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A M. la

Souris.

can,

y

le paffage, il en fut d'autant plus furpris, qu'il ne s'attendoit pas à paffer cette Riviere fans oppofition. Effectivement il auroit eu beaucoup à fouffrir, pour peu qu'il eût trouvé de résistance. Mais Tayanquoi que Gemouca qu'il avoit fait fon Lieutenant General, lui repréfentât qu'il valoit mieux prévenir l'Ennemi que l'attendre qu'en allant au devant des Mogols, ce feroit le moyen de les empêcher de ravager le païs; que fes Soldats n'étant pas auffi aguerris que ceux de Temugin, il falloit les éloigner de leur patrie, de peur que la commodité de la retraite ne les rendît plus lâches. Tayancan, disje, au lieu de goûter les raifons de Gemouca, au lieu de profiter de bonne heure de la fatigue des Mogols en allant au devant d'eux; perfuadé que toute leur cavallerie étoit en mauvais état, & qu'elle feroit encore moins capable de combattre fi elle faifoit plus de chemin; que la fienne au contraire étant bien confervée remporteroit aisément la victoire, attendoit au milieu de fon païs Temugin, qui ne manqua pas d'y arriver bien-tot.

L'armée de cet Empereur n'étoit pas fi fatiguée ri fi mal nourrie que fon beau-pere fe l''maginoit parce qu'il l'avoit pourvûë de chair seiche, pour en ufer quand la

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fraîche leur manqueroit; outre cela, les An. gr. riches avoient tous une grande provifion In o 3. de Cammez, a & les autres du lait de che Heg. yre cuit & endurci. b D'ailleurs elle avoit A. M. la marché par des païs abondans en foura- Souris. ges: Et enfin l'imprudence du Chef des Naïmans donna le tems aux Mogols de se rétablir de leurs fatigues, & de fe mettre en bon état. Tayancan fe contenta de les envoyer reconnoître, lors qu'il apprit qu'ils s'approchoient de lui. Il donna cette commiffion à quelques prudens Capitaines, dont le rapport fidele commença à le faire repentir de n'avoir pas suivi le confeil de Gemouca.

Ce Can de la tribu de Jagerat, quoi qu'il vît bien qu'on avoit fait une grande faute de mépriser fon avis, n'en témoigna pas le moindre chagrin. Il n'en parut pas moins zelé pour la caufe commune. Il harangua les Officiers, leur parla de l'exceffive ambition qui portoit Temugin à vouloir regner fur tous les Cans, ainsi

a Lait de Cavalle.

b Ce lait cuit fert aux Tartares de deux alimens dans le befoin. Ils en font une espece de potage, ils en mettent dans un petit Outre avec de l'eau. Ils attachent l'Outre fous le ventre de leurs chevaux, dont le mouvement fait fondre dans l'eau le lait endurci, & ils le man » gent faus autre préparation,

An. gr.

Heg.

qu'il regnoit déja fur la plupart des Na1203. tions Mogoles, & fur plufieurs peuples du païs de Caracatay. Enfin il finit en A. M. la les exhortant à combattre vaillamment Souris pour leur liberté.

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Bataille Lorfque les armées furent en présence entre les & rangées en bataille. Le Prince Jougi & Mogols l'un de fes oncles commencerent le comles Nai- bat. Ils chargerent avec beaucoup de vi

mans.

enir.

gueur mais Cachluc fils de Tayancan foutint le choc avec tant de fermeté, que fes troupes n'en furent point ébranlées. Les deux jeunes Princes que la gloire animoit également, firent tous leurs efforts pour montrer qu'ils ne vouloient fe ce der ni en adreffe ni en valeur, la réfistance mutuelle des deux avant-gardes engagea peu à peu les autres corps, & les deux armées en vinrent aux mains.

Conde- a Le combat dura depuis le lever du Soleil jufqu'au coucher, & il fut auffi fanglant qu'opiniâtre. Tayancan y fit le devoir d'un grand General, & Gemouca le pouffé par la haine particuliere pour Grand Can, fe fignala par mille actions heroïques. Mais Temugin sembloit avoig enchaîné la victoire. Ses Mogols à fon exemple combattirent avec tant de cou

ร

Le fourneau du combat demeura embrafé depuis le matin jufqu'au fois,

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A. M, la

rage & d'intrepidité, qu'ils rompirent en- An. gr. fin les Naïmans. a Ils les mirent en fuite, 1 2 0 3. & en firent un horrible carnage. Tayan. Heg. can fut bleffé à mort, & mourut peu aprés de fes bleffures. Cachluc fon fils & Touc- Souris. tabéy le fauverent avec tous ceux de leur Alboulparti qui pûrent s'échapper des mains des cayr p. 7. Mogols. Pour Gemouca, fon ardeur Mort de l'emporta trop loin. Il fut fait prifonnier, Gemonca & on lui trancha la tête aprés la bataille, parce qu'on le regarda comme un homme qui étoit caufe de tout le fang répandu & de tous les malheurs de cette guerre.

rival de

Genghiz

can.

Aprés un fi heureux fuccés, le Royaume du vaincu, devint la proye du Vainqueur, qui foumit à fon obéiffance une grande étendue de Païs. b Temugin fe Conderetira à Caracorom, où pendant tout l'hy- mir. ver, fa Cour fut pleine d'Ambaffadeurs, dont les uns étoient envoyez pour le feliciter furfa victoire, & les autres pour lui demander fa protection, ou pour lui faire

a Tayancan fut tué. Cachluc s'enfuit, ainfi que les Mogols, Mecrites, Oirates & Jage

iates.

Aprés cette celebre victoire, Temugin réduifit à fon obéiffance la plupart des peuples Mogols par la force de fon fabre ravifleur des

ames.

Condemir met cet évenement en Izos. mais cela ne fe peut."

An. gr.

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des foûmiffions de la part de leurs Maî

tres.

Prefque toutes les Tribus Calmaques du A. M. la côté de l'Orient fe rangerent fous fa puifSouris. fance, & du côté du Septentrion, les feules Tribus dont les Cans étoient jaloux de l'indépendance, refuferent de rechercher fon appui ; & quelques Tribus Mogoles les plus éloignées de Temugin, fuivirent l'exemple de celles-ci. Touctabéy à la verité fomentoit leur haine. Lui qui s'étoit vû fort puiffant autrefois dans le Mogoliftan, ne pouvoit souffrir la fubite grandeur du nouvel Empereur qui étoit Mogol comme lui; & il n'avoit pas été des derniers à fe joindre à Tayancan. Auffi Temugin fe réfolut-il à tourner fes armes contre lui non-feulement animofité, mais encore parce que l'injure que ce Can lui avoit faite lui fourniffoit un prétexte pour achever la conquête du Mogoliftan.

par

Il paffa l'Hyver à regler les affaires des Pais qu'il avoit conquis; & aprés avoir ordonné à fes Generaux de mettre fes troupes en état de faire la guerre aux Tribus de Merkit, fortifiées de quelques Tanjouts & du Prince Cachluc fils de Tayancan; il partit au commencement du Printems de l'année 1204. à la tête d'une