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fendirent courageufement. Il eft vrai que An. gr cette année on ne fit pas de part & d'au- 1200. Heg, tre de grands exploits. Il ne fe paffa rien de confiderable. Cependant les Mogols battirent toujours les partis qu'ils rencontrerent, & Temugin ne laiffa pas d'acquerir de la gloire.

Le Grand Can irrité du mauvuis fuccés de les armes dans le Mogolistan, & fe fentant offenfé de la réfiftance de ces petits: Souverains Alliés, fit lever des troupes dans tous les Païs de fon obeïffance. II tira plus de trente mille hommes de fesProvinces de Turqueftan, de Tendouc, & des autres lieux dépendans du Royaume de Gelaïr. Neanmoins tandis que cesnouvelles troupes marchoient vers Caracorom pour se joindre à celles de Caraca& aux autres qu'il avoit déja fur pied, il envoya fommer les Mogols de fe foumettre au plûtôt, menaçant de les traiter avec la derniere rigueur, s'ils ne rentroient dans leur devoir, & leur promettant au contraire toute forte de fatisfaction s'ils s'en remettoient à fa clemence, & prévenoient les efforts qu'il alloit faire pour les punir.

tay,

Cette démarche du Roy des Keraïtes étoit capable d'ébranler la fermeté des Confederés; mais Temugin dépêcha

Heg.

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An. gr. auffi-tôt des Envoyés de tous côtez, pour 1200. perfuader aux Mogols qu'Ounghcan ne leur faifoit de belles promeffes que pour les furprendre, & qu'il falloit s'en défier. Il ne fe contenta pas de leur faire représenter par des Envoyés ce qu'il avoit à leur dire là-deffus, il convoqua même à Manquerule une affemblée à laquelle il convia tous les Cans intereffez. Auffitôt qu'ils furent tous ensemble,il les informa de ce qui fe paffoit à Caracorom. Il leur montra des Lettres qu'il avoit reçues de fes Correfpondans, & il les affura que ce qu'elles contenoient lui avoit été confirmé par fes Espions; c'est-à-dire que le Roy des Kevaïtes & le Prince fon fils avoient juré la perte des Cans alliés:qu'ils les regardoient déja comme leurs Efclaves & qu'ils

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étoient réfolus de mettre tout à feu & à fang dans les païs Mogols: Ils ne nous promettent, ajoûta-t'il, de bons traitemens, que parce qu'ils nous voyent les armes à la main & en état de nous défen dre. Ils voudroient que nous euffions la foibleffe de les craindre, ou que nous fuffions affés credules pour les écouter. Ah! loin de nous livrer lâchement à nos enne mis, croyez-moy, méprifons leurs menaces & leurs promeffes, & n'appréhendons tien pendant que nous demeurerons dans une parfaite union.

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Quelques Cans furent d'abord d'avis An. gr. qu'on acceptât la propofition du Roy des 1 2 0 1. Keraïtes, mais les autres moins timides re- Heg. jetterent cette opinion, & il fut arrêté Fouini dans la Diete que chacun mettroit en cam- dans fepagne autant d'hommes que fa Tribu en hau Kuf pourroit fournir: que la moitié des troupes de la nation de Mercat, demeureroit dans le Païs pour obferver la nation de Merkit: qu'on feroit la guerre avec toute la vigueur poffible, & qu'enfin Temugin auroit le Commandement general de l'armée.

On présenta fur le champ à ce Prince le Topouz; a mais il ne le voulut point accepter, qu'à condition qu'on obéïroit uniquement à fes ordres, & qu'il auroit le pouvoir de faire châtier ceux qui ne feroient leur devoir. On lui accorda pas tout ce qu'il voulut, & alors il reçut la marque du Generalat. b Aprés cela chacun s'en retourna dans fon Païs, & ne fongea plus qu'à mettre fes troupes en état de marcher au rendés-vous.

Quoique Temugin n'eût pas lieu de foupçonner la fidelité des gens de fa Na

a. C'est le Bâton de Commandement. Une massuë faite d'une maniere particuliere.

Ce fut en 1201, que cette réfolution fug prife.

cba.

An. g.

J 201.

Heg. $98.

tion, cependant pour s'en affurer enco→ re davantage, & pour engager fortement dans fes interêts tous ceux qui devoient combattre fous fes ordres,il leur fit des largeffes.Il voulut auffi montrer qu'il fçavoit reconnoître les fervices; comme il devoit la vie aux deux Esclaves d'Ounghcan qui l'étoient venu avertir du deffein de ce Roy, il confeffa publiquement l'obligation qu'il leur avoit; il leur donna les loüanges qu'ils meritoient, leur fit des prefens confiderables, & leur accorda des honneurs extraordinaires. Il les déclara Marra- Tercans, a affigna un fonds pour leur kefeby. fubfiftance; les exempta eux & leurs enAbulfa- fans de tout fubfide,b & avec le pourage. voir de toucher les premiers au butin, qui fe feroit pendant la guerre, il leur donna le privilege de n'être point tenus de partager leur butin avec les Receveurs & Douaniers du Prince: Outre tous ces

a C'est une qualité qu'on donnoit chez les Tartares & les Mogols à ceux qui avoient reçu du Prince par Ordonnance fpeciale quelques privileges & avantages qui les diftinguoient des autres.

b Le Tercan eft exemt de tous droits. Il ne partage fon butin avec perfonne, ni avec les Douaniers du Prince. Il entre chez le Roy fans permiffion on lui pardonne jufqu'à neuf fois pour quelque faute que ce foit,

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tages, il leur permit d'entrer quand An. gra oudroient fous la Tente du Prince, 1201, = être obligés d'en demander la perHeg. ion à aucun de fes Officiers, & ils déclara exemts de punition pour toules fautes qu'ils feroient; à moins que ne prouvât qu'ils les euffent déja comTes neuf fois. Ajoûtez à toutes ces aces qu'elles devoient paffer aux defdans des deux Tercans jufqu'à la fepme, & felon quelques Auteurs, jufqu'à neuviéme generation.

Mais ce ne fut pas feulement envers s Efclaves qu'il fit paroître fa reconiffance; il combla de bien tous ceux i avoient quitté Ounghcan pour le fuie. 11 choifit même parmi ceux-là fes fficiers Generaux, & il les honora de confiance.

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