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convaincre les Juges, pour fe faire abfoudre le premier. Cette équivoque, eft groffiere, & confond tout le fens de la phrafe: car on ne fait fi Clodius trouva le moyen de convaincre les Juges, qu'il étoit tombé en adultere, ou de leur prouver qu'ils y étoient tombez eux-mêmes.

* Force Dames s'y trouverent à l'accoutumée; & parmi elles la fille d'un Avocat avec fa mére, âgée de dix-fept ans, une des plus belles créatures de la Ville. Cet exemple montre bien le mauvais effet que font les équivoques dans le difcours. La fille d'un Avocat avec fa mére âgée de dix-fept ans ; ne diroit-on pas que c'étoit la mére qui n'avoit que dis fept ans?

Il s'aquit la réputation d'un homme favant. Cette équivoque eft délicate; il faloit mettre d'homme favant; ce n'est pas la même chose.

Alexandre ne dédaigne pas de s'appuier de l'autorité des Loix, pour avoir fait donner le foüet à un jeune garçon, lorfqu'il eft le Maître de l'Univers. On diroit que ces dernie

F

res

Memoires de M. de Guife. † S. Evre

word.

res paroles fe rapportent à un jeune garçon. Cependant felon le fens, elles doivent fe rapporter à Alexandre, qui étoit le Maître de l'Univers.

Comme des vents violens éteignent un flambeau qu'on expofe à l'air: ainfi les Démons, font tout ce qu'ils peu vent pour éteindre le feu que la prié re allume dans notre cœur, par les pensées diverses & inquiétes qu'ils nous fulcitent. Le mauvais arrange ment des paroles fait l'équivoque de cette phrafes; car fi on avoit mis, ainfi les Démons, par les penfées di verfes, & inquiétes qu'ils nous fufcitent, font tout ce qu'ils peuvent pour éteindre le feu, que la priere allume dans notre coeur, la conftruction feroit nette, & il n'y auroit nulle ambiguité.

Les Prêtres & les Lévites font don. nez aux peuples, pour les empêcher de tomber en de pareilles fautes, par les bons confeils qu'ils leur donnent. Cette équivoque eft femblable à celle de l'exemple précedent; & pour l'éviter, il ne faloit que changer l'ordre des paroles. Les Prêtres & les Lévites Jont donnez aux Peuples pour les empêcher, par les bons confeils qu'ils leur donnent, de tomber en de pareilles fautes. Ces deux équivoques font fur

mon

mon compte : j'ai fait la premiere dans la traduction des Sermons choifis de S. Jean Chryfoftome : la feconde eft dans la traduction des Offices de S. Ambroife.

Un Tems nis pour l'autre.

'Eft une faute groffiere que de

Cconfondre les fems des verbes,

& il n'y a rien de plus contraire à l'élegance. Les particules fi, quoique, la négative'ne, demandent fouvent après elles le fubjonctif, aulieu de l'indicatif, & c'eft pécher contre les régles de la bonne élocution, que de prendre l'un pour l'autre, comme on le verra par les exemples fuivans.

.*Le Juge ébloui par les apparences condamna Jofeph fans l'entendre, comme s'il avoit effectivement com mis l'adultere; il le fit jetter chargé de fers dans un cachot. Au lieu de s'il avoit, il faloit mettre s'il eût. La particule, dans ces rencontres regit le fubjonctif, & j'ai eu tort de me fervir de l'indicatif.

Ils n'ont point crû qu'il faloit mé

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na

*Opufcules de S. Chryfoftome, traité de la Providence Réflexions fur ce qui peur plai Le ou déplaire dans le commerce du monde.

nager des gens de ce caractere, qui ménagent fi peu le public, & qui ne veulent pas fe gêner un peu pour fauver les apparences, Quand la particule que, eft précedée d'une négative, il faut mettre le verbe fuivant au fubjonctif; & ainfi c'est une faute de dire, ils n'ont point cru qu'il faloit ménager des gens de ce caractere, pour qu'il falût. Je dis quand elle eft pré. cedée d'une négative; car fi la propofition eft affirmative, il faut fe fervir de l'indicatif. Ils ont cru qu'il faloit ménager des gens de ce caractere. Ils ent cru qu'il faloit fe fervir d'expreffrons un peu fortes, pour faire fentir le ridicule d'une passion qui semble maintenant fi privilegiée.

*Le meilleur parti que l'on peut prendre avec des gens qui nous quittent, c'est de leur donner la liberté de nous quitter; fi cette perte nous afflige, il ne faut pas qu'ils ayent le plaifir d'appercevoir notre chagrin. A prendre la chose dans la rigueur, je ne crois pas que ce foit abfolumeni une faute, de dire le meilleur parti que l'on peut prendre avec des gens qui

nous

Reflexions fur ce qui peut plaire on dé

plaice dans le commerce du monde.

nous quittent; mais du moins, il eft plus élegant de mettre, le meilleur parti que l'on puifle prendre.

Cet homme nourri de fang, ac. coûtumé au carnage, qui dès fon enfance déchiroit des Lions & des Ours, ne put fe défendre des tendreffes de Dalila; quoi-qu'une humeur affez fauvage devoit le rendre moins fenfible †. J'ai dit au commencement de cet article que la particule quoique demandoit après elle le fubjonctif; cette regle n'eft pas obfervée dans l'exemple que je viens de citer; quoiqu'une humeur affez fauvage devoit le rendre moins fenfible, aulieu de dût le rendre moins fenfible.

Je ne comprends pas que mes créanciers peuvent dormir, fachant bien que je ne les payerai jamais. Dans cet exemple la particule que, eft précedée d'une négative; je ne comprends pas que mes créanciers, & par confé. quent il faloit mettre puiffent, aulieu de peuvent. Si la propofition étoit affirmative, il faudroit mettre l'indicatif; je comprends bien que mes Créanciers peuvent dormir.

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C'eft

Samson. † Refléxions fur ce qui peat

plaire, &c.

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