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La préfence de Dieu calme l'efprit, donne un fommeil tranquile, & dư repos même pendant le jour, au milieu de tous les travaux.

Quand on a trouvé Dieu, il n'y a plus rien à chercher dans les hommes ; il faut faire le facrifice de fes meilleurs amis: le bon ami eft au-dedans du cœur; c'eft l'époux qui eft jaloux, & qui é carte tout le refte.

Il ne faut pas beaucoup de tems pour aimer Dieu, pour fe renouveller en fa présence , pour élever fon cœur vers lui, ou l'adorer au fond de fon cœur, pour lui ofrir ce que l'on fait, & ce Luc. XVII. que l'on foufre; voilà le vrai Roiaume de Dieu au-dedans de nous, que rien ne peut troubler.

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Quand la diffipation des fens, & la vivacité de l'imagination, empêchent l'ame de fe recueillir d'une maniere douce & fenfible, il faut du moins fe calmer par la droiture de la volonté ; alors le défir du recueillement, eft une efpéce de recueillement, qui fufit: il faut fe courner vers Dieu, & faire avec une droite intention tout ce qu'il veut que l'on faffe.

Il faut tâcher de reveiller en foi de tems en tems, le défir d'être à Dieu

de toute l'étendue des puiffances de notre ame; c'eft-à-dire, de notre esprit pour le connoître, & pour penfer à lui, de notre volonté pour l'aimer. Défirons auffi que nos fens extérieurs lui foient confacrés dans toutes leurs opérations.

Prenons garde de n'être point trop long-tems ocupés volontairement, foir au-dehors, foit au-dedans, à des chofes inutiles, qui caufent une fi grande distraction au cœur & à l'efprit, & qui tirent tellement l'un & l'autre hors d'eux-mêmes qu'ils aïent peine à y rentrer pour trouver Dieu.

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Dès que nous fentons que quelque objet étranger nous donne du plaifir & de la joïe, féparons-en notre cœur ; & pour l'empêcher de prendre fon repos dans cette créature, préfentons-lui auffi-tôt fon véritable objet, & fon fouverain bien qui eft Dieu même. Pour peu que nous foïons fideles à rompre intérieurement avec les créatures, c'eft-à-dire, à empêcher qu'elles n'entrent jufques dans le fond de l'ame, que notre Seigneur s'eft réfervé pour y habiter, & pour y être refpecté, adoré, & aimé ; nous goûterons bien-tôt la joïe pure, que Dieu ne manquera pas de

donner à une ame libre & dégagée de toute afection humaine.

Quand nous apercevons en nous quelques défis empreffés pour quelque chofe que ce puiffe être, & que nous voïons que notre humeur nous porte avec trop d'activité dans tout ce qu'il y a à faire, ne fût-ce que pour dire une parole, voir un objet, faire une démarche; tâchons de nous modérer, & demandons à notre Seigneur, qu'il arrête la précipitation de nos penfees, & l'agitation de nos actions extérieures ; puifqu'il a dit lui-même, que fon efpris n'habite point dans le trouble.

de

Aïons foin de ne prendre pas trop part à tout ce qui fe dit & fe fait, & de ne nous en pas trop remplir; car c'eft une grande fource de diftractions. Dès que nous avons vû ce que Dien demande de nous dans chaque chofe qui fe préfente, bornons-nous-là, & féparons-nous de tout le refte. Par-là nous conferverons toujours le fond de notre ame libre & égal, & nous retrancherons bien des chofes inutiles qui embaraffent notre cœur, & qui l'empêchent de fe tourner aifément vers Dieu.

Un excellent moïen de fe conferver

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dans la folitude intérieure, & dans la liberté de l'efprit, c'eft, à la fin de chaque action, de terminer là toutes les réfléxions qui en proviennent, les retours de l'amour propre, tantôt de vaine joïe, tantôt de trifteffe; parce qu'ils font un de nos plus grands maux. Heureux à qui il ne demeure rien dans l'efprit que le néceffaire, & qui ne ne penfe à chaque chofe que quand il eft tems d'y penfer! Alors c'eft plu tôt Dieu qui en réveille les efpéces par l'impreffion, & par la vûë de fa volonté qu'il faut acomplir, que notre efprit lui-même qui fe met en peine de les prévenir, & de les chercher. Enfin, acoutumons-nous à nous rapeller à nous-mêmes durant la journée, & dans le cours de nos emplois par une fimple vûë de Dieu. Tranquilifons par-là tous les mouvemens de notre cœur, dès que nous le voïons agité. Séparons nous de tout plaifir qui ne vient point de Dieu. Retranchons les penfées & les rêveries inutiles. Ne difons point de paroles vaines. Cherchons Dieu au-dedans de nous, & nous le trouverons infailliblement, & avec lui, la joïe & la paix.

Dans nos ocupations extérieures

foïons encore plus ocupés de Dieu que de tout le refte. Pour les bien faire, il les faut faire en fa préfence, & les faire toutes pour lui. A l'afpect de la majefté de Dieu, notre intérieur doit fe calmer & demeurer tranquile. Une parole du Sauveur calma autrefois tout d'un coup une mer agitée. Un regard de lui vers nous, & de nous vers lui, devroit faire encore tous les jours la même chose.

Il faut élever fouvent fon cœur vers Dieu: il le purifiera, il l'éclairera, il le dirigera. C'étoit la pratique journaPf. XV. 8. liere du faint Prophète David. J'avois toujours, dit-il, le Seigneur devant mes yeux. Difons encore fouvent ces belles paroles du même Prophète. Qui eft ce que je dois chercher dans le Ciel & sur la terre, finon vous? O mon Dieu vous êtes le Dieu de mon cœur, & mon unique partage pour jamais.

Pf. LXXII. 25. 26.

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Il ne faut point atendre des heures libres où l'on puiffe fermer la porte. Le moment qui fait regretter le recueillement, peut le faire pratiquer auffi-tôt. Il faut tourner fon cœur vers Dieu d'une maniere fimple, familiere, & pleine de confiance. Tous les momens les plus entrecoupés font bons en tout tems,

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