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Le divin Maître veut sans doute faire entendre à sa mère qu'il doit agir ici en Fils de Dieu, non en fils de Marie, et que l'heure d'accomplir un miracle n'est pas encore arrivée. Toutefois, la très Sainte Vierge comprend qu'elle est exaucée et que, par égard pour son intercession, le Sauveur est disposé à mettre sa puissance divine au service des jeunes époux.

<< Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu'il vous dira. << Or, il se trouvait là six urnes de pierre, pour l'ablution des « Juifs; elles contenaient chacune deux ou trois métrètes », soit de 80 à 120 litres. « Jésus leur dit : Emplissez d'eau les urnes, « et ils les remplirent jusqu'au bord. Jésus ajouta alors: Pui<<< sez maintenant, et portez-en à l'intendant. Ils en portèrent. « L'intendant goûta cette eau changée en vin. Il ignorait d'où << elle provenait; mais les serviteurs le savaient bien, eux qui << avaient puisé l'eau. Aussitôt l'intendant appela l'époux et lui <«< dit : On sert d'abord le bon vin, puis, après qu'on a bien bu, «< celui qui est moins bon; toi, au contraire, tu as gardé le bon <«< vin jusqu'à ce moment ». Le miracle est ainsi constaté par l'intendant du festin, par les serviteurs et ensuite par tous les convives. Notre Seigneur a changé une substance en une autre; sa puissance a produit en un seul instant ce qu'elle fait accomplir d'ordinaire en plusieurs mois par les forces de la nature; sa bonté, qui ne connaît pas la parcimonie, a offert aux jeunes époux un présent vraiment royal.

<< Ce fut le commencement des signes de Jésus; il le fit à Cana, << en Galilée. Par là, il manifesta sa gloire, et ses disciples cru<«< rent en lui » 1. Ce miracle est donc un signe, comme tous les miracles qui suivront. La merveille extérieure révèle la gloire cachée de la divinité qui est en Notre Seigneur. Le miracle, constaté par les témoins qui entourent le Sauveur, démontre qu'il agit en maître absolu au milieu de la création, sans jamais rencontrer de résistance; et comme Dieu permet parfois à des puissances subalternes de produire des effets qui dépassent les forces ordinaires de la nature, et jettent l'homme dans l'étonnement, Notre Seigneur donnera à ses miracles un tel caractère

1. S. Jean, II, I-II.

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de spontanéité, d'absolue indépendance, d'inimitable bonté, que les hommes ne pourront s'y tromper, surtout quand celui qui fera ces merveilles dira en même temps: Je suis le Fils de Dieu. Les premiers disciples du Sauveur, avec leur âme simple et exempte de préjugés, vont tout droit à la lumière, et, guidés à la fois par le bon sens et par la grâce, ils croient en lui.

Mais, tout en étant le signe éclatant de sa divinité, les miracles de Notre Seigneur sont aussi le symbole de réalités invisibles produites dans le monde de la grâce. A ce point de vue plus particulier, quelle touchante harmonie entre le premier miracle du Sauveur et le dernier! Le festin de Cana présage celui du cénacle; le mariage qu'il honore et sanctifie par sa présence est l'image de l'union qu'il contractera avec son Église; si l'eau est changée en vin, c'est pour préluder à cet autre changement plus merveilleux du pain au corps du Seigneur et du vin en son sang. Avec quelle joie Jésus dut céder à l'invitation de Marie! Il entrevoyait déjà son Eucharistie, l'incomparable présent nuptial qu'il se proposait d'offrir à son Épouse bien-aimée, la sainte Église.

<< Il descendit ensuite à Capharnaum, avec sa mère, ses frères << et ses disciples, et ils y demeurèrent quelques jours » '. Capharnaüm était une petite ville assise sur le rivage nord-ouest du lac de Tibériade; elle devait être comme la capitale du royaume évangélique pendant toute la vie publique du Sauveur, et c'est de là qu'il allait rayonner pour annoncer la bonne nouvelle dans toutes les directions. La petite armée qu'il destine à la conquête du monde a déjà ses cadres formés. Il y a là les frères et les disciples du Seigneur : ils seront plus tard les apôtres et les missionnaires évangéliques. Marie, qui sera bientôt rejointe par quelques femmes saintes et dévouées, veillera pour assurer à chacun les soins que réclame la vie matérielle. Elle a jadis nourri l'enfant Jésus : quelle mère plus tendre pourrait pourvoir aux besoins de l'Église à son berceau!

Ce premier séjour à Capharnaüm fut de courte durée : la Pâque approchait, et il fallait se rendre à Jérusalem.

1. S. Jean, 11, 12.

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La forteresse Antonia et le Temple d'Hérode. Vue prise de l'ouest.

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Désigné par saint Jean sur les bords du Jourdain comme l'Agneau de Dieu, Jésus était revenu manifester sa gloire à ses premiers disciples, dans cette Galilée où pendant trente ans il avait vécu ignoré. Durant cette longue période, ses voyages à Jérusalem furent fréquents; mais si, à douze ans, le Sauveur laissa quelques rayons de sa divinité percer à travers le voile de son humanité, la radieuse apparition n'eut qu'une courte durée, et, les années suivantes, personne ne put distinguer le Fils de Dieu de la foule des Galiléens. Le prophète avait pourtant prédit une visite terrible du Dominateur, de l'Ange de l'alliance, dans son temple « Voici qu'il vient, dit le Seigneur des armées. Qui pourra songer au jour de son avénement? Qui sera capable d'en soutenir la vue? Il est comme le feu du fondeur, comme l'herbe mordante du foulon. Il va s'asseoir comme le fondeur pour raffiner l'argent; il va purifier les fils de Lévi, les passer au creuset comme l'or, pour qu'ensuite ils offrent au Seigneur des

sacrifices selon la justice » '. Les fonctions messianiques du Sauveur étant inaugurées, il convenait qu'il fît enfin acte d'autorité dans le temple, la maison de son père.

« La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusa«<lem », avec les caravanes qui partaient de tous les points de la Galilée pour s'acquitter du saint pèlerinage. La première visite des pieux pèlerins était pour le temple.

Le temple de Jésusalem ne ressemblait en rien aux monuments élevés depuis en l'honneur de Dieu. C'était une série de constructions très diverses, séparées par des cours ou parvis en plein air. Il occupait un vaste quadrilatère sur le petit plateau du mont Moria, à l'est de Jérusalem. Cet espace était d'abord entouré par un mur puissant, descendant de trois côtés le long des flancs de profondes vallées. Plusieurs portes donnaient accès dans l'enceinte. A l'intérieur du mur courait un magnifique portique, avec des colonnes de marbre et des toits en bois de cèdre. Le portique oriental, le long de la vallée du Cédron, s'appelait le portique de Salomon; celui du midi portait le nom de portique royal; il aboutissait à un pont qui faisait communiquer la colline du temple à la partie de la ville située sur le mont Sion, plus élevé de 30 mètres que le plateau du Moria. Le portique royal formait trois allées, les autres deux seulement. Ces abris défendaient contre la pluie et contre le soleil, et servaient de rendez-vous à tous ceux qui aimaient à discuter sur les questions religieuses.

A l'intérieur du quadrilatère fermé par les portiques, une balustrade circonscrivait un rectangle occupant à peu près le quart de l'espace total. Ce rectangle constituait la partie du temple exclusivement réservée aux Israélites. Des inscriptions avertissaient les étrangers qu'ils ne pouvaient franchir la barrière sans péril de mort. Tout l'espace non réservé s'appelait le parvis des gentils. L'accès n'en était interdit à personne. Sous le règne d'Hérode, des marchands avaient commencé à s'y installer, sous prétexte de mettre à la portée des pèlerins les animaux nécessaires pour les sacrifices. Des changeurs avaient aussi in

1. Malachie, 111, 1-3.

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