» de Junie, et la mort du jeune prince; mais >> l'amour est ici bien moins tragique, et d'un >> effet bien moins grand que dans Androma» que. Cependant l'union des deux amans est » traversée par la jalousie de Néron; la vie » du prince est menacée dès que le caractère » du tyran se développe, et sa mort est la ca» tastrophe qui termine la pièce. » La conversation d'Agrippine et de Néron est un chef d'oeuvre, et forme un morceau d'histoire parfait. Mais enfin, quand la mort de Britannicus a fait voir tout ce qu'on pouvoit attendre de Néron, Agrippine, qui n'a plus rien à ménaet qui ne songe plus qu'à l'épouvanter de ses propres fureurs, lui tient ce langage: ger, ... Poursuis, Néron; avec de tels ministres, Tes remords te suivront comme autant de furies: Et ton nom paroîtra, dans la race future, « Voilà un exemple de cet art si fréquent » dans Racine, de donner aux idées les plus » fortes l'expression la plus simple. Dire à un >> homme que son nom sera une injure pour » les tyrans, est déjà terrible, mais pour les plus cruels tyrans une cruelle injure! Je ne >> crois pas que l'invective puisse imaginer rien >> au-delà; et pourtant il n'y a rien de trop » pour Néron: son nom est devenu celui de » la cruauté (*). » Bérénice est foible, comparée aux autres pièces de Racine; et on a observé que, quoique les sentimens qu'on y trouve soient délicats et la versification noble et harmonieuse, elle manque de sublime et du terrible, ces deux (*) Cours de Littérature, par M. de La Harpe. grands ressorts de la tragédie. Racine y lutta contre les difficultés d'un sujet qui n'étoit pas de son choix; et s'il n'a pu faire une véritable tragédie de ce qui n'étoit en soi-même qu'une. élégie héroïque, il a fait du moins, de cette élégie, un ouvrage charmant, et tel que lui seul pouvoit le faire. On disoit dans le temps que c'étoit une pièce de commande, et que Titus n'étoit point un héros romain, mais un courtisan de Versailles. On prétendoit qu'Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, en avoit donné le sujet à Racine, et qu'elle avoit en vue le frein qu'elle-même avoit mis à son penchant pour Louis XIV (*). Ceci me paroît inconséquent c'étoit Titus qui avoit mis un frein à son amour, et non pas Bérénice, qui n'y met aucun obstacle; mais les vers suivans, prononcés par Bérénice dans toute l'ivresse de l'amour, furent appliqués à Louis XIV, alors (*). Le grand Condé pleurant aux vers du grand Corneille; VOLTAIRE. dans tout l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté et de sa gloire. De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur? Dans Bajazet, l'auteur avoit à travailler sur un nouveau terrein, et sur un terrein alors très-peu connu. Mais dès le commencement de cette pièce, on est instruit des mœurs, des usages, et de la politique des Turcs et du sérail. Le sujet est la conspiration du visir, pour mettre sur le trône Bajazet à la place d'Amurat, son frère. Pour faire ressortir le personnage de Bajazet, destiné dans le plan de la pièce à ne jouer qu'un rôle passif, il introduit, dans un dialogue entre Acomat et Osmin, un autre frère nommé Ibrahim; et les deux portraits produisent un contraste le plus heureux et le plus frappant. OSMIN. Quoi! Roxane, seigneur, qu'Amurat a choisie Асома Т. Il a fait plus pour elle, Osmin, il a voulu On l'abandonne aux mains qui daignent le nourrir. L'autre, trop redoutable et trop digne d'envie, La molle oisiveté des enfans des sultans. |