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An gr. 1170. Heg. 366.

mir.

Can du Païs de Caracatay. Un grand nombre de Souverains lui payoient tribut. Abulfarage a remarqué qu'il commandoit même aux Turcs Orientaux; mais c'est que de fon tems on appelloit Turcs la plûpart des peuples de la Tartarie, encore qu'ils ne fuffent pas de Turqueftan. Conde-a Ounghcan étoit de la Nation des Keraïtes, de qui dépendoient les peuples de Gelaïr,& de Tendouc,qui poffedoient les païs les plus étendus du Caracatay.La Capitale de fes Etats étoit la ville de Caracorom,fituée à dix ou douze journées du lieu où Temugin tint fa premiere Cour, & enRubru- viron à vingt journées de la Chine. b Elle quis. devint aprés Ounghcan le féjour des Empereurs Mogols. Temugin s'y établit, & fes fucceffeurs en firent la principale Ville Abulfa de leur Empire. c L'Empereur OctayCaan,troifiéme fils de Genghizcan, la fit rebâtir aprés fon expedition de la Chine, & lui donna le nom d'Ourdoubaleg.

rage.

Cette digreffion m'a paru neceffaire

a Ouncg han qui étoit le Commandant de la nation Keraite.

b Ounghcan erat Dominus cujufdam villula que dicitur Car corom populum habens fubfequi dicebantur Krit, Merkit.

c Et il arriva à son ancienne patrie, où il bâtit une Ville qu'il appella Ourdoubaleg, & c'eft la Ville de Caracorom.

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da.

pour faire connoître quel étoit Ounghcan An. gr. à laCour duquelTemugin chercha un afi- 1 1744 le contre la perfecution de fes voifins.Re- Heg. venons à ce dernier Prince. all arriva fort $70. heureusement à Caracorom, fous la con- Abulfe duite de Carafchar Nevian, l'an de grace1174. Il pouvoit être alors dans fa vingtiéme année. b Ounghcan le reçut agreablement, & lui donna d'abord tous les témoignages imaginables d'amitié, à caufe des fervices importans que lui avoit rendus let feu Can Pifouca. Temugin répondit avec refpe& aux honnêtetez du Roy, & vit bien-tôt ce que l'on voit dans toutes les Cours,les Courtifans s'empreffer d'autant plus à lui plaire, que le Souverain faisoit plus paroître d'eftime & d'affection

lui.

pour

Quelques jours aprés fon arrivée, Carafchar demanda une audiance particu- Abulfa liere pour fon Maître, & l'obtint. c Ce rage, Gouverneur fit au Roy un long récit des injustices & des perfécutions que les Cans Mogols avoient faites à ce jeune Prince depuis la mort de Pifouca, & il finit en le priant de vouloir le fouffrir dans la Cour, a Caracorom fignifie le fable noir.

b Temugin à la Cour d'Ounghcan Roy des Ke

raïtes.

- c Il se tint au service d'Ounghcan jusqu'à ce qu'il eut atteint l'âge viril,

An. gr.

Heg. $79.

jufqu'à ce qu'il fût en âge de se venger 1174. Temugin aprés que fon Gouverneur eut parlé, affura le Roy de fon obéiffance, & lui dit qu'il fe dévoüoit à son service. Ounghcan careffa le jeune Prince, lui accorda fa protection, & lui promit non feulement de faire ceffer la perfecution des Cans contre fa tribu d'Yeca Mogol, qui lui avoit toujours été fidele, mais encore de faire rentrer dans fon devoir celle de Niron Cayat. Enfin il lui fit tous les bons traitemens qu'il devoit attendre d'un Roy qui vouloit lui tenir lieu de pere. Il ajoûta de nouveaux Officiers à ceux qu'il avoit déja, & ne fe contentant pas de lui rendre tous les honneurs poffibles, il envoya des perfonnes de fa Cour vers les Cans les plus ennemis de Temugin, pour les menacer de fon indignation, & leur déclarer la guerre, s'ils continuoient leurs hoftilitez.

Carafchar à la verité avoit beaucoup d'efprit, & ce fut fans doute par les confeils de ce fçavant Gouverneur, que le jeune Prince Mogol devint en peu de tems capable des premiers emplois. Ounghcan l'en honora. Il continua de l'appeller fon fils, & l'élevant audeffus des Princes mêmes de fon fang, il lui confia la conduite de la guerre qu'il avoit contre le Can de

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Tendouc. Temugin fit éclater fon cou- An. gr.
rage dans cette guerre, & quelques Cans 1175,
Mogols qui refuferent dans la fuite de Heg.
payer les tributs ordinaires au Roy des 571
Keraïtes, éprouverent auffi fa valeur. Il
fe conduifit dans toutes les occafions avec
tant d'habileté, qu'Ounghcan n'entrepre-
noit plus tien fans le confulter.

Tous ces heureux fuccés & la confian-
ce que le Roy avoit en ce jeune Prince
Mogol, fembloit devoir l'affurer d'une
faveur conftante; mais fa vertu lui suscita
des ennemis encore plus dangereux que
ceux qui l'avoient obligé d'abandonner
fes Etats.

La Princeffe Ouifoulougine, fille du Roy, charmée de la valeur de Temugin, prit de l'amitié pour lui, a & méprisa la Abulcais recherche de Gemouca Can de la Tribu P. 2.1.3.x de Jagerat, qui la faifoit demander avec beaucoup d'inftances. Ounghcan la donna au Pince Mogol, b & ce mariage fe fit avec autant de pompe, que fi ç'eut été p. 21. 1.5, celui du Grand Can même. Gemouca ne le vit pas tranquillement. Il aimoit la

a Gemouca étoit amoureux de Ouifoulougine, mais elle aimoit Genghizcan.

b Genghizcan époufa la Princeffe, Gemouca en fut jaloux, & le perdit dans l'efprit du Grand

Can

Abulcair

1176.

An. gr. Princeffe; on la lui avoit refufée. Son. amour & fon honneur offenfés lui infpirerent le deffein de fe venger premiere572.. ment de fon rival, & enfuite du Roy des

Heg.

Keraïtes.

Marra- Marrakeschi celebre Auteur Arabe dit : befchi. » que le feu de l'envie s'alluma dans le cœur

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» de ceux qui environnoient le Grand Can,
» Qu'ils inventerent des rufes de Demons,
» pour détruire dans fon efprit le PrinceMo-
gol : que
femblables à d'habiles chaffeurs
>> ils lui tendirent des piéges, & n'épargne-
» rent rien pour couper la corde de l'union
qui l'attachoit au Roy. Ce font les pro-
pres termes de Marrakeschi.

Conjuration

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Gemouca donc amant jaloux & desesperé, trouva fans peine des gens difpofés contreTe- à feconder fa fureur. Mille envieux s'ofmugin. frirent à fervir fa vengeance. Cependant quoique tous conjurez contre Temugin & malgré l'impatience qu'ils avoient de le perdre, il fe paffa plufieurs années fans qu'ils puffent en venir à bout. La puiffance du Prince Mogol que le Roy avoit fait fon premier Miniftre, fes amis & fes services rendirent long-tems leur reffentiment inutile. a Mais le Grand Can à qui

Abulfa

rage.

a Il étoit vaillant & craint des ennemis, ce qui lui attira l'envie de ses pareils, qui le desservirent auprés d'Ounghcan.

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