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CHAPITRE V.

MIRACLES SYMBOLISANT LA RÉMISSION DES PÉCHÉS.

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Jésus poursuivi partout par les foules. —
Les péchés remis. Vocation de Mat-
Jésus venu pour les pécheurs. Les

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La lèpre. Guérison d'un lépreux. Le paralytique de Capharnaŭm. thieu. Le festin chez Matthieu. disciples ne doivent pas jeûner tant que l'époux est avec eux. L'œuvre de la première année de ministère public.

Une des maladies qui excitèrent le plus vivement la compassion du Sauveur fut la lèpre, commune encore aujourd'hui dans certaines contrées. Ce terrible mal est l'effet d'un virus qui décompose le sang, ronge peu à peu la peau et les chairs, produit des tubercules et des ulcères qui ôtent au malheureux jusqu'à l'aspect d'un être humain. Son haleine devient fétide, sa vue répugnante, et son voisinage absolument insupportable, même à ses plus proches parents. Parfois la lèpre va jusqu'à faire perdre toute sensibilité; elle détruit alors les organes des sens et s'attaque aux articulations, jusqu'à ce que les doigts des mains et des pieds se détachent comme des fruits pourris. Cette maladie, endémique dans certains pays, n'est point regardée comme contagieuse aujourd'hui; il est très douteux qu'elle fût considérée comme telle par les Juifs. Elle est quelquefois mortelle; plus ordinairement elle épargne la vie et dure alors une dizaine d'années, à moins qu'elle n'affecte la sensibilité, ce qui la prolonge d'environ neuf ans.

La loi de Moïse s'occupait en grand détail des pauvres lé

GUÉRISON D'UN LÉPREUX.

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preux. Les prêtres étaient chargés de constater la maladie; sitôt la constatation faite, le lépreux devait quitter la société de ses semblables, et, s'il en apercevait par les chemins, il était obligé de leur crier de loin: Impur! impur! pour qu'ils se tinssent à l'écart. Le contact d'un lépreux faisait en effet contracter une impureté légale. Ainsi séquestrés de tout commerce avec les autres hommes, les malheureux pouvaient se réunir entre eux, sans être les victimes et les témoins continuels du dégoût que leur mal inspirait. On avait soin d'ailleurs de déposer en des endroits convenus les aliments et les objets qui leur étaient nécessaires. S'ils appartenaient à une famille plus aisée, ils se contentaient d'habiter à part, dans quelque réduit isolé de la propriété. Quand la lèpre disparaissait, il fallait que le malade retournât se montrer aux prêtres, qui constataient la guérison. Le lépreux faisait alors offrir un sacrifice expiatoire et un holocauste, et il était autorisé à rentrer dans la société de ses semblables, sans crainte d'être inquiété.

A cause de son caractère terrible et répugnant, la lèpre était considérée comme un mal directement envoyé de Dieu. Les siècles chrétiens l'appelèrent même « le présent de Dieu »>, et prirent soin des pauvres lépreux comme d'enfants chéris de la Providence. Ce qui les détermina surtout, c'est que, la lèpre étant une image frappante du péché dans ses effets sur les âmes, le Sauveur avait voulu être traité comme un lépreux : « Et nous, dit le prophète, nous l'avons pris pour un lépreux, pour un homme frappé de Dieu et humilié; car il a été blessé pour nos iniquités, et écrasé pour nos crimes » '.

Au cours de ses prédications en Galilée, Notre Seigneur

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" trouvait dans une ville, lorsqu'un homme couvert de lèpre l'aperçut, s'approcha, et, se prosternant la face contre terre,

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le suppliait en disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez "me guérir. Jésus, prenant pitié de lui, étendit la main, le tou« cha et dit : Je le veux, sois guéri. A peine eut-il parlé que la lèpre disparut et que le malade fut purifié. Aussitôt il le

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" renvoya en lui faisant cette sévère injonction : Aie soin de

1. Isaïe, LIII, 4, 5,

<< n'en parler à personne; mais va, montre-toi au chef des prê<«<tres, et offre pour ta purification le présent que Moïse a prescrit, afin qu'il leur serve de témoignage ».

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Le malade avait adressé au Sauveur une prière pleine de réserve, de foi et d'espérance. Il savait son mal incurable pour longtemps, mais il avait une haute idée de la puissance et de la bonté du divin Maître. Notre Seigneur n'eut pas à souhaiter de lui de plus parfaits sentiments. Supérieur à toutes les lois, à celles de Moïse comme à celles de la nature, il se contenta de le toucher et de prononcer une parole. Cet attouchement divin était à la fois une marque de tendre bonté et une indication du rôle que devait jouer la sainte humanité du Sauveur, dans la guérison de tous les maux du corps et de l'âme. Le malheureux fut donc délivré de son horrible mal.

Mais la loi qui obligeait les lépreux à se tenir loin de leurs semblables avait de sérieuses raisons d'être. Aussi Notre Seigneur ne voulut-il pas que le bruit du miracle attirât sur ses pas, au milieu des populations, tous ceux qui étaient atteints de ce mal. Il se réserva d'aller à eux quand il le jugerait à propos, et intima à celui qu'il venait de guérir l'ordre de se taire. La reconnaissance fut en ce dernier plus forte que l'obéissance. « En « s'en allant, il se mit à publier et à raconter partout ce qui <«< était arrivé, de sorte que Jésus, ne pouvant plus entrer publiquement dans une ville, se tenait en dehors, dans les lieux inhabités. Néanmoins, on accourait à lui de toutes parts, <«< chacun voulait l'entendre et être guéri de ses maladies. Pour lui, il cherchait la solitude et priait » '.

Le divin Maître ne pouvait s'appartenir tout le pays était en émoi sur son passage, et chacun de ses miracles excitait une recrudescence d'enthousiasme parmi le peuple. Pour modérer ce que cet empressement avait de trop humain, ne point porter ombrage à la susceptibilité jalouse d'Antipas, ni surexciter prématurément le mauvais vouloir des autorités religieuses, et enfin pour ménager aux esprits le calme sans lequel ils ne pouvaient se rendre compte du caractère spirituel

1. S. Matthieu, vIII, 2-4; S. Marc, 1, 40-45; S. Luc, v, 12-16

LE PARALYTIQUE DE CAPHARNAUM.

143 de sa mission, Jésus se dérobait; mais, dans la solitude, il avançait son œuvre par la prière.

A Jérusalem, on se tenait au courant de ce qui se passait en Galilée; sans croire à la mission du Sauveur, on laissait pas d'être inquiet de l'enthousiasme qu'il soulevait. Les docteurs se doutaient bien, du reste, que son enseignement ne relevait pas du leur. Ils se résolurent donc à faire surveiller de près ses actes et ses paroles, par des hommes plus à même d'en juger, croyaient-ils, que les simples montagnards galiléens.

Un certain temps après la guérison du lépreux, Notre Seigneur se trouvait de l'autre côté du lac de Génésareth, et voulait revenir à son séjour le plus habituel. «< Il monta « dans une barque, fit la traversée et arriva dans la ville de

Capharnaum. Dans la maison où il était assis et enseignait, << avaient pris place aussi des pharisiens et des docteurs de la «<loi, venus de tous les villages de la Galilée, de la Judée

et de Jérusalem. Quand on sut qu'il était là, les gens ac<«< coururent en si grand nombre que la maison ne suffisait pas << à contenir la foule, même en avant de la porte. Il leur adressait « la parole, et la puissance du Seigneur agissait pour les guérir ».

Les maisons ordinaires, en Palestine, n'avaient qu'un simple rez-de-chaussée, auquel on accédait habituellement par une cour intérieure. Un escalier, partant de cette cour, conduisait au toit. Le toit était plat et formait par conséquent terrasse. Une solide balustrade l'entourait. Sur cette terrasse, appelée chambre haute, et abritée à volonté par des toiles tendues au-dessus, on se retirait pour prier, converser, prendre son repos ou respirer l'air frais du soir. Quand les maisons étaient contiguës, on pouvait passer facilement d'une terrasse à l'autre. Pour établir ce toit, on étendait sur les solives de la chambre inférieure des branchages, de la terre pilée avec de la paille, et parfois de grossières dalles en argile cuite. Cette couverture ne mettait pas très à l'abri dans la saison des pluies, et par deux fois Salomon compare la femme querelleuse au toit qui laisse goutter l'eau pendant l'hiver'.

:. Proverbes, xix, 13; xxvii, 15.

Dans les maisons plus riches, on employait naturellement un dallage mieux soigné.

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Pendant que Jésus parlait, «< arrivèrent quatre hommes por<< tant un paralytique sur un brancard. Ils cherchèrent à le faire pénétrer, pour le placer devant lui; mais la foule était telle <«< qu'ils ne parvinrent à l'introduire d'aucun côté. Alors ils << montèrent sur le toit de la maison où Jésus se trouvait, en << otèrent les tuiles, et firent descendre au milieu, devant Jésus, <«<le grabat sur lequel le paralytique était étendu ». Les alentours de la maison étant encombrés, les porteurs montèrent sans doute par l'escalier d'une maison voisine, et arrivèrent de toit en toit jusqu'à l'endroit propice.

<< A la vue de leur foi, Jésus dit au paralytique: Mon fils, «aie confiance, tes péchés te sont remis ». Au lieu du bien visible qu'on attend de lui, il accorde un bien invisible qu'on n'avait guère songé jusqu'alors à solliciter de sa bonté. Désigné par Jean-Baptiste comme « l'Agneau qui ôte le péché du monde », il saisit cette occasion solennelle pour revendiquer et exercer ce pouvoir libérateur. Sa parole indique que le repentir et ensuite le pardon sont descendus dans l'âme de ce pauvre paralytique, abîmé dans un humble silence, mais préparé par la grâce aux merveilles qui s'accomplissent en lui. Le mal qui liait ses membres impuissants n'était-il pas l'indice de cet esclavage du péché qui paralysait son âme?

Tous sont saisis d'étonnement; mais tandis que les simples admirent l'œuvre de Dieu, les savants orgueilleux se scandalisent. << Les scribes et les pharisiens, qui étaient assis là, se disaient << au fond de leurs cœurs Que dit-il donc? Il blasphème! « Quel autre que Dieu seul peut remettre les péchés? Aussitôt « Jésus connut de lui-même les pensées qu'ils avaient dans l'esprit, et prenant la parole, il leur dit : Pourquoi de telles pensées au fond de vos cœurs? Lequel est le plus facile, de << dire au paralytique: Tes péchés te sont remis, ou de dire : « Lève-toi, prends ton grabat et marche? Mais pour que vous << sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de << remettre les péchés : Je te l'ordonne, dit-il alors au paraly

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