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rite, en confolation, en paix & récompenfe. Nous verrons en affurance venir la mort. Elle fera changée pour nous en un commencement de vie immortelle. Bien loin de nous dépouiller, elle nous revêtira de tout, comme 11. Cor, V.4. dit faint Paul, ô que la religion eft aimable!

DE LA MORTIFICATION.

Ieu nous fait éxercer la mortifi

Deion à toute heure, & à tout

cation

moment; mais rien n'eft plus faux que
la maxime, qu'il faut choifir ce qui
mortifie le plus. Par cette régle on rui-
neroit bien-tôt fa fanté, fa réputation,
fes affaires, fes commerces avec fes pa-
rens & amis, & les bonnes œuvres
dont la Providence nous charge. Je ne
doute point que vous ne deviez éviter
certaines chofes, que vous avez éprou-
vées, qui nuifent à votre fanté, com-
me le vent, certains alimens. Cela fans
doute vous épargnera bien quelques
foufrances; mais cela ne va pas à fla-
ter le corps, qui ne demande pas
ge des chofes exquifes; au contraire

l'ufa

par

cela conduit à une vie fobre, & conféquent mortifiée dans bien des cho

fes.

L'infirmité & le régime font deux bonnes pénitences. C'est par immortification que l'on manque au régime; ce n'eft ni courage contre la douleur, ni détachement de la vie, mais foibleffe pour le plaifir, & impatience contre tout ce qui gêne. C'est une grande contrainte de s'affujettir à un régime pour éviter de détruire la fanté. On craindroit moins de foufrir & d'être malade, que d'être toujours aux prifes avec foi-même pour combattre fes goûts. On aime encore mieux la liberté & le plaifir que la fanté. Mais Dieu redreffe tout dans un cœur dès qu'il le poffede, il fait qu'on s'acoû tume doucement à la régle; il ôre une certaine roideur dans la volonté, & une dangereufe confiance qu'on avoit en fon propre fens. Dieu émouffe les défirs, il attiédit les paffions, il détache l'homme non-feulement des objets extérieurs, mais encore de foi-même ; il le rend doux, aimable, fimple, petit, prêt à croire ou à ne croire pas, à vouloir, & à ne vouloir pas felon fon bon plaifir. Soïons ainfi, Dieu le

veut, & le veut faire en nous; n'y rẻfiftons pas. La mortification qui vient de l'ordre de Dieu, eft plus utile que la douceur de la priere, qui feroit de notre choix & de notre goût.

Pour les auftérités, il faut avoir égard à l'atrait, à l'état, aux befoins, & au tempéranment de chaque perfonne. Souvent une mortification fimple, qui confifte dans une continuelle fidélité à l'égard des croix de Providence, eft audeffus de la recherche des grandesauftérités, qui rendent la vie plus finguliere, & tentent de vaines complaifances. Quiconque ne refuse rien dans l'ordre de Dieu, & ne recherche rien hors de cet ordre, ne finit jamais fa journée fans avoir part à la croix de JESUS-CHRIST. Il y a une Providence néceffaire pour les croix comme pour les chofes néceffaires à la vie. C'eft le pain quotidien. Dieu ne nous en laiffe jamais manquer. Quelquefois même c'eft une mortification très-pure pour les ames ferventes, de ne fe point mortifier à leur mode, & de fe laiffer mortifier de momens à autres felon les deffeins de Dieu.

Quand on n'eft pas fidele dans les mortifications de Providence, il y a

com

fujet de craindre beaucoup d'illufion dans les autres qu'on recherche par ferveur. Cette ferveur eft fouvent trompenfe, & je croi qu'il eft bon de mencer à éprouver une ame dans cette fidélité aux croix journalieres & de providence.

Quand une perfonne eft également prête à rechercher les auftérités, ou à ne les rechercher pas; on peut ou la laiffer faire, ou la retenir, ou l'exciter felon les befoins qu'elle a de fe précautionner; mais toujours en ménageant fon corps & fon efprit. Je dis fon efprit; car l'efprit goûte quelquefois une paix douce, & une certaine joïe dans la vertu,qu'il n'eft pas à propos de troubler par une conduite trop dure: il faut laiffer cette joïe en liberté, la gêne & la contrainte n'entrent point au Roïaume des Cieux, où tout est paix, joïe & amour.

Rien n'eft plus vrai, , que le véritable amour ne fe diftingue des ferveurs paffageres de la nature, que par la fidélité dans les petites chofes. On aimeroit cent fois mieux faire à Dieu certains grands facrifices, & pouvoir fe dédommager par la liberté de fuivre fon goût dans je ne fçai combien de petites oca

fions. Jugez-vous par vous-même, yous acommoderiez-vous d'un ami qui voudroit fe contenter de vous fervir dans les ocafions rares & extraordinaires, mais qui dans le commerce journalier, n'auroit pour vous ni égard, ni ménagement, ni complaifance? Tout ce qui peut plaire ou déplaire au bienaimé, doit toujours paroître confidérable. Les hommes font inexorables fur certains défauts qui les incommodent; Dieu ne s'ofenfe que de la mauvaife volonté. Vouloir l'aimer, c'est l'aimer. Défirer de le fervir, c'est le fervir. Il ne demande ni talens ni fuccès. N'être propre à rien, & accepter humblement cet état d'incapacité & d'inutilité, c'eft être le meilleur ferviteur de fa maison.

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