페이지 이미지
PDF
ePub

être traduit en François. Au furplus chacun pourra blâmer & critiquer cet Ouvrage à fon gré, jen'tn fuis nullement caution:les faits principaux m'ont paru s'accorder avec les Hiftoriens Juftin, Plutarque, & Quinte-Curce, & s'ils n'avoient pas été semblables, je n'aurois pas cru être en droit de les changer;quoi qu'à parler fincerement, je penfe que l'Auteur, (qui n'y eft point nommé,) eit quelque Efclave François, qui fçachant le Grec, s'eft

viij AVIS AU LECTEUR. amufé pendant fa captivité à écrire ces Anecdotes, & les a mifes fur des rouleaux pour leur donnerun air d'antiquité, & les faire refpectet; ce qui feroit pour lors uue efpece de Roman, & non pas une Hiftoire ferieuse. Quoi qu'il en foit, pourvû que le Public en paroiffe content, ma peine ne fera point inutile, & mon tra. vail me deviendra precieux par fa decifion toujours refpectable aux gens de bon fens.

ANECDOTES

ANECDOTES

GRECQUE S

EUX jours après la

celebre bataille d'Arbelles, où Alexandre le Grand, (par la défaite generale de l'Armée de Darius, & la mort malheureuse,) fe trouva le maître de l'Empire des Perses, & pendant qu'au milieu de fon triomphe, il faifoit éclater la fatisfaction qu'il reffentoit; le Prince Aridée fon frere, (que Philippes Roi de Macedoine, leur pere, avoit eu d'une jeune fille de la Ville de Larisse

A

nommée Philine,) le promenoir rêveur & chagrin fur les bords de la Riviere du Lice, avec Linon fon favori & fon confident, dont le bruit même couroit qu'il étoit patent du côté de Philine la mere, que mal-à- propos on a qualifiée de Baladine, fous pretexte qu'elle plut au Roi Philippes par fa danfe, dont elle s'acquittoit avec une legereté & une grace parfaites, puifqu'elle étoit fille de Neandre, vieux Officier de l'Armée du Roi Philippes, qui (accablé d'années, ) s'étoit retiré à Lariffe, où il fubfiftoit avec la fille, d'une fortune tresmediocre.

Après plus de deux heures d'un profond filence, Aridée, les yeux en feu, & regardant fixement fon favori, lui dit: Avoüe, mon cher Linon, que ma fituation eft bien cruelle: tu as été témoin de

tous les chagrins & de toutes les perfecutions que j'ai éprouvées depuis que je fuis au monde, de la part de la Reine Olympias, veuve du Roi Philippes mon pere: elle a empêché Alexandre de me confier, non-feulement un pofte diftingué dans fon Armée, & un Commandement tel qu'il conviendroit à son frere; mais elle l'a fi fort prévenu contre moi, que je n'en reçois pas les moindres ordres, & que je n'ai jamais que des duretez à effuier de fa part: Olympias ne fe laffe point de poursuivre le fang de ma mere, à qui elle ne peut pardonner de lui avoir enlevé le cœur de fon mari : j'ai fait ce que j'ai pu pour meriter l'eftime du Roi'; j'ai combattu comme un fimple foldat: Alexandre n'a pu s'em êcher d'en être le témoin lui-même, puisqu'il m'a vu blesser d'un

« 이전계속 »