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<< mais votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez donc << tout d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces <«< choses vous seront données par surcroît '.

<< Ne craignez pas, petit troupeau, parce qu'il a plu à votre « Père de vous donner le royaume. Vendez ce que vous possé

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dez, et faites l'aumône. Faites-vous des bourses qui ne s'usent

point, et un trésor qui ne vous fasse point défaut, dans les cieux << où le voleur n'approche pas et où la teigne ne ronge pas. Car «<là où est votre trésor, là aussi est votre cœur » 2.

Ces derniers conseils résument tout ce qui précède. Les disciples doivent << user de ce monde comme n'en usant pas » 3; tous leurs intérêts sont ailleurs, et eux-mêmes ne vivent que pour parvenir au ciel en y conduisant les autres.

En travaillant pour l'autre vie, ils doivent sans cesse se tenir prêts à y être appelés. « Que vos reins soient ceints et que les «< lampes allumées soient en vos mains. Soyez vous-mêmes «< comme des hommes qui attendent leur maître, quand il re<< viendra des noces, afin que, quand il frappera à son retour, on <«<lui ouvre aussitôt. Heureux les serviteurs que le maître, à << son retour, trouvera vigilants. Je vous le dis en vérité, lui<< même se ceindra, les fera asseoir à table et se mettra à les ser« vir. S'il vient à la seconde et à la troisième veille, et qu'il les << trouve vigilants, heureux sont ces serviteurs. Sachez bien que « si le père de famille était informé de l'heure où viendra le vo<«<leur, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. Pour << vous, soyez donc prêts, parce que le Fils de l'homme viendra « à l'heure que vous ne pensez pas ».

Le maître ne pouvait annoncer à l'avance l'heure précise à laquelle il rentrerait la nuit, à la suite des noces. Le voleur n'avertissait pas du moment où, pendant l'absence ou le sommeil des habitants, il pratiquerait une ouverture dans la muraille de terre et de paille, pour s'introduire dans la maison. Sous ces images, le Sauveur fait entendre qu'il viendra à l'improviste

1. Voir plus haut, p. 176.

2. S. Luc, XII, 13-34.
3. I Corinthiens, vII, 31.

LE FEU SUR LA TERRE.

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pour demander compte à son serviteur de la conduite qu'il a tenue. Si le dernier jour de la vie est caché, c'est pour que tous les jours le disciple soit sur ses gardes, comme le serviteur qui, la ceinture aux reins et le flambeau en main, se tient prêt à ouvrir la porte à son maître et à le servir.

Cette vigilance s'impose plus spécialement encore à ceux qui sont préposés à la conduite des autres; car leur responsabilité est plus gravement engagée, et le compte à rendre plus redoutable. C'est ce que le Seigneur déclare, sur une question que Pierre lui adresse. « Pierre lui dit : Seigneur, est-ce à nous << seulement que vous dites cette parabole, ou à tous? Le Sei<< gneur répondit : Quel est, penses-tu, l'intendant fidèle et pru<< dent que le maître a préposé à sa maison, pour donner à cha«cun, quand il le faut, sa mesure de froment? Heureux le ser<< viteur que le maître, à son arrivée, trouvera occupé de ce soin. << Je vous dis en vérité qu'il le mettra à la tête de tout ce qu'il possède. Si au contraire ce serviteur se dit à lui-même : Mon <<< maître tarde à venir; s'il se met à frapper serviteurs et servantes, « à manger, à boire et à s'enivrer, le maître de ce serviteur sur<< viendra au jour où il ne l'attend pas, à l'heure qu'il ignore; <«< il le châtiera et le relèguera parmi les infidèles. Le serviteur qui a connu la volonté de son maître, et n'a rien préparé, ni << rien fait selon sa volonté, sera accablé de coups. Celui qui ne << l'a pas connue et a fait des actions dignes de coups, sera moins «< châtié. Car on exigera beaucoup de celui à qui on a donné beaucoup, et on réclamera davantage de celui à qui on aura << plus confié ».

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Les pasteurs et tous les privilégiés de la grâce auront donc à répondre des charges et des faveurs qui les auront distingués des autres; plus Dieu se montre libéral envers une âme, plus il a droit à une généreuse docilité.

C'est avec tout leur courage que les apôtres et les disciples ont à se mettre à l'œuvre. Les contradictions, les difficultés, les persécutions les attendent; le Sauveur est précisément venu susciter en ce monde toutes ces oppositions. « Je suis venu jeter le feu << sur la terre », ajouta-t-il, « et que veux-je, sinon qu'il s'allume!

« J'ai moi-même à être baptisé d'un baptême, et de quel ardent << désir j'en attends l'accomplissement! Vous pensez que je suis << venu apporter la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais « la division. Dès ce moment, les cinq d'une même maison se<<< ront divisés trois contre deux et deux contre trois; on se divi<< sera, père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille «< contre mère, belle-mère contre sa belle-fille et belle-fille contre « sa belle-mère ».

Jésus Christ sera toujours et nécessairement le signe de contradiction et le brandon de discorde. L'adhésion à son Évangile prendra vite le caractère d'une lutte violente, au sein même de la famille, entre ceux qui veulent vivre pour la terre, et ceux qui préfèrent travailler et souffrir pour le ciel : noble lutte dont les âmes égoïstes pourront se plaindre, mais qui sera mille fois préférable à la tranquille inertie de tous, sous la tyrannie des mêmes vices et des mêmes erreurs. Le Sauveur commencera par recevoir lui-même ce terrible baptême de sang, conséquence de l'hostilité naturelle du monde contre la vérité et la vertu, et plus tard la persécution sera la marque assurée à laquelle on distinguera ses vrais disciples d'avec ceux qui diminuent la vérité ou portent atteinte à la sublimité du devoir.

Notre Seigneur, tout en travaillant à la formation de ses disciples, « s'adressait aussi aux foules: Quand vous voyez la nuée << s'élever du couchant, vous dites aussitôt : Voici la pluie ; et c'est <«< ce qui arrive. Quand c'est le vent du midi qui souffle, vous « dites: Il fera chaud; et il en est ainsi. Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect du ciel et de la terre; comment donc ne << savez-vous pas discerner le temps présent? Comment ne jugez« vous pas par vous-mêmes ce qui est jus:e?

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« Quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, ef<< force-toi en chemin de te débarrasser de lui, de peur qu'il ne << te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l'exécuteur, <«<et que l'exécuteur ne te jette en prison. Je te le dis, tu n'en << sortiras pas avant d'avoir rendu jusqu'à la dernière obole »> '.

1. S. Luc, x11, 35-59. Voir plus haut, p. 169.

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Les foules de Galilée méritaient les sévères apostrophes du Sauveur, elles qui, témoins de tant de merveilles accomplies par lui, ne savaient pas reconnaître leur Messie, et se laissaient égarer par les docteurs de mensonge. Il n'était que temps de s'accorder avec celui qui, Sauveur aujourd'hui, allait exercer demain les droits rigoureux du Juge souverain. La mission en Galilée était le dernier appel de la grâce à un peuple ingrat et volontairement aveugle.

<< Dans ce même temps se présentaient des hommes qui lui an« noncèrent ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait «< mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. Il leur répondit : Pen<< sez-vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs que les autres Galiléens, pour avoir ainsi souffert? Non, je vous le dis. Mais si << vous ne faites pénitence, vous périrez tous pareillement. De << même ces dix huit sur lesquels s'abîma la tour de Siloé et « qu'elle écrasa, pensez-vous qu'ils fussent plus redevables que <<< tous les autres habitants de Jérusalem? Non, je vous le dis. << Mais si vous ne faites pénitence, vous périrez tous pareille

<<<ment »>.

Les massacres, comme celui auquel font allusion les nouveaux arrivants de Jérusalem, ne répugnaient pas à la sournoise cruauté de Pilate. Par le passage souterrain qui reliait la tour Antonia aux parvis du temple, le procurateur faisait pénétrer dans le sanctuaire des soldats déguisés qui, une fois en nombre, massacraient leurs victimes sans défense. C'est ainsi qu'il s'était déjà comporté, lorsqu'après avoir pris de l'argent dans le trésor du temple pour réparer un aqueduc, il avait eu à réprimer le soulèvement des Juifs, indignés de ce sacrilège. Peut-être l'accident survenu à la tour de Siloé avait-il pour cause la mauvaise exécution du travail entrepris. Mais la Providence se sert de tout, soit pour éprouver les justes, soit pour punir les coupables. Notre Seigneur avertit que des catastrophes analogues menacent tous ceux qui se refusent à faire pénitence.

Sans doute, la miséricorde imposait des délais à la justice; Dieu ne voulait pas frapper encore, et quarante ans s'écouleraient avant que le châtiment définitif atteignît la nation. Mais n'était-il pas urgent de mettre à profit ces délais pour se con

vertir? Pour y inviter, Notre Seigneur «< ajoutait cette para« bole: Quelqu'un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint << pour y chercher du fruit, et n'en trouva pas. Il dit alors à celui

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qui cultivait la vigne : Voilà trois ans que je viens chercher « du fruit sur ce figuier et que je n'en trouve pas. Coupe-le donc, «< car à quoi bon occupe-t-il le terrain? Mais celui-ci répondit : << Seigneur, laissez-le encore cette année, jusqu'à ce que je creuse << tout autour et que j'y mette du fumier. On verra s'il porte du « fruit; sinon, vous le couperez l'an prochain ».

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Depuis trois ans aussi, le Sauveur cherchait des fruits de salut en Galilée, et il n'en trouvait pas. Sa mort et sa résurrection réveilleraient-elles enfin un peuple resté insensible à sa prédication et à ses miracles?

La foi diminuant, les miracles devenaient plus rares. Cependant Notre Seigneur en accomplissait quand il le fallait pour affirmer son autorité ou combattre quelque mensonge. << Il ensei

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gnait le jour du sabbat dans une de leurs synagogues. Il se << trouvait là une femme qui avait depuis dix huit ans un esprit « d'infirmité. Elle était toute courbée, et ne pouvait pas du tout << regarder en haut. Quand Jésus la vit, il l'appela à lui et lui <«<dit: Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Il lui imposa les << mains, et aussitôt elle se redressa et glorifiait Dieu. Le chef de << la synagogue, prenant la parole, s'indigna que Jésus eût guéri « le jour du sabbat, et il disait à la foule : Il y a six jours pen<< dant lesquels on doit travailler; venez donc ces jours-là et << faites-vous guérir, et non le jour du sabbat. Mais le Seigneur

lui répondit: Hypocrites, chacun de vous ne détache-t-il pas << son bœuf ou son âne de l'étable, le jour du sabbat, et ne les << mène-t-il pas boire? Et cette fille d'Abraham, que Satan a << attachée depuis dix huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce << lien, même le jour du sabbat?

Pendant qu'il parlait ainsi, tous ses adversaires rougissaient, «< mais le peuple entier se réjouissait de toutes les actions glo«rieuses qu'il opérait ». Il comprenait l'appel fait à son bon sens, et était heureux qu'un maître autorisé élargît le lien par trop étroit de la loi sabbatique, telle que l'interprétaient les docteurs.

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