te qui n'eft pas indifferente a bien des An. gr. gens. Elles fe volent les enfans les unes ! 2 6 2. Heg. des autres pour les vendre, & leurs maris $99.

font la même chose. C'eft dans ce Païs-là A. M. le que les filles ne peuvent fe marier avant Porc. que d'avoir eu commerce avec quelque homme, & celle qui a eu le plus d'amans cft la plus avantageufement mariée. Le grand nombre de galands paffe pour une marque du merite & des belles qualités d'une fille, & le futur époux ne la confidere qu'à proportion des préfens qu'elle a reçûs de fes amans; ce qu'il regarde comme une dot. Cette proftitution n'en rend pas les femmes plus vicieuses aprés le mariage; il semble au contraire qu'elles en deviennent plus chaftes, car on en voit peu qui manquent à la fidelité qu'elles doivent à leurs maris.

Suedois.

Revenons à Sancoun. Ce Prince aprés avoir demeuré quelque tems dans le Royaume de Tebet, revint en Turqueftan: Il s'arrêta dans la ville de Cafchgar a M. Lparoù il vêcut, comme il avoit fait ailleurs, venfeld fans fe découvrir à perfonne; mais un jour ayant reconnu quelques Mogols de la fuite de Temugin qu'il avoit vûs à Caracorom, il s'imagina que c'étoit des Efpions qui le cherchoient. Dans la crainte a Ville d'où les Suedois tirent leur origine.

An. gr.

qu'il eut d'être pris, il retourna brusque1202. ment au Royaume de Tebet, où il n'eut Heg. pas un fort plus heureux qu'Ounghcan, A. M. le puifqu'ayant été arrêté comme Espion, Porc, lui-même, on le fit mourir l'an de gra

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ce 1202.

Temugin ne fut pas plûtôt informé de cette mort que fans perdre de tems, il continua de fe faifir des Etats du Gránd Can, comme d'un bien acquis par le droit des armes. Il fe rendit maître de toutes fes richeffes, & Sancoun n'étant plus, il demeura paifible poffeffeur de tous les païs des Keraïtes. Les Princes voisins qui craignoient Ounghcan, parce qu'il étoit plus puiffant qu'eux, avoient vû avec joye naître la guerre des Mogols contre lui, dans l'efpérance qu'elle pourroit diminuer les forces; mais ils n'avoient pas compté que fa puiffance pafferoit toute entiere à Temugin. Ainfi leur frayeur ne fit que changer d'objet.

Ce fut fur la fin de l'année 1202. que ce Prince âgé de quarante-neuf ans fe retira dans fon Païs. Il y fut reçu aux acclamations non feulement de fes Sujets, mais auffi des autres peuples Mogols qui avoient eu part à fa victoire,ou que fa victoire obligeoit à lui venir témoigner leur reconnoiffance. Ils ne croyoient pas pou

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voir affés le remercier de les avoir déli- An. gr. vrés de la tyrannie d'Ounghcan, qu'ils 1202. Heg. appelloient le perfecuteur de leur Nation; & charmés de fa valeur, de fa fageffe & A. M. Ic de fon affection pour eux, ils l'élevoient Porc fans ceffe jufqu'au Ciel. Il ne manqua pas de profiter d'une occafion fi favorable pour avancer fes affaires. Il fe fervit encore de fon éloquence, dont il n'ignoroit pas le pouvoir. Il promit aux Mogols de grandes fortunes, s'ils avoient affés de zéle pour feconder fes deffeins. Les Peuples gagnez par fes paroles & par tout le bien que fes amis particuliers affectoient de dire continuellement de lui, réfolurent de l'élire Grand Can, c'est-àdire Empereur de toutes les Tribus. Les Cans qui avoient été les Compagnons de fa victoire, trouvant leur compte à l'élever à ce haut rang, animerent les autres à fuivre leur exemple. Les préfens que Temugin leur fit fous prétexte de partager avec eux les richeffes du Roy vaincu, ou peut-être la crainte de fe voir obligez de faire par force une chofe qu'on faifoit paroître neceffaire à la gloire des nations Mogoles, les fit tous condefcendre de bonne grace à l'élevation de Temugin. L'on convint par Députez avec les Cans abfens de ce qui avoit été arrêté à l'affem

1202.

Heg.

$99.

A. M. le
Porc.

An. gr. blée qui fe tint pour cet effet. Le couron nement de ce Prince fut donc réfolu, & l'on jugea qu'il le falloit faire dans la Province d'Yeca Mogol,à Dilon Ildac où Temugin avoit pris naiffance. Les peuples y accoururent de toutes parts pour être témoins de cette ceremonie, où le principal Acteur fe rendit accompagné des Cans fes Partifans. Il s'affit fur un fiege des plus fimples qu'on avoit pofé fur une éminence, d'où il harangua l'Affemblée avec fon éloquence ordinaire. Sa harangue finie, on le fit mettre fur un feutre noir qu'on avoit étendu fur la terre, & la perfonne qui étoit chargée de porter la parole, lui annonça hautement la volonté des peuples Mogols. Il lui remontra que quelque pouvoir qu'il eût, il le tiendroit du Ciel; que Dieu ne manqueroit pas de benir fes deffeins, s'il gouvernoit fes Sujets avec juftice; & qu'au contraire il le rendroit miferable, s'il abufoit de fa puiffance: ce que lui marquoit le feutre fur lequel il étoit affis. Aprés cette remontrance, fept Cans le releverent d'un air de ceremonie, & le porterent fur le trône qui avoit été préparé au milieu de l'Aflemblée. Alors ils le proclamerent Empereur, & lui donnerent le titre de Grand Can de toutes les nations Mogoles, même de

Heg.

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celle des Merkites, qu'ils déclarerent re- An. gr. belles. Enfuite ils fléchirent neuf fois le 1202, genoüil devant ce nouveau Grand Can, pour marque de l'obéiffance qu'ils lui pro- A. M. le mettoient tous. Les Peuples à leur exem- Poгc.› ple, firent auffi neuf genuflexions accompagnées d'acclamations & de cris de joye, pour affurer le nouvel Empereur qu'ils fe foumettoient aveuglement à tout ce qu'il lui plairoit de leur ordonner.

Il promit de fon côté de les gouverner avec autant de juftice que de douceur, & de les défendre contre tous leurs Ennemis, de procurer leur bien & leur repos, de leur acquerir de la gloire & de faire connoître leur nom à toute la terre. Comme il avoit beaucoup à fe loüer des peuples de Soumogol, qu'on appelloit particulierement Tartares, à caufe du Fleuve

a C'eft de là que tous les Scythes devenus Sujets de Temugin les uns aprés les autres ont été appellés indifferemment Mogols & Tartares, & que le dernier nom ayant prévalu dans la fuite, toute la Scythie enfin a été nommée Tartarie dans les Païs Occidentaux & Meridionaux de l'Afic.

Il eft vray que le nom de Tata ou Tatar n'étoit pas tout-à-fait inconnu dans l'Orient & dans le Nord. Il étoit ancien chez les Chinois. Ils avoient eu guerre avant la venue de NôtreSeigneur Jefus-Chrift, & depuis encore avec des peuples qu'ils ne connoiffoient que fous le