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vous dire qu'il eft ami de Platon, dont toute la terre connoît la réputation de fageffe & de doctrine. Aridée y ayant confenti, Philo avança quelques pas, & fut avertir le Vieillard Ximander, de la qualité de l'Hôte quil lui amenoit loger chez lui, dont il parut recevoir beaucoup de plaifir.

Ximander fortit au-devant d'Aridée, & voulant fiéchir le genoüil en l'abordant, Aridée lui fit figne de s'aprocher, & lui parlant bas à l'oreille, lui ordonna de fuprimer tous ces vains refpects, qu'il vouloit paffer pour un fimple Voyageur fans conféquence, curieux de voir le Païs. Ximander fe foumit à fes ordres, & après lui avoir aidé à defcendre de cheval, le mena dans une Chambre trèsproprement meublée, mais où l'on n'apercevoit en aucune ma

niere

niere le fafte ni la magnificence, qui brilloient pour lors dans toutes les autres maifons d'Athenes. L'heure du fouper étant venue, le Prince fut fervi fans profufion, comme il l'avoit recommandé; il voulut abfolument que Ximander fon Hôte le mit à table auprès de lui avec Linon : La converfation roula fur les moeurs d'Athenes dont il fut charmé d'aprendre un grand nombre de particularitez qui lui étoient encore inconnuës, & pendant le recit que lui en faifoit Ximander, il ne pouvoit se laffer d'admirer la fagefle de leurs Loix.

Le lendemain fon Hôte le conduifit par toute la Ville, le prévenant toûjours fur toutes les beautez qui pouvoient être dignes de fon attention,dont il lui expliquoit l'origine & l'hiftoire.

Il vit le Pyrée, ce Port fuperbe & C

fi vanté, le Théâtre de Regilla les Temples des Muses, de Miner ve, de Parthenon, & enfin toutes les merveilles dont Athenes eft ornée, qui font l'admiration de l'univers, & la furprise de tous les Etrangers.

Vous voyez, Seigneur (dit Ximander (des beautez surprenantes; mais à mon gré, vous n'avez point encore vû la plus digne de vôtre attention, c'eft l'Académie où loge le fage Platon; il vaut lui feul plus que toutes les autres raretez d'Athenes. Je ferai enchanté, (répondit Aridée) de pouvoir l'entendre; & j'en reffens un fi violent defir, que je ne puis m'empêcher de croire que c'eft un fecret mouvement des Dieux qui me l'inf pire.

Ximander alors le conduifit, & le fit entrer à l'Académie où il trouva Platon au milieu de plu

fieurs jeunes gens qu'il inftruifoit; le fujet qu'il avoit entrepris ce jour-là, étoit fur la nature des Dieux; fon difcours étoit même avancé. Aridée l'ayant falué, fe plaça fur le banc destiné aux Etrangers, après avoir d'un figne de main calmé l'impatience de Ximander, qui eût voulu le faire connoître à Platon pour ce qu'il étoit, afin qu'il lui rendît les honneurs dûs à fon rang.

Aridée écoutoit attentivement le difcours de Platon, & fut trèsfurpris de lui entendre dire, que l'on connoifloit mal le véritable fentiment des Philofophes, fi l'on croyoit qu'ils admettoient plufieurs Dieux: Non, s'écria-t'il, il n'en eft qu'un feul, jamais les Sages, les Sçavans, ni les gens de bon fens, n'ont pû penser le contraire. Saturne, Jupiter, Neptune Pluton, Mercure, Apollon, C

tous les autres que l'on qualifie de Dieux, & aufquels on a bâti des Temples, ne íçauroient remplir parfaitement l'idée que nous avons d'un Eftre infini; l'Hiftoire & la Tradition nous apprennent qu'ils étoient autrefois des mortels.comme nous; s'ils étoient de Grands Hommes & des Héros, dont la réputation s'étendoit dans les climats les plus reculez, de combien d'imperfections & de vices n'étoient-ils pas fouillez Saturne dévoroit les enfans, Jupiter n'étoit fans ceffe occupé qu'à tâcher de corrompre l'innocence du fexe, & d'abuser de sa foiblefle; Neptune, Apollon & Pluton n'avoient-ils pas des défauts affreux ? Mercure étoit chargé par Jupiter de l'emploi le plus vil & le plus méprifable; un homme d'honneur le trouveroit offenfé qu'on le crût capable d'une pa

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