Lorsque la Noue au Theatre français
De la Vertu defendait la Querelle
Son Jeu,ses Vers en peignoient les Attraits
Ses Moeurs en etoient le Modele.

Dessiné par Monnet.

Grave par CALillreten170

DE

THEATRE

DE M. DE LA NOUE.

A PARIS..
Chez DUCHESNE, Libraire, rue S. Jacques,
au-deffous de la Fontaine S. Benoît,
au Temple du Goût.

M. DCC. LXV.

Avec Approbation & Privilége du Roi,

PREFACE.

L

※※

ES premiers Poëtes Dramatiques furent tous Acteurs, au moins pour ce qui regardoit leurs propres Ouvrages. Cette coûtume ne s'eft pas toujours foutenue ni chez les Grecs,ni chez les Romains,ni fur-tout en France: mais le grand nombre de Comédiens Auteurs que la France a produits, nous retrace néceffairement cet ancien usage. L'inimitable Moliere en eft un exemple bien illuftre. D'autres, après lui, ont marché avec honneur dans cette double carriere. Parmi ces derniers, Jean Sauvé, plus connu fous le nom de la Noue, tiendra toujours un rang diftingué.

IL étoit né à Meaux, le 20 Octobre 1701, & il y fit une partie de fes études fous la protection de M. le Cardinal de Biffy dans le Collége des Chanoines Réguliers de Ste. Genevieve. Il vint les achever à Paris au Collège d'Harcourt. La Nature l'avoit mis à même de choisir entre diverfes profeffions qui exigent les talens de l'efprit; mais entraîné par fon goût pour le

Théâtre, il choifit d'abord celle de Comédien. Il débuta à Lyon par les premiers Rô les, n'étant encore âgé que de vingt ans. Il y fut parfaitement bien accueilli,. & n'a jamais ceflé de l'être fur les differens Théâtres où il a paru..

DE Lyon il fe rendit à Strasbourg. Là, même fuccès dans fes Rôles, & il y débuta dans un autre genre. Il donna pour fon coup d'effai les deux Bals, amufement comique où l'on trouve de l'efprit & de la gaieté. C'étoit en 1734. Plufieurs perfonnes diftinguées folliciterent dès-lors M. de la Noue de venir à Paris. Il s'y fit connoître, en effet, très-avantageufement l'année suivante par le Retour de Mars, Comédie en un Acte & en vers. Elle fut repréfentée au Théâtre Italien avec le plus grand fuccès. Elle en étoit digne. Tout, dans ce petit Drame, eft fin, vif, léger & penfé. L'efprit, l'art & le jugement s'y trouvent réunis. Il doit figurer parmi nos meilleures Pièces épifodiques.

LES Comédiens Italiens défiroient que fon Auteur entrât parmi eux. M. le Duc de la Trémoille l'en preffoit. M. de la Noue avoit d'autres vues, Il levoit dès-lors une Troupe de Comédiens pour le Théâtre de Rouen, de concert avec Mademoiselle Gauthier, qui en avoit le privilége. Ils refterent cinq ans dans cette ville, & toujours à titre d'affo