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ont droit sans doute de demander au Sauveur s'il est le Christ; mais il a déjà répondu maintes fois par sa parole et surtout par ses œuvres. Dans le fond, les Juifs redoutent une réponse affirmative. Quoi qu'ils disent, ses œuvres les troublent de plus en plus, et ils ne savent comment tenir tête à un Maître dont la parole a tant d'autorité. Cependant leur mépris de la grâce a été tel que leur retour à la bonne foi, à la vérité et au salut est des plus difficiles. Comment les brigands deviendraient-ils des brebis? Mais tout brigands qu'ils sont, ils ne ravageront plus le bercail. Les brebis ont deux invincibles gardiens, le Père et son divin Fils, qui tous deux ne font qu'un, ayant même divinité, même substance, même puissance, même amour des hommes, même volonté de les sauver.

En entendant cette affirmation de son unité substantielle avec le Père, « les Juifs saisirent des pierres pour le lapider. Jésus <«<leur répliqua J'ai accompli sous vos yeux de la part de << mon père beaucoup d'excellentes œuvres; pour laquelle de

ces œuvres me lapidez-vous? Les Juifs répondirent: Ce n'est << pour aucune œuvre excellente que nous vous lapidons, c'est << pour le blasphème par lequel, n'étant qu'un homme, vous << vous faites Dieu. Jésus reprit : N'est-il pas écrit dans votre «<loi Je l'ai dit, vous êtes des dieux? Si elle appelle dieux ceux « à qui la parole de Dieu a été adressée, cette Écriture qu'on << ne peut supprimer, comment pouvez-vous dire à celui que « le Père a consacré et envoyé dans le monde Vous blas« phémez, parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu ? Si je ne « fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas; mais si « je les fais, et que vous ne vouliez pas me croire moi-même, <«< croyez aux œuvres, afin de reconnaître et de croire que le << Père est en moi et moi dans le Père ».

Le Sauveur versait à flots la lumière sur ces pauvres égarés; avec une patience divine, il revenait sans cesse à cet unique argument, si clair dans sa simplicité : les miracles prouvent que celui qui les opère vient de Dieu et qu'il doit être cru. Quand cette conclusion s'imposait trop impérieusement, les Juifs recouraient à la violence pour l'éluder. Cette fois encore,

JÉSUS FILS DE DIEU.

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leurs bras armés pour la lapidation furent réduits à l'impuissance. Néanmoins « ils cherchaient toujours à se saisir de «<lui; mais il s'échappa de leurs mains ». « Le Verbe fait chair par amour pour nous ne dédaignait pas de se dérober, comme nous le faisons nous-mêmes, quand on le poursuivait; ni de fuir et de se soustraire aux pièges, quand il était en butte à la persécution. Mais lorsqu'il fit arriver lui-même le temps qu'il avait fixé, et où il voulait souffrir pour tous dans. son corps, il se livra volontairement aux persécuteurs » 2.

Le séjour de Notre Seigneur à Jérusalem, à l'époque de ces deux solennités, avait procuré aux Juifs tout ce qu'ils étaient en droit d'attendre de lui. Précédé par la réputation que lui avaient assurée ses précédents miracles, il s'était présenté devant les autorités religieuses en qualité de Messie et de Fils de Dieu. On l'avait si bien compris qu'on voulait le lapider pour cette affirmation. Pour accréditer sa parole, il mit en avant ses miracles, et voulut même en opérer un nouveau à Jérusalem. Mais avec l'éclat de ses révélations croissait l'entêtement des Juifs; ils ne voulaient de lui à aucun prix, et s'obstinaient à refuser même l'examen des titres de sa mission. Leur fureur grandissante n'était plus retenue que par la puissance divine. Le Sauveur avait ainsi pourvu à ce que la foi de quelques-uns trouvât sa récompense dans les lumières dont il l'inondait, et à ce que l'hostilité du plus grand nombre fût à la hauteur de la tâche sanguinaire de laquelle dépendait le salut du monde.

Quant tout fut ainsi en état, au gré de sa Providence, il quitta Jérusalem pour n'y plus revenir que le sixième jour avant sa Passion.

1. S. Jean, x, 22-39.

2. Saint Athanase, Apologie de sa fuite.

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Laissez venir à moi les petits enfants, et gardez-vous de les éloigner, car le royaume des cieux est pour leurs pareils.

S. MATTHIEU, XIX, 14.

V

DERNIER SÉJOUR EN GALILÉE ET EN PÉRÉE

(JANVIER-MARS)

CHAPITRE PREMIER.

INSTRUCTIONS AUX APOTRES.

Nouvelle annonce de la Passion. - L'impôt du temple. Leçon d'humilité. Zèle indiscret de Jean. - Il faut sacrifier tout ce qui porte au mal. - Les enfants et leurs anges gardiens. La correction fraternelle. Le pardon sans limites. — Parabole des dix mille talents et des cent deniers. — Les derniers mois de la vie publique. Mauvais vouloir des gens de la Samarie. - Trois vocations. Mission des soixante douze disciples. Malédiction des villes ingrates.

Quand il eut quitté Jérusalem, après les fêtes de la Dédicace, Notre Seigneur remonta en Galilée. Mais comme son but principal, pendant cette dernière année, était de travailler à la formation des apôtres, il continua à se tenir habituellement loin des foules, sans renoncer toutefois à les instruire et à guérir leurs malades, quand l'occasion s'en présentait.

<< Pendant qu'on se trouvait en Galilée, et que tous étaient << dans l'admiration de ses œuvres, Jésus instruisait ses disciples et leur disait Gravez bien ces paroles au fond de vos cœurs : <«< il arrivera que le Fils de l'homme sera livré aux mains des hommes; ils le mettront à mort; mais, après sa mort, il res

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<< suscitera le troisième jour. Ils en furent vivement affligés; mais

<< ils ne comprenaient point ce langage, et il était si voilé à leurs «< yeux qu'ils n'en avaient nulle intelligence; ils n'osaient même << l'interroger à ce sujet » 1. Cette prédiction n'était pas nouvelle; mais elle répugnait à la fois et à l'idée que les disciples se faisaient de la puissance et de la bonté du divin Maître, et aux espérances de grand avenir temporel dont ils ne pouvaient se départir. D'ailleurs Notre Seigneur, après avoir tenu tête à ses ennemis de Jérusalem, venait d'échapper par deux fois à la fureur de ceux qui voulaient le lapider. Était-il concevable qu'on pût un jour le mettre à mort? Les disciples refusaient de s'arrêter à cette pensée; ils ne comprenaient rien aux exigences du salut des hommes, et surtout à celles de l'amour divin, qui réclamaient le sang du Fils de Dieu. Ils n'osaient interroger le Sauveur, de peur d'en apprendre trop long sur ce douloureux mystère.

Au mois d'adar, qui était le dernier de l'année religieuse, tous les Israélites de vingt à cinquante ans avaient à payer l'impôt pour l'entretien du temple. Cet impôt, perçu au nom du sanhédrin, se montait à un didrachme ou double drachme, équivalant à 1 franc 75 de notre monnaie. Comme le Sauveur avait son domicile habituel à Capharnaum, c'est aux percepteurs de cette ville qu'il devait payer, et ceux-ci s'en préoccupaient d'autant plus que Notre Seigneur passait pour hostile aux traditions. « Lors donc qu'ils furent arrivés à Capharnaum, les percepteurs <«< du didrachme s'approchèrent de Pierre et lui dirent: Est-ce << que votre Maître ne paie pas le didrachme? - Si, dit-il. Quand <«ils furent entrés dans la maison, Jésus prenant les devants lui << dit: Simon, que t'en semble, sur qui les rois de la terre per<< çoivent-ils les taxes et le cens? Sur leurs fils ou sur les étran«<gers? Il répondit: Sur les étrangers. Jésus lui dit : Les fils en « sont donc affranchis. Toutefois, pour ne pas les scandaliser, « va à la mer et jette l'hameçon; saisis le premier poisson qui se présentera et ouvre-lui la bouche. Tu y trouveras un sta«<tère; prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi » 2.

1. S. Matthieu, XVII, 21, 22; S. Marc, 1x, 30, 31; S. Luc, ix, 44, 45. 2. S. Matthieu, xvII, 23-26.

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