ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub
[ocr errors]

france à toutes les fauffes joies du mon'de. Leurs corps ont des maux cuifans. Leur imagination eft troublée. Leur efprit tombe en langueur, & en défaillance; mais leur volonté eft ferme, & tranquille dans le plus intime d'ellemême, & elle dit fans ceffe, Amen,à tous les coups dont Dieu la frape pour la facrifier.

Ce que Dieu demande de nous, eft une volonté qui ne foit plus partagée entre lui & aucune créature. C'est une volonté fouple dans fes mains, qui ne: défire que ce que Dieu défire, & ne rejette que ce qu'il rejette. Qui veüille fans référve tout ce qu'il veur, & qui ne veuille jamais fous aucun prétexte, rien de ce qu'il ne veut pas. Quand on eft dans cette difpofition, tout eft falutaire, & les amusemens dont on ufe: avec fimplicité dans le befoin pour fe délaffer, fe tournent en bonnes cu

vres.

Heureux celui qui fe donne à Dieu ! Il eft délivré de fes paffions, des jugemens des hommes, de leur malignité, de la tyrannie de leurs maximes, de leurs froides & miférables railleries, des malheurs que le monde attribue à la fortune, de l'infidélité, & de l'ing

conftance des amis, des artifices & des piéges des ennemis, de fa propre foi bleffe, de la mifere, & de la briéveté de la vie, des horreurs d'une mort profane, des cruels remords attachés aux plaifirs criminels, & enfin de l'éternelle condamnation de Dieu.

Le Chrétien eft délivré de cette mul titude innombrable de maux, puifque mettant fa volonté entre les mains de

[ocr errors]

Dieu il ne veut plus que ce que Dieu veut; & il trouve ainfi fa confolation par la foi, & par conséquent par l'espérance au milieu de toutes fes pei

nes.

Quelle foibleffe feroit-ce donc de eraindre de fe donner à Dieu, & de s'engager trop avant dans un état fi défirable!

Heureux ceux qui fe jettent tête baiffée, & les yeux fermés entre les bras .Cor. 1.3. du Pere des mifericordes, & du Dien de toute confolation, comme parle S. Paul! Alors on ne défire plus rien que de connoître ce que l'on doit à Dieu, & on ne craint rien davantage, que de ne voir pas affez ce qu'il demande. Sitôt qu'on découvre une lumiere nouvelle dans fa Loi, on eft tranfporté de joie, comme un avare qui a trouvé un réfor.

Le vrai Chrétien de quelque malheur la Providence l'acable, veut que tout ce qui lui arrive, & ne veut rien de tout ce qui lui manque. Plus il aime Dieu, plus il eft content; & la plus haute perfection loin de le furcharger, rend fon joug plus léger.

Quelle folie de craindre d'être trop à Dieu ! C'eft craindre d'être trop heureux. C'eft craindre d'aimer la volonté de Dieu en toutes chofes. C'eft craindre d'avoir trop de courage dans les croix inévitables, trop de confolation dans l'amour de Dieu, & trop de détachement pour les paffions qui nous rendent miférables.

Méprisons donc les chofes de la terre, pour être tout à Dieu. Je ne dis pas que nous les quittions absolument; car quand on est déja dans une vie honnête & réglée, il n'y a qu'à changer le fond de fon cœur, en aimant, & nous ferons à peu près les mêmes choses que nous faifions; car Dieu ne renverfe point les conditions des hommes, ni les fonctions qu'il y a lui-même attachées ; mais nous ferons pour fervir Dieu ce que nous faifons pour fervir & pour plaire au monde, & pour nous contenter nous-mêmes. Il y aura feule

3.

ment cette différence, qu'au lieu d'être dévorés par notre orgueil, par nos paffions tyranniques, & par la cenfure maligne du monde; nous agirons au contraire avec liberté, avec courage, avec efpérance en Dieu; la confiance nous animera. L'attente des biens éternels qui s'aprochent pendant que ceux d'ici-bas nous échapent, nous foutiendra au milieu des peines. Notre amour pour Dieu qui nous fera fentir celui qu'il a pour nous nous donnera des aîles pour voler dans fa voïe, & pour nous élever au-deffus de toutes nos miferes. Si nous avons de la peine à le croire, l'expérience nous en convainPL. XXXIII. cra. Venez, voicz, & goûtez, dit David, combien le Seigneur eft doux.

[ocr errors]

Quand la piété eft prife par le principe fondamental de la conformité à la volonté de Dieu fans confulter le goût, ni le tempéranment, ni les faillies d'un zele exceffif; elle eft fimple, douce, commode, aimable, difcrete, & libre dans toutes ses démarches; on vit à peu près comme les autres gens, fans af. fectation, fans aparence d'auftérité, d'une maniere loüable & aifée, mais avec. une fujettion perpetuelle à tout ce qui n'entre point d'un moment à l'autre

dans l'ordre de Dieu, à qui l'on facri-
fie tous les mouvemens irréguliers de
la nature. C'eft-là l'adoration en efprit
& en vérité, que JEUS-CHRIST
& fon Pere cherchent. Tout le refte
n'eft qu'une religion en cérémonie, &
plutôt l'ombre
que la vérité.

Le Fils de Dieu dit en général à tous les Chrétiens fans exception, que celui Matth. XVL qui veut être mon Difciple, porte fa croix, 24. &qu'il me fuive. La voïe large conduit à la perdition. Il faut fuivre la voïe étroite, où le petit nombre entre. Il n'y a que ceux qui fe font violence, qui emportent le Royaume du Ciel. Il faut renaître, fe renoncer, fe haïr, devenir enfant, être pauvre d'efprit, pleurer pour être confolé, n'être point du monde qui eft maudit à caufe de fes fcandales.

Ces vérités éfraient bien des gens; & cela, parce qu'ils connoiffent fimplement ce que la religion fait faire, fans connoître ce qu'elle infpire ; ils ignorent l'efprit d'amour, qui rend le joug léger. Et ils ne fçavent pas que cette Religion nous conduit à la plus haute perfection par un fentiment de paix, & d'amour qui en adoucit tous les

maux.

[ocr errors]
« ÀÌÀü°è¼Ó »