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An. gr.

1195. Heg. 592.

d'impreffion fur l'efprit des peuples, que toute l'Affemblée applaudit à ce Prince, & promit de lui obéir. Quand il fut assuré de la bonne volonté de fes Sujets d'Yeca Mogol & de Niron Cayat, il leva feulement quatre mille cinq cens hommes, qu'il joignit à ceux qu'il avoit déja. Il envoya propofer une Ligue au Chef de la Nation de Congorat fon beau-frere ; car fon beau-pere étoit mort, & il fit un trai-té avec ce Prince, de même qu'avec les Cans de la Nation de Courlas. Pour ceux de Soumogol, appellés auffi Tartares, ils refuferent d'entrer dans la Lique; mais il les y contraignit par la forcedes armes. Les Cans de Mercat voyant de quelle maniere il s'y prenoit, aimerent. mieux faire de bonne grace ce qu'il exigeoit d'eux que d'y être contraints. Plufieurs Tributs à leur exemple fe rangerent fous fes Enfeignes, malgré les follicitations de quelques Cans, & particulierement de ceux de Merkit, dont Touctabéy ennemi mortel de la maison de Temugin étoit le plus puiffant..

Tous les Cans de Soumogol, de Mer

cat,

de Courlas, d'Yeca Mogol, de Niron Cayat & d'autres encore, firent donc publier dans leurs Etats, qu'à l'avenir on ne payeroit plus rien à Ounghcan pour

quelque caufe & fous quelque prétexte An. gr que ce pût être : En confequence de cette 119 s Heg. déclaration, les peuples de toutes ces Nations rompirent les Bureaux, & chafferent tous les Receveurs du Roy des Keraïtes. Refus des

592.

Mogols de

payer tri

Tous ces exacteurs retournerent à Caracorom pour donner avis à la Cour de cet- but à te rebellion.

Ounghcan fe fervit de tous les moyens poffibles pour obliger ces petits Souverains à rentrer dans leur devoir; mais il n'en put venir à bout, & defefperant de les gagner par la douceur, il déchargea de toutes fortes d'impofitions la Nation de Merkit qui ne s'étoit point révoltée; il fit de grandes promeffes à Touctabéy, qui en étoit le Can principal, & il fe flata que ce nouveau parti de Mogols balancefoit la puiffance des autres.

Oung h

can

1197:

594.

Il eft vray que Temugin eut l'adreffe An. gr. de rendre inutiles les menaces & les pro- Heg. meffes que le Grand Can fit tour à tour, pour intimider les peuples, ou pour les regagner: Il fçut auffi fi bien garder les frontieres & celles de fes Alliés, que fes Ennemis n'y pûrent pénétrer. Enfin telle fut fa conduite, que toutes les Nations de fon parti le regarderent comme leur liberateur. Neanmoins quelque envie qu'il cût de faire la guerre, il ne laiffa pas de

An. gr.

Heg. $94.

Aboul

caïr p. 4.

confeiller aux autres Cans d'envoyer un 1197. Ambaffadeur a au Roy des Keraïtes pour ́ lui propofer un accommodement, à condition qu'ils feroient déchargés de tout' impôt, ainfi que la Nation de Merkit. Tous les Cans lui abandonnerent le foin de cette affaire, en lui proteftant de trouver bon tout ce qu'il feroit. Temugin jetta les yeux fur un homme appellé Arnijoun, (Fadlallah le nomme ainfi.) I lui donna toutes les inftructions neceffaires & le fit partir en diligence, quoique' peut-être dans le fonds, il eût moins d'envie d'avoir la paix que de faire paroître qu'il la fouhaitoit. Auffi-tôt que l'Ambaffadeur fut arrivé à la Cour des Keraïtes, il demanda audiance, & l'obtint. Il représenta d'abord au Roy, fuivant l'ordre qu'il en avoit, les fervices à lui renpar Pifouca: Il le fit enfuite reffouvenir que contre la parole qu'il avoit donnée à Temugin, de ne point croire ceux qui lui voudroient rendre fa fidelité fufpecte, il avoit ajoûté foy aux difcours de fes Ennemis, fans approfondir leurs im poftures, & fans avoir égard à fes fervices, dont il n'oublia pas de faire un affés long détail. Il le prià enfin de donner la

dus

a Ils envoyerent un Ambassadeur, mais la paix ne fe fit point.

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paix aux Mogols, & de rendre fon ami- An. g tié à fon gendre qui ne l'auroit jamais perdue, s'il n'eut point eu d'ennemis.

On ne fit point de réponse à l'Ambaffadeur. L'affaire fut remife à la déliberation du Confeil. Arnijoun se retira fous fes tentes, où les amis de Gemouca & les perfonnes attachées à Sancoun, ne manquerent pas de lui faire fouffrir mille indignités. Il eut beau s'en plaindre, on ne lui en fit aucune fatisfaction. Il demeura une année entiere à dévorer fes déplaifirs: On remettoit de mois en mois à lui faire réponse, & on ne la lui faifoit point. Il perdit toutefois patience. Il avertit fon Maître de tout ce qui fe paffoit. Temugin lui envoya ordre de revenir, aprés avoir fait encore un effort pour obliger le Roy à s'expliquer.

Heg.

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a Ounghcan auroit volontiers confenti à Mircom cette paix; mais le Prince fon fils qui nour- de. riffoit encore les foupçons que Gemouca lui avoit infpirés, & dont la haine pour Temugin, fembloit avoir été augmentée par la défaite, traverfa cette negociation, & l'empêcha de réüffir. Sancoun étoit de ces efprits entêtez, qui ne reviennent

a Veritablement Ounghcan vouloit la paix, mais fon fils Sancoun s'y oppofa de tout fon pouvoir,

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jamais quand on les a une fois prévenus. Il porta lui-même la parole, & dit à l'Ambaffadeur que les Mogols ne devoient $94. point efperer de paix, qu'en fe foumet

Heg.

tant à tout ce qu'on voudroit exiger d'eux; Mirconde qu'à l'égard de Temugin a il ne vouloit point en entendreparler, ni le voir que les armes à la main.

An. gr.

I 200.

Heg. $97.

Une réponse fi fiere obligea l'Ambaffadeur Arnijoun à fe retirer, & lorfque de retour au Mogoliftan, il rendit compte de fa negociation aux Princes Confederés, ils furent tous fi choqués de la hauteur du Grand Can, qu'ils firent de nouvelles proteftations de fecouer le joug. Ils fe promirent encore une fidelité inviolable, & prirent le Ciel à témoin de leurs fermens. Ils fe préparerent ensuite à faire la guerre, & Temugin ravi de voir tourner les chofes au gré de fes fouhaits, fe difpofa à juftifier la confiance que fes Al

liés avoient en son habileté.

Dés l'année fuivante 1200. Sancoun pour ne pas démentir sa fierté, ne manqua pas d'envoyer des troupes dans le Mogoliftan pour y faire des courfes, & jetter l'effroy dans l'ame des Rebelles; mais fon attente fut trompée. Ses Ennemis fe dé

a Sancou dit, il n'y aura entre Temugin & nous aucune raison que le fabre.

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