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nologues, on a inventé les confidens dans le sein desquels les héros déposent leurs chagrins et leurs desseins; mais le rôle de ces confidens est ordinairement. si froid, que le remede ne vaut gueres mieux que le mal..

Dans le Dialogue, il faut considérer la parole comme un bien commun auquel tous les interlocuteurs on droit et qu'ils doivent se partager selon leur intérêt, et selon la décence. On doit toujours sentir la raison pourquoi elle passe d'une bouche à l'autre. Cette dis-tribution demande d'autant plus d'art que cet art ne doit nullement paroître. Il faut que les idées et les intérêts se mêlent s'unissent, se relevent, se croisent, se choquent, se penetrent, se repoussent d'une façon libre, aisée, et prompte. Personne n'a été plus savant en cette partie, que Corneille et Moliere..

CHAPITRE VI.

Idée de la Décoration Théâtrale des An-ciens, de leurs Habits, de leur Décla mation.

TOUTE OUTE action se passe en un lieu; et ce lieu doit être convenable à la qua

lité des acteurs. Si ce sont des Bergers la scene est en païsage: celle des Rois est un palais, ainsi du reste.

Pourvu qu'on conserve le caractere du lieu, il est permis de l'embellir de toutes les richesses de l'art; les couleurs et la perspective en sont toute la dépense. Cependant comme les moeurs des acteurs doivent être peintes dans la scene même, il faut qu'il y ait une juste proportion entre la demeure et le maître qui l'habite; qu'on y remarque les usages des tems, des pays, des nations. Un Américain ne doit être ni vêtu, ni logé comme un François, ni un François. comme un ancien Romain, ni même comme un Espagnol moderne. Si on n'a point de modele, il faut s'en figurer un, conformément à l'idée que peuvent en avoir les spectateurs.

C'est ici le lieu de donner une idée du théâtre des Anciens. Comme les Romains ont pris des Grecs tout ce qu'ils avoient en ce genre, il suffira de parler du théâ◄ tre tel qu'il étoit chez les Romains.

Le théâtre chez les Romains étoit un lieu vaste et magnifique, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, et de belles allées plantées d'arbres, où le peuple se promenoit en attendant les jeux..

Pour en avoir une idée plus précise, il faut y considérer trois parties: 1.° L'échafaud ou la scene, que nous appelons aujourd'hui le théâtre. 2°. L'orchestre, que nous appelons le parterre. 3°. L'amphithéâtre.

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L'échafaud étoit appuyé contre une façade enrichie de trois ordres d'architecture, ayant une grande porte ceintrée au milieu, et deux plus petites à côté. Cet échafaud avoit quinze toises de longueur, et trente de largeur, et portoit des deux côtés des feuillets ou coulisses, à peu près comme les nôtres, et rangées de même, selon l'art de la perspective.. Au bas de l'échafaud se traçoit un demi-cercle, dont il étoit la base ou le diametre. C'est l'intérieur de ce demicelcle qu'on appeloit l'orchestre. C'étoit. dans ce lieu que les bouffons, les farceurs, les sauteurs jouoient leurs plaisanteries. Ensuite s'élevoient les degrés de l'amphithéâtre en demi-cercle, jusqu'au niveau du second ordre des colonnes de la façade, et c'est ce qui s'appeloit cavea.. Au-dessus de ces degrés régnoit un long portique, soutenu de colonnes qui symétrisoient avec le troisieme ordre de la façade. Enfin au-dessus de chaque colonne étoit placée une statue de grandeur héroïque.:

Ces édifices n'étoient que de bois quand on les dressoit pour un spectacleparticulier. Mais, ensuite on les fit de pierres; on y employa même le marbre, comme dans le théâtre de Pompée.

Les Anciens entendoient par scene, la façade qui fait le fond de la perspective. L'avant-scene, ou le proscenium, étoit le lieu où paroissoient les acteurs, ce que nous appelons aujourd'hui le théâtre. Derriere la scene, c'est l'endroit où s'ha-billoient les acteurs; il étoit placé derriere la façade de la scene, Sous la scene, c'est-à-dire, sous le sol de théâtre sous le plancher. Au-dessus de la scene, c'est tout ce qui paroissoit plus éle vé que les bâtimens représentés, comme les machines à lancer la foudre. Autor de la scene marque les fonds et les côtés où étoient les décorations communes.

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Le théâtre représentoit de grands paTais pour la Tragédie; des maisons com-munes pour la Comédie; et des paysages: pour la Satyre, et pour la Pastorale.

Tous les acteurs jouoient masqués.. Leurs masques étoient une tête entiere,, comme un casque, ayant un visage peint, des cheveux, des couleurs, et une grande. bouche, disposée tellement qu'elle gros-sissoit beaucoup la voix. C'est pourquoii on les appeloit, persona, à personando..

C'est à un de ces masques que le renard dans Phedre dit: Præclarum caput, cere brum non habet. Belle tête, point de cer-. velle..

Mais comment ces masques pouvoient. ils s'accommoder avec les changemens de passions qui arrivent souvent dans la même scene ?>

L'acteur à qui ce changement devoitt arriver, prenoit un masque, qui,ovu de profil, représentoit deux passions. D'un côté, par exemple, étoit peinte la joie,, de l'autre la tristesse; et quand il falloit passer d'un sentiment à l'autre, l'acteur se tournoit adroitement, et se montroit de l'autre côté:

Quant à l'habillement, les Grecs por toient dans la Tragédie de longues robes, appelées syrmata, mot tiré du grec,, ew, traho: dans la Comédie c'étoit des manteaux, pallia, et chez les Ro mains des toges, toga. De là les Comé-dies que l'on appeloit Palliatæ, c'est-àdire, dans les moeurs grecques, et celles, qu'on appeloit Togate,, c'est-à-dire dans les moeurs Romaines.

Leur déclamation étoit une espece dee chant elle étoit notée comme la musi-que ; excepté qu'ils n'avoient ni passages,, ni porte-voix cadencés, ni tremblemens Soutenus, ni les autres caracteres da

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