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Pavillons qu'ils virent tendus & fort éclai- An. gr. rés, a & s'attachant particulierement à la 11 93. Heg. tente du Prince Mogol, ils tirerent une prodigieufe quantité de fléches; ils ne dou- Marratoient pas que les cris des bleffés ne dé- kefchy. couvriffent bien-tôt l'ennemi qu'ils cherchoient; mais ils furent affés furpris de n'entendre aucune voix. Ils entrent, ils ne voyent perfonne fous les tentes ; ils s'imaginent que la crainte a fait prendre la fuite au Prince Mogol; ils fe résolvent à le poursuivre, & le regardant moins comme un ennemi qu'ils euffent à combattre, que comme un homme effrayé qui cherchoit à leur échapper, ils marcherent fur les traces, fans fe foucier de faire garder les rangs aux Soldats qui reffembloient moins à une armée, qu'à une multitude confufe d'hommes & de che

vaux.

Cependant Temugin n'étoit pas à plus de deux ou trois lieues de fon camp. II étoit pofté au pied d'une montagne dans un défilé appellé Gherméghah, couvert d'un bois, & il avoit un ruiffeau devant lui. Mais quand il vit que fes ennemis

a Ils coururent & percerent les tentes de leurs fléches, mais ils n'y trouverent perfonne; ils envoyerent des détachemens aprés lui, mais ils ne le rencontrerent pas,

E

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Heg.

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An. gr. venoient à lui pêle mêle, il paffa le ruif feau, & les chargea fi brufquement, qu'ils n'eurent pas le tems de fe reconnoître. Il augmenta le defordre qui étoit déja parmi eux ; de forte que les troupes d'Ounghcan aprés une affés foible réfiftance prirent la fuite. Ils perdirent un grand nombre de Soldats & beaucoup d'Officiers, Le Prince a Sancoun lui-même reçut un coup de fléche au vifage, & fut obligé

de fe fauver à Caracorom avec tous ceux Mirconde qui purent échapper du combat. Cette action fe paffa dans l'année 1193. Temugin n'avoit pas fix mille hommes, & l'on affure qu'il en défit dix mille. Il pouvoit avoir alors quarante ans.

Marra

kefchi.

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Ce premier combat fut comme le préfage d'une infinité d'autres victoires. Quand » la Providence divine, dit un Poëte Arabe, » jette fur toi le cable du bonheur, toutes les >> creatures concourent à te rendre heureux. » Tes ennemis mêmes y contribuent : & s'il » fe préfente quelque difficulté, la fortune » prend foin de la lever. C'eft ce qui arriva dans la fuite au Prince Mogol; ceux qui voulurent l'abaiffer, furent cause de fon élevation. Il fembloit qu'il eût befoin de leur haine & de leur jaloufie pour s'établir.

a Sancoun y fut bleffé, & un grand nombre de Keraïtes y fut tué.

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Si le Grand Can ne fe fut pas laiffé préve- An gr. nir contre lui, ce Prince qui avoit déja de- 119 3. meuré dans fa Cour dix-neuf ans, y auroit Heg. paffé le refte de fa vie dans les emplois qu'il y exerçoit, & fe feroit contenté d'être un Can dépendant. Mais Dieu vouloit s'en fervir pour punir l'Afie, dont les crimes l'avoient armé contre elle.

Aprés cette bataille, il ne fongea plus qu'à fe mettre à couvert des infultes que fes ennemis lui pourroient faire dans la fuite, & qu'à s'ouvrir un chemin au trône. Il fe retira d'abord auprés du Lac Baljouta. a Il affembla là tous fes parens Mirconde & les amis, & comme la journée de Gherméghah avoit donné un nouvel éclat à fon nom, tous les mécontens de la Cour des Keraïtes ne manquerent pas de s'aller joindre à lui. Il arriva dans fon camp des Aboulb

corps entiers de troupes qui avoient fer- cair. vi fous fes ordres, & tous lui offrirent leurs fervices & leur vie.

Lors qu'il fe vit une armée affés puiffante pour exécuter fes grands deffeins, il s'éloigna du Lac Baljouta, & alla camper vers les frontieres de la Chine, a Quelques-uns la nomment Fontaine d'eau falée.

b Se retira du champ de bataille au bord du Lac Baljouta, c'étoit un Lac falé, & qui n'avoit gueres d'eau,

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fur les rives du Fleuve Cacoul a au pied d'une tres-haute montagne. Il demeura là plufieurs mois qu'il employa fort utilement; car il acheva de mettre fes Officiers & fes Soldats dans la difpofition qu'il fouhaitoit, par les promeffes qu'il leur fit à chacun en particulier. Il donna aussi à fes amis de nouvelles efperances, fi bien que toute fon armée fe trouvant difpofée à le fuivre par tout où il voudroit la conduire; il décampa, & prit le chemin du Mogoliftan, fa patrie.

Ses Sujets d'Yeća Mogol le reçurent comme un Prince qu'ils aimoient & qu'ils n'avoient perdu qu'à regret : tous les peuples de Niron Cayat lui envoyerent des Députez. Quelques-uns même des plus confiderables d'entre-eux l'allerent feliciter fur fon heureux retour, & lui offrir leurs fecours, s'il en avoit befoin. Il les remercia tous de leur bonne volonté, retint ceux qui lui parurent finceres, & prit avec eux des mesures pour fe venger de Mirconde fes ennemis. b Il fut d'abord réfolu dans fon Confeil qu'on publieroit dans toutes

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a On le nomme auffi Caramouran. i. e. Le Fleuve Jaune. Croceus Fluvius.

b Il refta quelque tems auprés du Lac Baljouta, puis décampa & alla camper aux frontieres de la Chine, fur le bord d'un Fleuve qui cou Je au pied d'une Montagne,

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Albu cair p. 2.

Yes Provinces Mogoles une défense de An gr. payer au Grand Can les tributs ordinaires. !! 94 Heg. Mais avant cette publication, il fit fonder l'efprit des peuples, & comme il reconnut qu'ils craignoient la puiffance d'Oungh- Couroulcan, il convoqua plufieurs Dietes pour dif- tay. fiper leur crainte. La plupart ne manquerent pas de s'y trouver. Il leur expofa l'efclavage où ils gémiffoient depuis fi longtems. La tyrannie qu'exerçoit fur eux non feulement le Roy des Keraïtes; mais encore les amis, aufquels ils payoient de grands tributs. Il leur repréfenta qu'il ne tenoit qu'à eux de fe délivrer d'une perfécution fi cruelle: que les Mogols leurs Compatriotes qu'il avoit eus pour Com→ pagnons de fa derniere victoire, fçavoient bien que leur perfecuteur n'étoit pas invincible; qu'ayant à leur tête un Chef qui avoit tant de fois vaincu pour leur ennemi, ils ne devoient pas douter qu'il ne vainquît pour eux qui étoient fes Sujets & fes amis. Enfin comme il connoiffoit le pouvoir que la Religion a fur le peuple, il finit en difant que l'entreprise importante dont il les entretenoit, ne venoit pas de lui; que c'étoit Dieu même qui la`lui avoit infpirée, pour leur ôter le joug qui les accabloit.

Ces paroles de Temugin firent tant

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