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An. gr. 120 2. Heg.

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avoir fait d'inutiles efforts pour les rallier, furent obligés de prendre la fuite avec eux. On les pourfuivit vivement, & l'on en fit un fi grand carnage, que toute la campagne fut jonchée de corps morts. Cette victoire entichit les Mogols, qui pillerent les bagages, & trouverent en cette occafion de quoi fatisfaire leur avidité. Ils firent auffi beaucoup de prifonniers, & prirent un trés-grand nombre de chevaux.

Enfin cette journée qui fut fi fatale au Grand Can, décida du fort de Temugin alors âgé de quarante-huit ans. Elle le mit en poffeffion des païs des Keraïtes, & de ceux de Caracatay; & le Roy vaincu perdit non feulement quarante mille hommes, il eut encore le chagrin d'ap-prendre que ce qui lui reftoit de bonnes troupes s'étoit rangé du côté de fes EnMircon- nemis. Les Hiftoriens qui rapportent qu'Ounghcan fut tué dans la bataille, ont été mal informez. Il eft vray qu'il fut blessé dans l'action, que fa bleffure l'obligea fur la fin d'abandonner le Commandement de l'armée, & que d'abord il voulut fe retirer vers Caracorom; mais le voyant Fouiny pourfuivi par une troupe de Mogols, il fe dans Fe- fauva chez Tayancan fon ennemi, dont il bankufimplora le fecours. Sa retraite fit beau

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coup de bruit. On s'étonna qu'il eût An. gr. osé mandier un afile à la Cour d'un Can 120 2 dont il étoit haï, auffi-bien

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de pluque fieurs grands Seigneurs Naïmans qu'il """ avoit maltraitez. Ils ne manquerent pas de repréfenter à leur Prince tout le mal que ce Roy fugitif avoit caufé à leur Nation; & qu'en fe réfugiant chez eux, c'étoit leur donner une nouvelle marque de la haine qu'il leur avoit toujours portée, puifqu'il ne pouvoit avoir un autre deffein que d'attirer fur les Naïmans la colere du Vainqueur, & de caufer dans fa mauvaise fortune leur ruine, qu'il avoit inutilement tentée dans le cours de fes profpérités.

Tayancan qui n'étoit pas pas naturellement fort genereux, & qui avoit encore plus: d'averfion pour le Grand Can, que ceux qui s'efforçoient de l'armer contre lui, écouta leurs difcours, & fuivit le confeil qu'ils lui donnerent tous de le faire mourir. Ainfi le Can des Naïmans au lieu de prêter du fecours au Roy vaincu, qu'il lui eût été plus glorieux & peut-être plus utile de fecourir que de perdre, le fit arrêter. Les principaux de la Cour réfolus entre-eux d'ôter la vie à ce Prince, tinrent un grand Confeil, auque! leur Maître affecta de ne fe pas trouver, SI

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Agr. maginant par-là fe mettre à couvert du reproche que les autres Cans lui pouvoient faire d'avoir violé le droit des gens. Il feignit même d'être fâché de la mort de fon Ennemi ; mais lorsqu'il vit à fes pieds la tête de ce Roy qui lui fut préfentée, fa joye éclata malgré lui; & il ne pût s'empêcher de lui infulter par des paroles pleines de mépris & de raillerie : Ce qu'un Auteur blâme fort. C'eft, dit-il, une action lâche, d'arracher la barbe à un Lion Aboul- mort. a Comme la langue de cette tête fortit deux ou trois fois hors de la bouche en présence de Tayancan, quelques Seigneurs qui fe mêloient d'Aftrologie, b dirent au Can, qui leur demandoit fi cette action marquoit quelque fâcheux accident, que cela fembloit préfager que Temugin commanderoit un jour aux Naïmans, fi l'on n'y mettoit ordre en diligence..

Fair.

Sancoun avoit accompagné le Roy fon pere jufqu'au païs des Naïmans; mais pour ne pas hazarder deux têtes à la fois & dans le même lieu, il se retira incognito dans le Caracatay. Il s'y cacha quelque

a C'eft une action lâche d'arracher la barbe à un Lion mort,

Rubruquis Auteur François, dit qu'on fait Heaucoup de cas de l'Aftrologie en ce païs là.

tems

tems, & attendit des nouvelles de fon An. gr. pere; mais dés qu'il en apprit le mal- 120 2. heur, il s'enfuit encore plus loin; il tra- Heg. verfa le Turqueftan, & pouffa jufqu'au Année Royaume de Tebet, où il demeura fans fe Mogole. faire connoître.

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le Porc.

oiardi

Le Royaume de Tebet, dont on ne Royaume fera peut-être pas fâché d'apprendre de Tebet. quelques particularités, eft fitué au quarantiéme degré de latitude Septentrionale, & au trentiéme degré de latitude Méridionale, au cent vingtiéme de longitude Occidentale, & au cent quarantiéme de longitude Orientale. a Il compofe Binalune partie de la Region qu'on appelle Geogra Turc-Hinde, à caufe qu'il fait partie du phe. Turqueftan d'une part, & des Indes de l'autre. Quelques-uns le divifent en grand & petit Tebet; le grand eft voifin de la Chine, & le petit eft, fitué à l'Orient du petit Royaume de Kafchemire, immediatement derriere fa, montagne, & l'un & l'autre n'ont guere plus d'un mois & demi de marche. Il eft rempli de Villes & de Villages habités; les Peuples y font d'une humeur fi

a Le Tebet eft un grand païs dont la Ville capitale porte le même nom. Elle eft fituée entre la Coraflane & la Chine, & une partie de Indes; elle eft du païs des Turcs.

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agreable, qu'ils ne refpirent que la joye & le plaifir; mais ce qu'il y a de furprenant, c'eft que l'on y voit une montagne A.M. le nommée Jabal Affumoum, a dont la terre infpire le chagrin à ceux qui la fentent; elle leur noircit même la langue, enforte qu'elle demeure noire le refte de leur vie.

Porc.

C'eft de ce Païs qu'on apporte le fouffre rouge, & les plus belles peaux de Tigre, de même que ce Mufc excellent qu'on appelle ordinairement Mufc de Tebet. b On le tire d'un animal qui reffemble à une Gazelle, & qui pourtant a quelque chofe du pourceau. Mais dans une Ville nommée Schage, il y a une espece de Rat, c dont le nombril produit un mufc fi précieux,qu'il furpaffe tous les autres. Il est trés-recherché, fouvent trésrare, ordinairement fort cher, & il est cause qu'on préfere le mufc de Tebet au mufc de la Chine & à celui des Indes. On y trouve auffi quantité de Civette, & la Rhubarbe qui y croift eft extrêmement

eftimée.

Les femmes y font belles, quoique mulaftres, & elles ont une qualité fecret

AC'eft-à-dire Mont de Poifon.

b Nommé en Arabe Dabat almisc.
Appellé Farat almifc.

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