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plus mûrement, & avec plus de fangfroid.

De Joins tumultueux un Prince environné,

Vers de nouveaux objets eft fans ceffe entraîné.

~Soins tumultueux dépeint parfaitement l'agitation d'un Prince accablé d'affaires, & qui ne goûte nul repos.

Lorique Charles-Quint prit le gouvernement de fes Etats,il trouva l'Ef pagne révoltée contre le Cardinal Ximenès, qui en avoit la régence; Phumeur austere, & les maniéres dures du Cardinal étoient infupportables aux Espagnols. Humeur auftere, manieres dures, au lieu de dire la féverité d'un naturel intraitable.

Un burlefque enjoué, fin, délicat, ingenieux: un ferieux fade, languif. fant, infipide. Pour l'ordinaire il ne faut pas entaffer trop d'épithetes les unes fur les autres : quelquefois elles font un bon effet.

Le Siecle eft dur; pour dire on a de la peine à vivre. Un relâchement politique & fateur, pour s'accommoder aux paffions déreglées des hom. mes. Des démarches étudiées & mysterienfes,fignifient élégamment la con

duite fine de certaines gens, qui ne font rien fans deffein Tenir une con duite délicate; c'est-à-dire s'obferver, fe ménager, ne rien faire étourdî

ment.

Un mérite importun qui éteint celui des autres ; pour exprimer une perfonne d'un grand mérite, qui efface tout le monde, & qu'on ne regarde qu'avec quelque efpece de jaloufie. Il a la phyfionomie trop épaifle, pour me dupper. Trop épaisse, eft opposé à Spirituelle. Une féverité mysterieuse, des grimaces affectées, un ferieux le plus fombre du monde.

cer,

Si ces épithetes, quand on fait l'art de les choifir, & de les bien plafont un fi bel effet dans la profe, elles n'ont pas moins de grace dans les vers: mais il n'en faut point mettre de froides, de vagues, qui ne fignifient rien, & qu'on n'employe, que pour remplir une place vuide. * Pour moi je Juis peu fait à cet amour auftere,

Qui dans les feuls regards trouve à
Se fatisfaire.

Le dehors plâtré d'un zèle fpé

cieux.

De fes fiertez l'imperieux caprice.

Vers de Moliere.

Le Poëte entend par amour austere, un amour fage & reglé, qui ne fon gepoint à la bagatelle: le dehors plátré d'un zéle spécieux, pour peindre les hypocrites: imperieux caprice en parlant de ces beautez fieres, qui fe prévalent de la complaifance, ou plû. tôt de la fottife de leurs amans. *Leur fombre inimitié ne fuit point mon vifage,

Je vois voler par tout les cœurs à
mon paffage.

Chacun fuit fon filence farouche.
Né fous le Ciel brûlant des plus noirs
Africains,

Dans leurs Climats brûlans les Afri-
cains domptez.

M. Racine choifit bien les épithetes qu'il employe. Sombre inimitié ▾ pour exprimer l'averfion qu'on a des méchans Princes. Silence farouche peint bien le cara&ere de Neron, agité de remords, & qui ne refpiroit que la

cruauté.

Que fon farouche orgueil le rendoit

odieux!

De l'auftere pudeur les bornes funt pallées.

Mais mon are accablée,

* Vers de M. Racine.

Econ

Ecoutoit fans entendre, & ne leur a
laiffé,

Pour prix de leurs transports qu'un
filence glacé.

Il faudroit copier tous les vers de M. Racine, fi l'on vouloit remarquer foutes les épithetes choilies, qui y font femées, comme autant de fleurs. *Ces mots, ces tiens brillans qu'a-. vec pompe il étale,

Qu'en termes précieux il prêche la

Morale.

Et que fes vains difcours le donnent pour Sermons

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Pour articles de foi certains vifion
naires,

Font en chaire paffer leurs dévotes

chimeres.

Il eft aifé de voir par tous les exemples que je viens de citer quelle grace donnent au difcours les épithetes bien choisies, foit qu'on écrive en profe ou en vers. Mais il faut qu'elles tiennent du caractere des, chofes qu'elles repréfentent,& qu'elles foient faites pour le lieu où on les place. Ce n'eft pas affez de coudre une épithete à chaque mot, il faut de l'efprit, & de l'art, pour les choifir.

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D'Epi

*Vers de M. l'Abbé de Villiers. C

Epithetes trop fortes.

LEs jeunes gens g

Es jeunes gens, & ceux qui n'ont ceux que pas encore le goût bien formné fe fervent fouvent d'épithetes pom. peufes & brillantes, perfuadez que. c'eft un des plus grands ornemens du difcours ; mais ils ne font pas réflexion que ces termes ampoullez donnent dans le Phebus, & qu'ils font entierement oppofez au génie de la Lan· gue Françoife, qui n'aime que ce qui eft fimple & naturel. Ces expreffions fi magnifiques font toûjours outrées : en matiere de langage rien ne peut laire, que ce qui eft conforme à la Dature; tout ce qui y eft oppofé, eft faux & contraire à la véritable élégance. Après tout ce que j'ai dit des é. pithetes choisies, il fuffira d'apporter quelques exemples de épithetes trop fortes.

Ni la beauté des Thuileries qui enchantent tous les yeux, ni la magnificence du Cours, paré de l'éclatant embarras des plus fuperbes équipages. Apparemment M. de S. Evremond n'y pensoit pas lorsqu'il s'exprimoit de la forte: l'éclatant embarras des

plus fuperbes équipages, donne un peu dans le Phebus.

Ceux

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