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dit M. de la Bruyere, des gens fades, oififs, défoccupez.

De parler, on a fait parleur; c'est un beau parleur; un parleur agréable. Quelques uns disent déparler; mais je crois qu'ils ne le difent qu'en riant, & que ce terme n'eft bon que dans le burlesque.

* Ah! que je bais les gens qui fur les moindres cas

Commencent à parler, pour ne déparler pas.

Ces fortes d'expreffions jufqu'à ce qu'elles foient reçues ne doivent point être employées dans le ftile noble.

Si j'en étois crû, on introduiroit beaucoup de verbes avec la particule négative de, ils font commodes pour l'ufage & l'on diroit en un mot, ce qu'on ne peut exprimer que par de longs détours. D'ennuyer, on a fait défennuir; ne pourroit-on pas dire défatrifter comme a fait Moliere?

Donnez lui le loifir de fe défatrifter. Pourquoi ne diroit-on pas déconfeiller, déparler, défouhaiter? j'ai entendu dire ce dernier à une jeune perfonne qui a beaucoup d'efprit, & de mérite, & du goût pour les belles choHauteroche. † Mademoiselle Meusnicr.

chofes & pour la Langue; elle parle & elle écrit fort poliment; l'endroit où elle plaça défouhaiter fit plaifir à ceux qui l'entendirent. Tous lui donnerent leur fuffrage, & fouhaiterent que le public le reçût favora

blement.

On ne difoit d'abord tranquilifer qu'en plaifantant.

Je fuis dans ma chambre où je me tranquilife.

On le dit aujourd'hui ferieufement; de bons Auteurs s'en fervent même dans leurs Ouvrages. Quelques-uns difent auffi caracterifer, popularifer, dont j'ai déja parlé; ridiculifer, Satyrifer. Moliere s'eft fervi dans l'impromptu de Versailles, de perfonaliser: mais peut-on dire, comme a fait le Pere Boubours, perfonnifié? für ce pied-là, en fuivant l'analogie, on pourra dire hommifié, femmifié. Pourquoi ne le diroit-on pas, ou du moins pourquoi ne hazarder pas de certains mots qui peuvent fervir? file public les reçoit, à la bonne heure; s'il les rebute, on ne fait pas un grand crime, en hazardant un mot.

Je ne fai fi M. de la Bruyere eft l'in

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*Nouvelles Remarques p. 324.

ven

venteur d'un mot que l'on voit dans fes Caracteres: le dédain & le rengorgement dans la focieté attire précitément le contraire de ce que l'on cherche, fi c'est à fe faire eftimer. Ce terme exprime bien le caractere de certaines perfonnes fiéres & fuffifantes, qui ont une haute estime de leur mérite.

T

De quel genre eft risque.

'Avois toûjours crû que ce mot étoit feminin, & qu'on n'en pouvoir nullement douter;cependant d'excellens Auteurs l'employent au mafcuJin & au feminin: M. de la Bruyere dans fes Caracteres le fait toujours mafculin: S'il fe trouve une femme pour qui l'on ait eu une grande paffion, & qui ait été indifferente; quelque importans fervices qu'elle nous rende dans la fuite de notre vie, l'on court un grand rifque d'être ingrat. Qui fait même s'ils n'ont pas déja inis une forte de bravoure & d'intrepidité à courir tout le rifque de l'avenir? Le même Auteur dit encore: La Religion eft vraye, ou elle eft fauffe: fi elle n'eft qu'une vaine fiction, voila fi l'on veut foixante années perdues

pour

pour l'homine de bien, pour le Chartreux, on le folitaire, ils ne courent pas un autre rifque.

M. de S. Evremond employe auffi ce terme au mafculin: Un grand homme ne doit jamais commettre fa reputation au rifque d'une converfation, d'une difpute, d'une entrevûe, car fi elle ne lui réuffit pas il ne s'en relevera jamais.

Quelque forts que foient ces fuffrages, il vaut mieux donner à ce mot le genre feminin, & dire de grandes rifques; courre la rifque. L'efpoir de pofleder cet avantage me rendra les plus grandes difficultez faciles, & je doit courre la rifque dont vous me

menacez.

L

Plufieurs fubftantifs régis par le même verbe.

Orfque l'on met dans la même phrafe plufieurs fubftantifs de fuite qui fe rapportent tous à un même verbe, il faut que ces fubflantifs foient d'une telle nature qu'ils puiffent être régis par le verbe qui les gouverne: cette maxime eft importante pour l'exactitude du ftile;on la comprendra M 3

pent

peut-être mieux par un éxemple. Il en eft qui examinent trop curieufement la vie & les mœurs des pauvres, leur païs, leur mêtier, leur conftitution, & qui leur font des crimes de leur fanté, voila pourquoi plufieurs font contraints de contrefaire les eftropiez, afin que cette feinte calamité nous touche & fléchifle notre dureté. C'eft parler reguliérement que de dire, éxaminer la vie, les mœurs, la conftitution des pauvres; mais je doute qu'on puifle éxaminer leur métier, leur pais; il faudroit dire; examiner de quel Pais ils font, quel métier ils profeflent.

il faut encore bien prendre garde de donner le même régime à des verbes, qui demandent des régimes differens. Moife ne s'apperçut point d'une chofe qui n'eût pas échappé à la connoiffance de l'homme le plus fimple, & dont fon Beat-pere tout barbare qu'il étoit s'apperçut, & fit remarquer à tout le monde. La faute eft dans les dernieres paroles; d'autant que le même régime ne convient pas à s'ap perçut, & fit remarquer. On dit bien s'appercevoir de quelque chofe; mais l'on ne peut s'exprimer de la forte, quand on fe fert de remarquer.

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