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Ceux qui font à Dieu fans partage, font toujours heureux, ils éprouvent eft

Matth. XI. que le joug de JESUS-CHRIST

29. 30.

doux & léger; qu'on trouve en lui te repos de l'ame, & qu'il foulage ceux qui font chargés & fatigués, comme il l'a promis lui-même. Mais quel malheur à ces ames lâches & timides qui font partagées entre Dieu & le monde. Elles veulent & ne veulent pas. Elles font déchirées tout à la fois par leurs paffions & par leurs remords. Elles craignent les jugemens de Dieu, & ceux des hommes. Elles ont horreur du mal, & honte du bien. Elles ont les peines de la vertu fans en goûter les confolations. Ah, fi elles avoient un peu de courage pour méprifer les vains difcours, les froides railleries, & les témeraires cenfures des hommes, quelle paix ne goûteroientelles pas dans le fein de Dieu !

Qu'il eft dangereux pour le falut, qu'il eft indigne de Dieu & de nous, qu'il eft pernicieux même pour la paix de notre cœur de vouloir toujours demeurer où l'on eft! La vie entiere ne

nous eft donnée que pour nous avancer à grands pas vers notre patrie, célefte. Le monde s'enfuit comme une ombre trompeuse, & l'éternité s'a

vance

yance déja pour nous recevoir. Pour-
quoi tardons-nous à marcher ? Pen-
dant que
la lumiere du Pere des mifé-
ricordes nous éclaire, hâtons-nous d'ar-
river au Roïaume de Dieu.

de toute vo

Math, XXII.

37.

Le feul premier commandement de la Loi fufit pour faire évanouir en un moment tous les prétextes qu'on pourroit prendre de faire des réserves avec Dieu. Vous aimerez le Seigneur vo- Deur. VI. 3. tre Dieu de tout votre cœur, tre ame, de toutes vas forces, & de toutes Marc.XII.30. vos pensées. Voïez combien de termes Luc. X. 27, joints ensemble par le faint Efprit, pour prévenir toutes les réferves que l'ame pourroit vouloir faire au préjudice de cet amour jaloux & dominant. Tout n'est pas trop pour lui. Il faut bien l'aimer, & non feulement de toute l'étendue, & de toute la force de fon cœur, mais encore de toute l'aplication de fa penfée. Comment pourrat-on donc croire qu'on l'aime, fi on ne peut fe réfoudre de penfer à fa Loi, & & de s'apliquer de fuite à acomplir fa fainte volonté ?

Ceux qui craignent de découvrir trop clairement ce que cet amour demande, fe moquent, s'ils veulent nous faire acroire qu'ils ont cet amour fi vigilant & fi apliqué.

Il n'y a qu'une feule maniere d'aimer Dieu, c'eft de ne faire aucune démarche qu'avec lui, & pour lui, & de fuivre avec un cœur généreux tout ce qu'il infpire.

Ceux qui vivent dans des retranchemens, mais qui voudroient bien être un peu du monde, croïent que ce n'eft: Apoc. III. 16. rien ; cependant ils courent rifque d'être du nombre de ces tiédes, dont il eft dit que Dieu les vomira..

Dieu fuporte impatienment ces ames lâches, qui difent en elles-mêmes ; j'irai jufques-là, & jamais plus loin. Apartient-il à la créature de faire la. loi à fon Créateur ? Que diroit un Roi d'un fujet, ou un maître des gens. qui les fervent, s'ils ne vouloient les fervir qu'à leur mode, s'ils craignoient de trop s'affectionner à leur fervice, & à leurs intérêts, & s'ils avoient honte de paroître aux yeux du public, s'attacher à eux ? Mais plutôt que dira le Roi des Rois, fi nous faifons.comme ces lâches ferviteurs ? N'eft-il pas horrible que les hommes veuillent tout hazarder pour l'Eternité, plutôt que de: fe gêner dans leurs mauvaises inclinations? Cependant rien n'eft plus ordinaire. Le tems s'aproche, il vient, le

voilà; hâtons-nous de le prévenir. Aimons l'éternelle beauté qui ne vieillit point, & qui empêche de vieillir tous ceux qui n'aiment qu'elle. Méprifons le monde malheureux, qui tombe déja en ruine de toutes parts. Ne voïons-nous pas depuis tant d'années les perfonnes qui étoient dans les premieres places, furprifes par la mort? Ce monde auquel on eft fi attaché, on en va fortir. Il eft lui-même la mifere, la vanité, la folie. Ce n'eft qu'un fantôme & qu'une 1. Cor. VIL figure qui paffe, comme dit S. Paul. 31.

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DE LA SIMPLICITE,

I

Ly a une fimplicité qui eft un défaut, & il y a une fimplicité qui est une merveilleufe vertu.

La fimplicité eft fouvent un défaut de difcernement, & une ignorance des égards qu'on doit à chaque perfonne, Quand on parle dans le monde d'une perfonne fimple; on veut dire un efprit court, crédule & groffier.

La fimplicité qui eft une vertu, loin d'être groffiere, eft quelque chofe de fublime. Tous les gens de bien la goû

tent, l'admirent, fentent quand ils la
bleffent, la remarquent en autrui, &
fentent ce qui eft néceffaire pour
pratiquer; mais ils auroient de la peine
à dire précisément ce que c'eft que cet-

te vertu.

la

On dire là-deffus, ce que le pe

peut

tit livre de l'Imitation dit de la com1. Liv. ch. 1. ponction du cœur ; il vaut mieux la pratiquer que fçavoir la définir.

9.3.

La fimplicité eft une droiture de l'ame qui ôte tout retour inutile fur ellemême, & fur fes actions. Elle eft diférente de la fincérité. La fincérité eft une vertu au-deffous de la fimplicité. On voit beaucoup de gens qui font finceres fans être fimples. Ils ne difent rien qu'ils ne croient vrai. Ils ne veulent paffer que pour ce qu'ils font : mais ils craignent fans ceffe de paffer pour ce qu'ils ne font pas. Ils font toujours à s'étudier eux-mêmes, à compaffer toutes leurs paroles & toutes leurs penfées, & à repaffer tout ce qu'ils ont fait, dans la crainte d'avoir fait trop, ou trop peu.

Ces gens-là fons finceres, mais ils ne font pas fimples. Ils ne font pas a pasa leur aife avec les autres, & les autres ne font pas à leur aife avec eux. On n'y trouve rien d'aifé, rien de libre, rien

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