'à cent mille perfonnes. Il y a L'an du même des Auteurs qui difent deux cens Cheval. mille. Le Prince Octaï eut beaucoup de peine à faire ceffer le carnage. Il en vint pourtant à bout. On fit alors fortir de la Ville tous les artisans & autres gens qui pouvoient être de quelque utilité; & il s'en trouva cent mille. Les jeunes femmes, les filles & les garçons furent partagés pour être efclaves. Tout le refte paffa fous le fabre; mais tous ceux qui périrent ne parurent point effrayez de la mort. Il y en eut même qui refuferent de vivre. Entre-autres un certain Chec ou Superieur de Religieux Mahometans qui étoit en odeur de fainteté. Il fe nommoit Nege- Fadlalmeddin. On dit que les trois Princes Mo- lah pag. gols, quand ils s'approcherent de Ca- 411. rizme, entendirent une voix céleste qui les avertit d'épargner ce faint Perfonnage, & de faire en forte qu'il fortît de la Ville fain & fauf. Quoi qu'il en foit, Octaï eut pour lui une confidération particuliere; il lui offrit un Paffeport pour fe retirer avec dix de fes amis où il lui plairoit; mais le Chec ne voulut point l'accepter, qu'à condition qu'on feroit grace

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An. gr. à tous les Mahometans de Carizme. Le Prince Octaï, qui fouhaitoit de le fauver, lui fit dire qu'il pouvoit choifir mille perfonnes de l'un & de l'autre fexe pour l'ac Cheval. compagner, & qu'on leur feroit grace pour l'amour de lui. Le Chec rejetta toutes les offres d'Octaï, & lui dit qu'ayant été uni pendant foixante-dix ans avec les Mufulmans de Carizme par fa religion, il n'étoit pas jufte qu'il s'en féparât à la mort. Ainfi ce venerable Vieillard eut le même fort que fes Compatriotes, & mourut avec fes amis.

Enfin la ville de Carizme fut prife & ruinée fur la fin de l'Hiver de l'an de grace 1221. Heg. 618. aprés un fiege de fept mois. a Les Mogols dans la fuite fubjuguerent aifément tout le refte de la Province. La terreur s'empara de tous les peuples. Les autres Villes qui étoient trés riches & tres-peuplées en ce tems-là, fe rendirent fans réfiftance. De forte que l'Armée Mogole fit dans ce Païs-là un * butin plus confiderable que tous ceux qu'elle avoit fafts depuis le commencement de la guerre. Les autres Places qu'elAbulfa le prit aprés la réduction de Carizme furent, Cat, Feraber, Dargane, Zamacf

rage p.

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a Mirconde n'a marqué que s. mois de fiege, & s'eft trompé.

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