페이지 이미지
PDF
ePub

Mon deflein eft d'entrer dans le génie de la Langue Françoi fe, & de rechercher ce qui fait la beauté de certaines locutions qui nous charment, & qui expriment fi bien ce que l'on veut dire. J'ai remarqué que ceux qui parlent le plus poliment ne fe diftinguent des autres, que parce qu'ils ont l'art de bien placer les termes dont ils se fervent, qui ne feroient pas un febel effet s'ils étoient difpofez autrement. Comme il n'eft pas permis de faire de nouveaux mots; tout le fecret confifte à bien mettre en œuvre ceux que l'Ufage à reçûs. J'ai commencé par les expreffions naturelles; parce qu'il n'eft rien de plus important pour bien parler, que de choisir des termes proportionnez à la matière dont on traite Si le füjet eft noble & fublime, il faut que les expref. fions foient belles & magnifi ques au contraire fi le fujet eft VILL BUHOVNOɔub asb petit, ?

[ocr errors]

:

[ocr errors]
[ocr errors]

petit, il ne faut fe fervir que d'expreffions fimples. Rien n'eft plus oppofé aux expreffions natu relles que les expreffions trop re cherchées ceux qui n'ont pas un veritable goût de notre Langue croyent fe diftinguer des autres en cherchant de longs détours, pour exprimer les chofes les plus aifées à entendrel; ils ne font qu'embarraffer ceux qui les écou tent ou quilifent leurs Ouvrages

Comme il y a de certains fu jets qui demandent que l'on s'ex prime avec plus de force & plus de feu je traite enfuite desexpref frons vives. Je dis que la vivacité de l'expreffion confifte dans l'af femblage de certains termes éner giques, & propres à faire fentir ce que l'on penfem jav st Ce n'eft pas affez pour parler! François de fe fervir précisément des termes établis par l'Ufage, il faut encore que l'alliance de ces termes foit légitime & autorisée; *"6

[ocr errors]

je

jecite une infinité d'exemples de ces termes mal affortis, afin qu'on évite cet écueil; puifque l'on fait fouvent une mauvaise phrafe d'excellens mots mal mis en œu yre, and sporun sung sing Les épithetes font d'un grand ornement au discours; mais il ne faut pas qu'elles foient trop pompeufes ni trop brillantes. Souvent ce brillant & cette magnificen ce donnent dans le Phebus; la1 Langue Françoife aime fur tou. tes chofes ce qui eft fimple & naturel.

Le but que je me fuis propofé dans ces Remarques, eft d'aider ceux qui ont quelque goût de la Langue Françoife, & qui ont envie de la bien parler ; dans cet te vûë je me fuis fort attaché à bien expliquer en quoi confifte la délicateffe de certaines expreffions qui font un bel effet dans la converfation & dans les Li. yres; les exemples que je cite

pour

[ocr errors]

pourront fervir de modeles." Il faut bien prendre garde, en voulant parler délicatement à ne pas donner dans un certain lan gage précieux; notre Langue n'aime point tout ce qui a l'air d'affectation; ceux qui recher chent avec trop de foin ces ex. preffions affectées, fe donnent beaucoup de peine pour parler mal:

J'explique ce que c'est qu'une phrafe imparfaite ou eftropiée: c'eft à dire à qui il manque quelque verbe, quelque fubftantif, ou quelque nom, & ce défaut la rend vicieule.

Quelques-uns croyent bien parler parce qu'ils favent coudre des mots nouveaux les uns aux autres, & ils répétent éternellement les mêmes chofes; leur en tretien eft un tiffu de phrafes har monieules qu'ils ont remarquées ou dans les Livres ou dans les converfations; ils ont chargé leur

me.

memoire de ces phrases, & ils les redifent à tout propos.

Rien n'eft plus oppofé à l'élégance & à la netteté du ftile, que les mauvaifes conftructions, les conftructions louches & les équi voques; elles détournent le fens, & font naître d'autres idées que celles qui font attachées aux pa roles dont on fe fert.

Si la matiere dont on traite eft grande, & pathetique, il faut qu'elle foit foûtenue par de fortes expreffions; c'eft ce que j'ai tâché de faire concevoir dans l'article, qui a pour titre termes énergiques; ce font certaines expreffions heureufes, qui impriment vivement l'idée de ce que l'on veut faire fentir. Les mots reffemblent en quelque maniere aux couleurs d'un portrait; l'adreffe du Peintre confifte à bien choifir fes cou. leurs, & à les ménager en telle forte que le portrait foit reffem blant à la perfonne qu'il a voulu

« 이전계속 »