qui avoit caufé la perte du Roy des Ke- An. gr. raites, acheva de déterminer Tayancan 1 2 0 2. à déclarer la guerre au nouvel EmpeHeg. reur. 599. A. M. le caïr, a Gemouca Prince de la tribu de Jage- Porc. rat, aprés la bataille donnée dans la plai- Aboulne de Tangut ayant pris la fuite comme les autres, crut ne pouvoir mieux faire que d'envoyer offrir les fervices au Can des Naïmans, quoi qu'il eût appris la mort du Roy des Keraïtes. Tayancan qui le connoiffoit de réputation pour un habile homme, accepta fes propofitions. Gemouca fe rendit à fa Cour, avec tout ce qu'il avoit pû ramaffer du débris de l'armée d'Ounghcan. Il arriva fuivi d'un affés grand nombre de gens de guerre, & prefque de tous les Officiers échappés du combat. Il fut fort bien reçu du Can, qui promit à lui & à fes amis des emplois conformes à leur merite. Gemouca qui avoit l'efprit adroit & rompu aux fubtilitez de la Cour, gagna bien-tôt celui de Tayancan; il le fit entrer dans fes fentimens, & le porta fans peine à faire la guerre au nouveau Grand Can des Mogols, qu'il fe vantoit de connoître à fonds a Son ancien rival Gemouca alla trouver Tayan. Il faut, dit-il, que les amis se joignent pour attaquer l'ennemi. An. gr. Porc. pour l'avoir pratiqué fort long-tems Temugin, lui difoit-il, a une ambition démesurée. Il n'afpire qu'à furprendre les Princes pour envahir leurs Etats. Il ne s'eft brouillé avec l'Empereur Ounghcan & le Prince Sancoun, que parce qu'il eft le plus ingrat & le plus perfide de tous les hommes. Dans le tems même qu'il étoit comblé de leurs bienfaits, & qu'il joüiffoit de l'honneur de leur alliance & de leur amitié, il méditoit l'horrible dessein de leur ôter l'Empire avec la vie." Quoi que ce difcours ne fût qu'une pure calomnie, & que le Chef des Naïmans n'ignorât pas que celui qui le tenoit étoit un homme artificieux, il ne laissa pas de s'y prêter. Le pouvoir que Temugin avoit fur les Mogols, la conquête de plufieurs Provinces de Caracatay, & fur tout le voifinage d'un Prince qui exerçoit continuellement fes troupes lui parut dangereux. Ainfi moins féduit peut-être par les follicitations de Gemouca, qu'entraîné par fa propre jaloufie, il prit la réfolution de faire la guerre. Il implora pour cet effet le fecours des autres Princes, qui n'avoient pas moins d'interêt que lui à s'oppofer aux progrés du nouveau Conquerant. Il envoya des Ambaffadeurs à Touctabéy & aux autres Cans de Mer 599. Kit, qui ne demanderent pas mieux que An. gr. de fe liguer avec lui. Le Can d'Oüyrat, 120 2. Heg. & celui de Kerit, qui étoit parent d'Ounghcan entrerent dans cette Ligue, & A. M. le Gemouca y engagea la Nation entiere de Porc. Jagerat, dont on lui envoya bien-tôt toutes les troupes. da D'un autre côté Temugin fut averti de ces pratiques par fes Correfpondans & fes Penfionnaires, & même par Alacou Can de la Tribu de Carluc, a qui lui manque Tayancan lui avoit propofé de joindre fes forces aux fiennes. Un parent de cet Alacou porta à Temugin la propre Lettre du Chef des Naïmans, laquelle contenoit toute la Conféderation dont on vient de parler. Sur cet avis, l'Empereur des Mogols affembla fon Confeil compofé de fon oncle Utegekin, de Caraschar Nevian, & de quelques autres perfonnes; Il voulut auffi que le Prince Jougi, autrement Toufchy son fils aîné y affiftât. Il n'eut pas plûtôt exposé la mauvaise volonté du Can des Naïmans, que la guerre fut ré a Condemir dit que ce Prince étoit un grand Aftrologue, qu'il avoit découvert par les lumieres de l'Aftrologie que l'Etoile de Temngin étoit tournée vers l'Augé ou le Zenith de la grandeur, & qu'au contraire celle de Tayancan déclinoit vers le Nadir de l'humiliation. An. gr. 1203. Heg. 600. folue. En même tems l'on envoya, de tous côtés porter les ordres du Grand Can aux Officiers de fes troupes, & l'on fit A. M. la quelques nouvelles levées. Ce fut au commencement de l'année 1203. que fon armée s'affembla. Dés qu'il y fut arrivé, l'on dreffa fes tentes. Il diftribua les troupes aux Officiers qui les devoient commander, & donna fes ordres. Souris. Il envoya d'abord à la découverte Cubla Nevian & Hubbé Nevian, avec les Soldats qui étoient fous leur conduite. Ces deux Capitaines allerent jufqu'aux rivages du Fleuve Altay. Ils apprirent par les prifonniers qu'ils firent en leur marche l'état des Ennemis : Ils fçurent que Tayancan se préparoit à fe mettre en campagne; que les troupes de Merkit, de Kerit, d'Oüyrate & de Jagerat, étoient déja dans le Camp des Naïmans; que Gemouca devoit en commander une partie; Et enfin que le bruit couroit dans l'armée de Tayancan, qu'il avoit deffein de venir au devant des Mogols pour les combattre. Cubla & Hubbé étant inftruits de tout ce qu'ils vouloient fçavoir, retournerent fur leurs pas jufqu'à leurs frontieres; d'où ils donnerent avis au Grand Can de ce qu'ils avoient appris. Et en attendant fes ordres, ils fe retrancherent cherent dans un pofte avantageux, parce An. gr. qu'étant fort éloignés du gros de leur ar- 1203. Heg. mée, ils pouvoient craindre quelque in- 600. fulte. Ils ne laifferent pas toutefois de A. M la fortir fouvent de leurs retranchemens, Souris. pour faire des courfes dans le païs en nemi. Cependant tout ce qu'on avoit dit à ces deux Capitaines n'étoit pas vrai. Tayancan fuivant la déliberation de fon Confeil, attendoit Temugin, loin de le vouloir aller chercher. Il crut devoir conferver fes troupes, au lieu de les fatiguer par une fi longue marche. Il étoit perfuadé que fon gendre ne manqueroit pas de venir l'attaquer, & il comptoit qu'aprés la vafte étendue de païs que les Mogols avoient à traverfer, & le manque de vivres qu'ils auroient à fouffrir dans les déferts, ils feroient facilement vaincus par une armée toute fraîche. Une partie de ce que le Can des Naïmans pensoit, arriva. Temugin joignit les troupes qu'il avoit envoyées devant. Là il fit rafraîchir fon armée autant que le lieu le pouvoit permettre, & s'éloignant de fes frontieres il s'avança dans le païs de fes Ennemis. Il marcha en bon ordre jufqu'au bord du Fleuve Altay. Aucunes troupes ne paroiffant pour lui en difputer H |