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fortune éleve en des places qu'ils n'occupent que pour fe rendre méprifables. Ces riches Plébeiens hommes nouveaux; pour exprimer certaines gens fortis de la lie du Peuple, que le hazard ou leur adresse a fait entrer dans les finances, ou dans les groffes Fermes, & qui font en peu de tems une fortune prodigieufe.

Je crois que fagacité n'a pas grand cours dans le monde, quoique de bons Ecrivains ayent affecté de s'en fervir; cela vient peut être, de ce que ceux qui ne favent pas le Latin ont affez de peine à l'entendre: cependant je ne condamnerois pas ce mot dans an ouvrage d'érudition.

Sécurité a été long tems à s'établir: Vaugelas avoit fait l'horoscope de ce mot, & prevû qu'il feroit un jour fort en ufage; tous nos bons Ecrivains l'employent; & quoique les femmes ne s'en fervent gueres, parce que peut-être elles ne l'entendent pas affez, je crois qu'on le peut employer dans le difcours, & dans les Livres, quoique quelques Auteurs prétendent que l'ufage ne fe foit pas encore affez déclaré en faveur de ce mot.

Incomplaifant & incomplaisance fe

N 2

difent

difent par mille gens, & même par des perfonnes qui ont du goût pour notre Langue, & qui en favent toutes les délicateffes. Cependant le Pere Boubours a fait une remarque expreffe, pour montrer que ces deux mots font de contrebande; ils nous fe roient aflez néceffaires, & je crois qu'il n'y a pas grand mal à s'en fervir. Il vaut mieux pencher à retenir, qu'à profcrire les termes, qui enrichiflent d'autant la Langue, quand ils ont toutes les conditions nécessaires, qu'ils n'ont rien de rude ou de barbare, & qu'ils ne péchent pas contre l'analogie.

Adjectifs qui ont la force des
Subftantifs.

C'E

'Eft une élegance d'employer de certains adjectifs, en qualité de fubftantifs; mais il faut en ufer avec quelque referve, & il n'eft pas permis de faire felon fon caprice des fubftantifs de toutes fortes d'adjectifs. On a été en quelque maniere obligé de faire cette création, lorfque le fubftantif n'étoit pas en ufuge, & que l'adjectif étoit établi. On ne dit point fériofité; mais en récompenfe l'on fe fert éle gamment

gamment de férieux, comme fi c'étoit un substantif.

* 11 nous vient quelque honte de montrer un vieux vifage, parmi de jeunes gens, qui loin de prendre pour fageffe notre férieux, fe moquent de nous, de vouloir paroître encore en des lieux publics, où il n'y a que de la galanterie & de la gayeté.

Il ne faut jamais fe prodiguer, il faut fe faire attendre pour être bien venu; on ne fauroit fe familiariser avec le vulgaire, qu'on ne perde cet air de dignité que la retraite & le férieux donne à ceux qui fe montrent

rarement.

Avec M. d'Aubigni la joye est de tous les païs, & de toutes les conditions; jufque-là qu'un malheureux y devient trop gai, & perd fans y penfer la bienféance d'un férieux que l'on doit pour le moins aux infortu

nes.

Unférieux trop fombre & trop enfoncé eft fort incommode: les perfonnes de ce caractere ne fe font gueres rechercher.

Il écouta toute la Piece avec unférieux le plus fombre du monde.

N3

S. Evremond.

I!

Il n'y a pas long-tems que ridicule fe prend comme férieux, en qualité de fubftantif: & il eft fort à la mode en ce fens-là, & bien plus en ufage que ridiculité, dont quelques Auteurs fe fervent ; & dont il ne faut encore fe fervir que dans le difcours familier.

* Le plus honnéte homme dont perfonne n'a befoin, a de la peine à s'exempter du ridicule en vieilliffant.

Je finis un fi fâcheux entretien ; c'eft un ridicule ordinaire aux difgraciez d'infecter toutes chofes de leurs difgraces, & poffedez qu'ils en font d'en vouloir toûjours occuper les au

tres.

Il faut un ridicule outré dans les Comedies, fi l'on veut qu'elles fervent de remede au ridicule des fpecta

teurs.

† A mesure que la faveur, & les grands biens fe retirent d'un homme, ils laiffent voir en lui le ridicule qu'ils couvroient, & qui y étoit, fans que perfonne s'en apperçût.

§ Tout homme vain a toûjours quelque endroit par où il laiffe voir le ridicule de fa vanité.

L'on dit

enco

*S. Evremond. † M. de la Bruyere.

SM. l'Abbé de Villiers.

encore entrer dans le ridicule des hommes, tomber dans le ridicule, fe donner un ridicule.

M. de la Bruyere s'eft fervi éle-: gamment de pitoyable, comme d'un = fubftantif. D'où vient que l'on rith fi libremen: au Théatre, & qu'on a honte d'y pleurer; eft-il moins dans. la nature, de s'attendrir fur le pitoyable, que d'éclater fur le ridi cule?

J'ai dit qu'on fe fervoit de l'adjectif ien qualité de fubftantif, lorfque le fubftantif manquoit; l'on s'en fert même, lorfque fon fubftantif eft en = ufage. Quoique foibleffe foit un fort bon mot, cela n'empêche pas qu'on = ne fe ferve de foible comme d'un fub- ftantif.

C'est une confolation pour nous de trouver nos foibles en ceux qui ont l'autorité de nous gouverner, & une #grande douceur à ceux qui font diftinguez par la puiffance,d'être faits comme nous pour les plaifirs. On auroit pû dire; c'eft une confolation pour nous, que ceux qui ont l'autorité de nous gouverner, foient fujets aux mêmes foibleffes.

La devotion vient aux femmes comme une paffion, ou comme le foi N 4

ble

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