페이지 이미지
PDF
ePub

» de Junie, et la mort du jeune prince; mais >> l'amour est ici bien moins tragique, et d'un >> effet bien moins grand que dans Androma» que. Cependant l'union des deux amans est » traversée par la jalousie de Néron; la vie » du prince est menacée dès que le caractère » du tyran se développe, et sa mort est la ca» tastrophe qui termine la pièce. »

La conversation d'Agrippine et de Néron est un chef d'oeuvre, et forme un morceau d'histoire parfait.

Mais enfin, quand la mort de Britannicus a fait voir tout ce qu'on pouvoit attendre de Néron, Agrippine, qui n'a plus rien à ménaet qui ne songe plus qu'à l'épouvanter de ses propres fureurs, lui tient ce langage:

ger,

... Poursuis, Néron; avec de tels ministres,
Par des faits glorieux tu vas te signaler.
Poursuis tu n'as pas fait ce pas pour reculer.
Ta main a commencé par le sang de ton frère;
Je prévois que tes coups viendront jusqu'à ta mère.
Dans le fond de ton cœur, je sais que tu me hais :
Tu voudras t'affranchir du joug de mes bienfaits;
Mais je veux que ma mort te soit même inutile.
Ne crois pas qu'en mourant je te laisse tranquille.
Rome, ce Ciel, ce jour que tu reçus de moi,
Par-tout, à tout moment, m'offriront devant toi.

Tes remords te suivront comme autant de furies:
Tu croiras les calmer par d'autres barbaries.
Ta fureur, s'irritant soi-même dans son cours,
D'un sang toujours nouveau marquera tous tes jours.
Mais j'espère qu'enfin le Ciel, las de tes crimes,
Ajoutera ta perte à tant d'autres victimes;
Qu'après t'être couvert de leur sang et du mien,
Tu te verras forcé de répandre le tien;

Et ton nom paroîtra, dans la race future,
Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.

« Voilà un exemple de cet art si fréquent » dans Racine, de donner aux idées les plus » fortes l'expression la plus simple. Dire à un >> homme que son nom sera une injure pour » les tyrans, est déjà terrible, mais pour les

plus cruels tyrans une cruelle injure! Je ne >> crois pas que l'invective puisse imaginer rien >> au-delà; et pourtant il n'y a rien de trop » pour Néron: son nom est devenu celui de » la cruauté (*). »

Bérénice est foible, comparée aux autres pièces de Racine; et on a observé que, quoique les sentimens qu'on y trouve soient délicats et la versification noble et harmonieuse, elle manque de sublime et du terrible, ces deux

(*) Cours de Littérature, par M. de La Harpe.

grands ressorts de la tragédie. Racine y lutta contre les difficultés d'un sujet qui n'étoit pas de son choix; et s'il n'a pu faire une véritable tragédie de ce qui n'étoit en soi-même qu'une. élégie héroïque, il a fait du moins, de cette élégie, un ouvrage charmant, et tel que lui seul pouvoit le faire. On disoit dans le temps que c'étoit une pièce de commande, et que Titus n'étoit point un héros romain, mais un courtisan de Versailles. On prétendoit qu'Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, en avoit donné le sujet à Racine, et qu'elle avoit en vue le frein qu'elle-même avoit mis à son penchant pour Louis XIV (*). Ceci me paroît inconséquent c'étoit Titus qui avoit mis un frein à son amour, et non pas Bérénice, qui n'y met aucun obstacle; mais les vers suivans, prononcés par Bérénice dans toute l'ivresse de l'amour, furent appliqués à Louis XIV, alors

(*).

Le grand Condé pleurant aux vers du grand Corneille;
Tandis que, plus aimable, et plus maître des cœurs,
Racine, d'Henriette exprimant les douleurs,
Et voilant ce beau nom du nom de Bérénice,
Des feux les plus touchans peignoit le sacrifice.

VOLTAIRE.

dans tout l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté et de sa gloire.

De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur?
Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur?
Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée,
Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée,
Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat,
Qui tous de mon amant empruntoient leur éclat ;
Cette pourpre, cet or que rehaussoit sa gloire,
Et ces lauriers encor témoins de sa victoire;
Tous ces yeux qu'on voyoit venir de toutes parts
Confondre sur lui seul leurs avides regards;
Ce port majestueux, cette douce présence.....
Ciel! avec quel respect et quelle complaisance,
Tous les cœurs en secret l'assuroient de leur foi!
Parle, peut-on le voir sans penser, comme moi,
Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître,
Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître?

Dans Bajazet, l'auteur avoit à travailler sur un nouveau terrein, et sur un terrein alors très-peu connu. Mais dès le commencement de cette pièce, on est instruit des mœurs, des usages, et de la politique des Turcs et du sérail. Le sujet est la conspiration du visir, pour mettre sur le trône Bajazet à la place d'Amurat, son frère. Pour faire ressortir le personnage de Bajazet, destiné dans le plan de la pièce à ne jouer qu'un rôle passif, il

introduit, dans un dialogue entre Acomat et Osmin, un autre frère nommé Ibrahim; et les deux portraits produisent un contraste le plus heureux et le plus frappant.

OSMIN.

Quoi! Roxane, seigneur, qu'Amurat a choisie
Entre tant de beautés dont l'Europe et l'Asie
Dépeuplent leurs états et remplissent sa cour?
Car on dit qu'elle seule a fixé son amour;
Et même il a voulu que l'heureuse Roxane,
Avant qu'elle eût un fils, prît le nom de sultane.

Асома Т.

Il a fait plus pour elle, Osmin, il a voulu
Qu'elle eût dans son absence un pouvoir absolu.
Tu sais de nos sultans les rigueurs ordinaires.
Le frère rarement laisse jouir ses frères
De l'honneur dangereux d'être sortis d'un sang
Qui les a de trop près approchés de son rang.
L'imbécille Ibrahim, sans craindre sa naissance,
Traîne, exempt de péril, une éternelle enfance;
Indigne également de vivre et de mourir,

On l'abandonne aux mains qui daignent le nourrir.

L'autre, trop redoutable et trop digne d'envie,
Voit sans cesse Amurat armé contre sa vie ;
Car enfin Bajazet dédaigna de tout temps

La molle oisiveté des enfans des sultans.

« 이전계속 »