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An. gr. 120 2. Heg.

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Tata qui arrofe leur païs, il déclara en langue Mogole qu'il vouloit ajoûter à fa qualité d'Empereur des Mogols, celleAM. le de Grand Can des Tartares, tant pour faire honneur à cette nation, que pour lui témoigner le cas qu'il en faifoit, & combien il étoit fatisfait d'elle, quoique d'abord elle eût été fon ennemie.

Porc.

Cette ceremonie qui fe fit pendant le regne de Philippe Augufte Roy de France, ne fut pas plûtôt achevée, que le Grand Can diftribua de nouveaux préfens aux Grands, & fit de nouvelles largeffes aux petits, pour leur montrer fa liberalité. Ils continuerent la fête de fon élevation par de magnifiques feftins à la maniere du païs. Aprés qu'elle fut achevée, & qu'en particulier il fe fut réjoui avec fes amis, il leur témoignale reffentiment qu'il avoit de leur amitié, & les affura tous de la fienne.

Sur ces entrefaites un frere d'Ounghcan vint offrir fes fervices à Temugin & fa fille en mariage. Ce Prince fe nommoit Hakembou. Le Grand Can le re

nom de Tata. C'étoient fans doute les Sou mogols & quelques autres Nations, & l'on n'avoit point oui parler de Tartares dans les autres Pais avant Genghizcan.

Il faut remarquer que les Chinois n'ayant point d'r dans leur alphabet, ils prononcent Tata au lieu de Tartares,

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çut favorablement, & aprés s'être étendu An. gr. fur le mérite du feu Roy des Keraïtes fon 12 0 2. frere, il lui donna l'emploi qu'il deman- Heg. da. Il accepta même fa fille avec joye, A. M. le en lui proteftant qu'il auroit toujours pour Porc. elle & pour lui beaucoup de confideration. Je vous dois, ajoûta-t'il, un bon traitement, en reconnoiffance de celui que j'ai reçu du feu Roy vôtre frere, & de l'affection qu'il m'a témoignée dans ma mauvaise fortune. A la verité quoique je ne lui aye jamais donné fujet de fe plaindre de moi, non plus qu'au Prince Sancoun fon fils, & qu'au contraire je leur aye rendu des services importans, ils ont attenté fur ma perfonne, & m'ont regardé comme le plus grand de leurs ennemis; mais j'ay toujours imputé leurs perfécutions à Gemouca. Leur haine pour moi a été fon feul ouyrage, & je n'en aurai pas moins de refpect pour leur memoire.

Le Prince Keraite remercia Temugin de fes bontés, & partit en diligence pour fe rendre où fon emploi le demandoit. Veritablement le Grand Can avoit deffein d'époufer fa fille; mais s'étant apperçu que le Capitaine de fes Gardes, qu'il eftimoit beaucoup, & qu'il honoroit de fa confiance, étoit devenu amoureux de cette Princeffe ; il la lui donna en ma

An. gr.

1202.

Heg.

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Porc.

de

riage, & en fit faire les nôces lui-même. Se voyant Empereur de tant de Peuples, il penfa moins à jouir en repos A M. le la nouvelle dignité qu'à s'en rendre encore plus digne par de nouveaux exploits. Bien-tôt fes ennemis jaloux de fa puiffance, lui fournirent les occafions qu'il atrendoit. Ce fut dans le païs de Caracatay, Mais avant que je parle de ces gueril faut dire deux mots du Cara

Caraca

tay.

res,

catay.

Defcri- C'eft un grand Païs qui s'étend du Midi ption du au Septentrion, depuis la muraille de la pais de Chine jufqu'à l'ancien Mogoliftan.a Il eft borné à l'Occident par le mont Imaus, & à l'Orient par la Mer Oceane & par la Chine. Plufieurs Princes le partagent, & plufieurs Nations differentes l'habitent. La font fitués les Royaumes de Tangut, des Naïmans & beaucoup d'autres. Quelques Geographes d'Europe l'ont pris pour le Catay & fe font trompés, b'faute de fçavoir que le Catay eft la Chine même.

Le nom de Caracatay fut donné au païs de Scythie, aprés une furieufe guerre a Appellée en Mogol Ancou, ou Avencouh. b Quelques Geographes veulent que les païs mêmes des Calmacs & le Royaume de Courgé, qui eft la Corée, en foient une partie, & ce Caracatay eft aufli appellé Khita ou Khoutan par les Orientaux,

A. M. le

que les Scythes firent aux Chinois; ceux- An. gr. la eurent d'abord de l'avantage, enflés de 120 9. leurs fuccés ils pénétrerent dans la Chine. Heg. Mais y ayant perdu une bataille confiderable, ils furent obligés d'en fortir & de Porc. fe retirer chez eux. Le Roy de la Chine pour ne pas perdre le fruit de la victoire fit pourfuivre les Ennemis par deux Gene raux d'armée a qui les vainquirent encore, & les réduifirent entierement fous fon obéiffance. Il fit plus; de peur que les Scythes ne fe révoltaffent, il leur donna pour Cans ces deux Generaux qui par fon ordre firent bâtir des Forts & des Villes pour des Colonies & des troupes Chinoises qu'il y envoya. Ces troupes destinées à la garde du Païs, tinrent long-tems les peuples en refpect; mais peu à peu leurs defcendans oublierent les coutumes des Chinois, & s'accoûtumant à vivre comme les Scythes, devinrent Scythes eux-mêmes, & dans la fuite la Chine pas de plus grands ennemis.

n'eut

Lors que le Roy de la Chine établit ces deux Generaux dans cette Scythie fabloneufe, il l'appella Caracatay, lui donnant le nom de Catay son païs, b

pour a L'un fe nommoit Quimping & l'autre Quincing.

b Les Conquerans en usent ainfi, & nos Rois ont toujours donné le nom de France au païs qu'ils ont affujecie,

1202.

An. gr. marquer l'acquifition qu'il en avoit faite, avec l'Epithete, Cara, mot Tartare & Turc qui fignifie noir, , pour diftinguer les

Heg.

599.

Porc.

A. M. le deux païs. Cependant on les a confondus, fans confiderer l'Epithete qui en a fait la difference, & fans fonger que le Caracatay eft ftérile & defagréable, an lieu que le Catay, c'est-à-dire la Chine, eft beau & rempli de toutes fortes de biens.

CHAPITRE V.

Guerre des Mogols contre le Can des Naïmans. Expedition de Temugin contre Touctabey Can des Merkites. Reglemens pour l'armée Mogole.

AYAN CAN Chef des Naïmans, a l'un des plus confiderables Souverains du Caracatay, & beaupere de Temugin fut étonné des profperités de fon gendre. Elles lui donnerent de l'ombrage, malgré les noeuds qui les uniffoient depuis fi long-tems, & le même homme

a Ces Naïmans étoient les peuples que les anciens appelloient Scythes Iffedons, & leur Ville Capitale étoit l'Iffedon de Scythie, que les modernes ont nommé Succuir,

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