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LE PAIN DE VIE.

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«< commencement ceux qui ne croyaient pas, et celui qui devait « le trahir. Il répétait donc : C'est pour cela que je vous ai dit << que personne ne peut venir à moi sans un don de mon « Père ».

Les disciples avaient compris que Notre Seigneur donnerait sa chair à manger et son sang à boire. Cette proposition leur fit horreur, parce qu'ils imaginèrent une manducation toute matérielle, et que leur loi leur défendait de boire le sang. « Its disaient que cela était dur et insupportable, et il l'était en effet de la manière qu'ils l'entendaient, puisqu'ils croyaient démembrer son corps et consumer son sang. Il leur ôte ce doute en leur disant qu'avec tout cela il remonterait au ciel dans toute son intégrité, et qu'au reste ce qu'il avait dit de sa chair et de son sang, et quant au fond et dans la manière de les prendre, étaient choses au dessus des sens, et pleines d'esprit et de vie, sans rien rabattre du littéral, mais y ajoutant seulement le spirituel et le divin. - Ainsi l'œuvre de notre salut se consomme dans l'Eucharistie, en mangeant la chair du Sauveur. Il y faut apporter la foi, car c'est par là qu'elle commence; il faut croire en Jésus Christ qui donne sa chair à manger, comme il faut croire à Jésus Christ descendu du ciel et revêtu de cette chair. Ce n'est pourtant pas la foi qui fait que Jésus Christ est descendu du ciel et a paru en chair; ce n'est pas non plus la foi qui fait que cette chair est donnée à manger. Croyons ou ne croyons pas, cela est » '.

Notre Seigneur maintint donc toutes ses affirmations : il faudra manger sa chair et boire son sang. Les disciples doivent croire à cette promesse, et désirer humblement que leur soit expliquée la manière dont elle sera réalisée. « Comment pouvaient-ils comprendre ce que c'était que manger sa chair? Illeur fallait attendre le temps opportun, et interroger, au lieu de se retirer. Comment dit-il La chair ne sert de rien? Il ne parle pas de sa propre chair, loin de là, mais de ceux qui entendent charnellement ce qu'il a dit. Entendre charnellement, c'est voir simplement ce qui paraît aux yeux, sans penser à rien au-delà » 2. Notre Seigneur ne fait rien pour retenir des disciples qui n'admettent

1. Bossuet, Méditations sur l'Évangile, la Cène, 40me et 32me jour. 2. Saint Jean Chrysostome, sur saint Jean, homélie XLVI.

les mystères que quand ceux-ci sont réduits à l'étroite mesure de leur esprit il ne veut pas d'une foi qui juge sa parole au lieu de s'y soumettre.

«De ce jour, beaucoup de ses disciples se retirèrent et cessè<< rent d'aller avec lui. Jésus dit alors aux douze : Et vous, voulez<< vous aussi vous en aller? Simon Pierre lui répondit: Seigneur, « à qui irons-nous? Vous avez les paroles de la vie éternelle. << Pour nous, nous avons cru et nous avons connu que vous « êtes le Christ, Fils de Dieu. Jésus reprit : Ne vous ai-je pas «< choisis tous les douze? Et pourtant l'un de vous est un démon. << Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon, qui devait le << trahir, bien qu'étant l'un des douze » '.

La foi de Pierre et des apôtres fidèles console le Sauveur de la défection des disciples orgueilleux. Les Juifs ne veulent pas croire, parce qu'ils ne comprennent pas. Pierre a suivi une meilleure voie il a cru d'abord, et ensuite il a connu, « car s'il avait voulu d'abord connaître et ensuite croire, il n'aurait pu ni connaître, ni croire ». A la protestation de fidélité faite au nom des apôtres, Notre Seigneur se hâte d'apporter une terrible restriction. Tous ont été choisis par lui, et par conséquent reconnus capables de faire honneur à leur vocation, la grâce aidant. A quelle perversité pourtant l'un d'eux doit-il être déjà descendu pour mériter d'être appelé un démon? En parlant ainsi, Notre Seigneur veut montrer que les défections et les trahisons ne le surprennent pas, et ne peuvent par conséquent paralyser son action, puisqu'elles ont été prévues dans son plan. « Judas resta, mais pour trahir, et non pour comprendre. Comme il ne restait que dans ce but, le Seigneur ne voulut point le taire. Il ne le désigna pas, mais il en parla, afin que tous fussent sur leurs gardes, bien qu'un seul dût périr » 3. La première annonce de la trahison accompagne ainsi la première annonce de l'Eucharistie, de même qu'un an plus tard le Seigneur se donnera en nourriture pendant que le traître s'emploiera à le livrer.

1. S. Jean, vi, 22-72.

2. Saint Augustin, sur saint Jean, xxvii, 9.

3. Saint Augustin, sur saint Jean, xxvii, 7.

NOUVELLE ATTITUDE DE LA FOULE.

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Cette journée et la précédente marquent un moment décisit dans le ministère public du Sauveur. Jusque là les foules s'empressaient sur son passage, les disciples s'attachaient à lui, beaucoup saluaient en lui le grand Prophète attendu, le Messie qui allait combler son peuple de tous les biens, le puissant Roi qui devait bientôt imposer sa domination à tous les ennemis de la nation choisie. Le soir de la multiplication des pains, cet enthousiasme était à son apogée, et le divin Maître n'avait qu'un mot à dire pour être reconnu roi et soulever tout le pays. Mais cette idée d'un Messie temporel, que paraissaient favoriser les bienfaits sans nombre répandus sur ses pas par le Sauveur, n'était propre qu'à mettre obstacle au vrai règne de l'Évangile. Dès le lendemain, Notre Seigneur replace ses disciples inconsidérés au vrai point de vue ce n'est pas le pain matériel, c'est le pain de la vérité, c'est un autre pain plus mystérieux encore que le Messie apporte au monde. Immédiatement l'enthousiasme est abattu, les disciples se retirent déçus, le Sauveur reste presque abandonné.

Pendant l'année qui va suivre, la persécution s'enhardira, et c'est au souffle de la contradiction que la semence évangélique croîtra peu à peu.

« A la suite de ces événements, Jésus demeurait en Galilée, <«< car il ne voulait pas se rendre en Judée, parce que les Juifs << cherchaient à le mettre à mort » '. Jérusalem ne le vit donc pas à la Pâque de cette année-là.

1. S. Jean, vII, I.

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IV

DE LA TROISIÈME PAQUE JUSQU'APRÈS LA FÊTE
DE LA DÉDICACE (MARS-DÉCEMBRE).

CHAPITRE PREMIER.

HOSTILITÉ CROISSANTE CONTRE LE SAUVEUR..

Voyage en Phénicie.

Ce qui souille

Récriminations à propos des mains non lavées avant le repas. l'homme. - La Chananéenne. Séjour dans la Décapole. Guérison du sourd et muet. Seconde multiplication des pains. — Les pharisiens demandent un signe du ciel. -Le levain des pharisiens. — L'aveugle de Bethsaïda,

Les Juifs de Jérusalem durent s'attendre sans doute à voir arriver Notre Seigneur à la ville, à l'occasion des solennités pascales. C'est à cette époque en effet que, les deux années précédentes, il s'était manifesté avec tant d'éclat. Les autorités religieuses comptaient bien mettre à profit sa présence pour arriver à se débarrasser de lui par quelque moyen que ce fût, comme le projet en était formellement arrêté. L'heure tant désirée devait tarder toute une année encore.

Déçus dans leur attente, les Juifs continuèrent à faire surveiller le Sauveur par leurs émissaires, et travaillèrent de plus en plus activement à soulever contre lui tout ce qu'il y avait d'influent dans la nation. A la suite des fêtes de la Pâque

CE QUI SOUILLE L'HOMME.

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« des pharisiens et des scribes vinrent donc de Jérusalem ». Ils n'osèrent reprocher à Notre Seigneur son absence de la fête. Il lui eût été trop facile de répliquer en alléguant des complots homicides connus de tous. Ils attendirent l'occasion favorable pour ouvrir les hostilités. Elle se présenta bientôt.

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<< Ils virent quelques-uns de ses disciples qui mangeaient leur pain avec des mains profanes, c'est-à-dire non lavées. Ils s'approchèrent et leur firent des reproches. Car les pharisiens et << les Juifs en général ne mangent pas sans s'être lavé fréquem«<ment les mains, conformément à la tradition des anciens. << S'ils reviennent de la place publique, ils font des ablutions << avant de manger. Ils observent beaucoup d'autres traditions analogues, comme de plonger dans l'eau les coupes, les ai«< guières, les vases d'airain et les lits ». Ces coutumes ne faisaient qu'exagérer la prescription mosaïque, défendant le contact des personnes et des choses frappées d'impureté légale. Comme il était toujours possible qu'un pareil contact se fût produit, même indirectement et à l'insu de l'Israélite, les pharisiens multipliaient à plaisir les ablutions et les bains, et faisaient de ces précautions des actes religieux dont personne n'avait droit de se dispenser. A leur sens, mieux valait périr de soif que de boire l'eau avec laquelle il eût fallu se laver les mains; «< quiconque mangeait son pain sans s'être lavé les mains était aussi coupable que s'il 'eût commis la fornication », et « ne pas se laver les mains après son repas équivalait à tuer un homme ». C'est pour faciliter ces ablutions, auxquelles le peuple se soumettait sur l'injonction des docteurs, que nous avons vu six grandes urnes de pierre dans la maison des noces de Cana. Les saducéens disaient en plaisantant que les pharisiens en viendraient à laver le globe du soleil.

A l'exemple de leur Maître, les disciples s'abstenaient de la plupart de ces ablutions. « Les pharisiens et les scribes lui posè<< rent donc cette question: Pourquoi vos disciples, au lieu de «< se soumettre à la tradition des anciens, mangent-ils leur pain << sans s'être lavé les mains? Il leur répondit: Hypocrites, c'est « bien de vous qu'Isaïe a prophétisé quand il a dit : Ce peuple

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