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1222.

Heg.

619.

An. gr. grande partie des Efclaves dont les Soldats étoient chargez, & qu'ils avoient faits dans les lieux circonvoisins. Dans un L'an du même jour ces miferables Efclaves furentMouton. égorgez. L'armée alla enfuite camper dans des Païs plus temperez: Le changement d'air & le bon traitement guérirent les malades; de maniere que peu de tems aprés Zagataï ayant eu ordre de retourner vers le Grand Can avec les troupes, il fe trouva en état de partir. Il mit des garnifons dans les Païs qu'il avoit conquis. Il en donna le gouvernement general à un de ses Lieutenans. Aprés quoi il marcha du côté du Nord. Il fit aller une partie de fon armée par les confins des Indes, fous la conduite d'un Lieutenant general, & lui avec le refte traverfa le Païs pour aller à Balc où étoit le rendez-vous.

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Retour de Genghizean du pais d'Iran
au pais de Touran, c'est-à-dire
de Perfe en Tartarie.

'EMPEREUR étant décampé de Candahar, continua de marcher

vers l'Oxus. Il passa le reste de l'Eté de

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T'année 1222. en deça de ce fleuve dans An. gr. des lieux dont l'agrément & la beauté le 12 22. Heg. retinrent jufqu'au retour de fes Generaux. Là des Députés de Balc l'étant ve- L'an du nu trouver,il leur ordonna aprés l'expedi- Mouton. tion de leurs affaires, de lui envoyer quelques gens fçavans pour l'inftruire des particularités de leur païs. Ils lui obéirent, & bien-tôt on vit arriver à la Cour plufieurs doctes perfonages. Le Grand Can les interrogea fur les antiquitez de Balc & de la Bactriane, & ils dirent tout ce qu'ils en fçavoient.

Ils ne manquerent pas de lui parler de
Zoroafte, que les Orientaux appellent
Zeridefcht Behram. Ils lui dirent que ce
grand homme avoit été Roy de leur païs,

que
lui feul de tous les humains avoit ri au
jour de fa naiffance; que ce fut lui qui le
premier obferva le mouvement des Aftres
& inventa la Magie: Qu'il eut une gran-
de quantité de Sectateurs qui devinrent
fi fçavans, qu'on leur donna le nom de
Mages & de Philofophes ; & que lui-
même fut appellé le Roy des Mages;
Que dans la fuite il n'y eut point d'autres
Prêtres qu'eux, pour cultiver la Reli-
gion des Adorateurs du feu, tels qu'é-
toient les Medes, les Perfes & les Bac-
triens, qui avoient tous de ces Mages

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Heg.

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L'an du

An. gr. dans leurs païs. Leur employ principal étoit d'avoir foin que les particuliers confervaffent le feu facré dans leurs maisons, de maniere qu'il ne s'éteignît jamais. Ces Mouton. idolâtres avoient dans chaque Province un grand & magnifique Temple, pour l'exercice general de leur Religion. Il y a des Auteurs qui affurent que dans l'Azerbijane ce feu fi réveré brûla pendant 700. années fans intermiffion. Ces Temples étoient nommez Atefchкedé, & il y a encore de magnifiques reftes de ces grands édifices.

Schidaf

gut.

Le Grand Can reçut enfuite des Letcou Can tres de Schidafcou, qui lui faifoit des de Tan- foûmiffions, & lui offroit d'être fon tributaire, s'il vouloit lui pardonner le paffé. On tint confeil là-deffus, & il fut réfolu qu'on lui écriroit qu'on acceptoit fes offres, parce qu'on étoit bien-aise qu'il ne formât plus d'entreprife, afin qu'on pût à loifir fe rendre maître du Mogoliftan, aprés qu'on auroit terminé les affaires de Perse & de Tartarie. Il fut auffi arrêté qu'on pafferoit l'Oxus, pour intimider par cette marche tous les peuples qui auroient quelque envie de remuer. Dans ce deffein, il preffa le retour de fes troupes. Il manda à fes Generaux de partir inceffamment des lieux où ils étoient

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pour le fuivre, aprés y avoir mis de bon- An. gr. nes garnifons & d'habiles Gouverneurs. 12 22. Heg. Enfin il traversa l'Oxus avec ce qu'il avoit de troupes auprés de lui, & fe rendit à L'an du Bocara, où l'on avoit déja fait quel- Mouton. ques réparations. Un Hiftorien foûtient qu'il alla droit à Samarcande. Mais ceux qui difent que ce fut à Bocara, le prouvent par une converfation qui fe trouve écrite entre l'Empereur, le Cadi & le Catibe, c'eft-à-dire l'Orateur de la Ville. Ces deux hommes lui furent envoyés pour l'entretenir de leur Religion & de leurs Loix, ainsi qu'il l'avoit fouhaité. Ces Docteurs, dit-on, étant en fa prefence, il leur demanda quelle étoit leur foy en general. Ils répondirent qu'ils croïoient comme tous les Mahometans qu'il n'y a qu'un Dieu; que ce Dieu eft Createur de toutes chofes, & qu'il n'a point de femblable. Le Grand Can leur dit qu'il croyoit la même chose. Enfuite il les interrogea fur ce qu'ils penfoient de Mahomet: Ils répondirent que Dieu avoit envoyé ce Prophete à fes Serviteurs comme un Ambaffadeur avec fon Sceau & fes Ordres pour leur faire connoître les Loix qu'ils devoient fuivre, & ce qui leur étoit permis où défendu. Genghizcan approuva cette réponse, & dit : Je le croy bien,

O o iij

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puifque moi qui ne fuis que le Serviteur de Dieu, je ne laiffe pas d'envoyer tous les jours des Ambaffadeurs en divers païs & même à mes Sujets, pour faire conMouton. noître mes volontés. Les deux Sçavans l'entretinrent aprés cela de la Priere & des tems aufquels ils avoient coûtume de la faire dans la journée. Cette inftitution lui parut fort jufte, auffi bien que celle du Jeûne que les Mahometans obfervent au mois de Ramadan. Sur quoi il leur dit, qu'il étoit bien raifonnable qu'ils fiffent quelque abftinence pendant un mois, eux qui pendant tout le refte de l'année bûvoient & mangeoient autant qu'ils vouloient, & paffoient en débauches les nuits entieres même de ce mois de Ramadan, quoi qu'ils l'appellaffent par excellence le venerable. Il approuva auffi qu'on diftribuât aux pauvres une partie de fes biens; par exemple, que de vingt ducats d'or on leur en donnât la moitié d'un. Mais quand les Docteurs lui dirent que les Mufulmans étoient obligez d'avoir des Temples ou des Mosquées pour y adorer Dieu, & qu'on appelloit ces Mofquées les Maifons de Dieu, où ils devoient le prier & lui rendre leurs hommages : il leur dit que le monde entier étoit la Maifon de Dieu; qu'il entendoit les Prieres des hommes de

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