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A&.XIX. 6. fois le jour : Seigneur, que voulez-vous Fr. CXLII. que je faffe? Enfeignez-moi à faire votre fainte volonté, parce que vous êtes mon Dien. Vous montrerez que vous êtes mon Dieu en me l'enseignant ; & moi que je fuis votre créature en vous obéiffant. En quelles mains, grand Dieu, ferois je mieux que dans les vôtres ? Hors de-là mon ame est toujours expofée aux ataques de fes ennemis, & mon falut toujours en danger. Je ne fuis qu'ignorance, & que foibleffe; & je tiendrois ma perte affurée, fi vous me laiffiez à ma propre conduite, difpofant à mon gré des tems précieux que vous me donnez pour me fantifier, & marchant aveuglément dans les voïes de mon propre cœur. En cet état que pourrois-je faire à toute heure qu'un mauvais choix ? & que ferois-je capable d'opérer en moi qu'un ouvrage d'amour propre, de péché, & de damnation? Envoiez donc, Seigneur, votre lumiere pour guider mes pas. Diftribuez-moi vos graces en toutes ocafions felon mes befoins, comme l'on diftribue la nourriture aux enfans, felon leur âge & felon leur foibleffe. Aprenez-moi par un faint usage du tems préfent, que vous me donnez,

à réparer le paffe, & à ne compter ja

mais follement fur l'avenir.

Le tems des afaires & des ocupations extérieures n'a befoin pour être bien emploïé, que d'une fimple atention aux ordres de la divine Providence. Comme c'eft elle qui nous les prépare, & qui nous les préfente nous n'avons qu'à la fuivre avec docilité, & foûmettre entierement à Dieu notre humeur, notre volonté propre notre délicateffe, notre inquiétude, les retours fur nous-mêmes, ou bien l'épanchement, la précipitation, la vaine joie, & les autres paffions qui viennent à la traverse, felon que les chofes que nous avons à traiter, nous font agréables ou incommodes. Il faut bien prendre garde à ne fe pas laiffer acabler par ce qui vient du dehors, & à ne fe pas noïer dans la multitude des ocupations extérieures, quelles qu'elles puissent être.

Nous devons tâcher de commencer toutes nos entreprises, dans la vûë de la pure gloire de Dieu, les continuer fans diffipation, & les finir fans empreffement, & fans impatience.

Le tems des entretiens, & des divertiffemens, eft le plus dangereux pour

nous, & peut-être le plus utile pour les autres. On y doit être fur fes

gardes, c'eft-à-dire, plus fidele en la préfence de Dieu. La pratique de la vigilance chrétienne tant recommandée par notre Seigneur, les afpirations, & les élevations d'efprit & de cœur vers Dieu, non-feulement habituelles, mais actuelles, autant qu'il eft poffible par les vûës fimples que la foi donne, la dépendance douce & paisible que l'ame garde envers la grace qu'elle reconnoît pour le feul principe de fa fureté & de fa force; tout cela doit être mis alors en ufage pour fe préferver du poifon fubtil, qui eft fouvent caché fous les entretiens & les plaifirs, & pour fçavoir placer avec fageffe ce qui peut inftruire & édifier les autres, & furtout ceux qui ont entre les mains un grand pouvoir, & dont la volonté peut faire ou tant de bien, ou tant mal.

Les tems libres font ordinairement les plus doux, & plus utiles pour nous-mêmes. Nous ne pouvons guéres en faire un meilleur emploi, que de les confacrer à réparer nos forces, (je dis même nos forces corporelles) dans un commerce plus fecret & plus intimeavec Dieu. La priere eft fi néceffaire

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& eft la fource de tant de biens, que l'ame qui a trouvé ce tréfor, ne peut s'empêcher d'y revenir, dès qu'elle eft

laiffée à elle-même.

Il y auroit d'autres chofes à vous dire fur ces trois tems. Peut-être pourrois-je en dire encore quelque chofe, fi les vies qui me frapent préfentement ne fe perdent pas: en tout cas, c'est une fort petite perte. Dieu donne d'autres vûës quand il lui plaît ; s'il n'en donne pas, c'eft une marque qu'elles ne font pas néceffaires; & dès qu'pas néceffaires pour notre

elles ne font

bien, nous devons être bien-aises qu'elles foient perduës.

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SUR LE BON USAGE du Tems.

Cavoir vivre en repos, & faire un

Sban ufage du tems, eft une des plus

utiles fciences du monde, & une des plus rares. L'efprit humain ne se plaît que dans l'agitation & le tumulte, qui l'empêche non-feulement de racheter le tems, mais même de le fentir, & d'en connoître la valeur, & le befoin que nous avons d'en faire un bon ufage. A quoi s'ocuper, dit-on, quand on fera Í ïïij

féparé du monde, & des emplois qu'on ya, & qu'on regarde comme opofés au falut? Il faut n'avoir gueres de lumieres pour parler ainfi, & ignorer abfolument à quoi le Chrétien eft obligé, & ce qui doit l'ocuper indifpenfablement, qui eft l'afaire de fon falut. Si ces perfonnes étoient un peu plus éclairées, elles verroient qu'elles ont une infinité de chofes à faire dans la Retraite même la moins ocupée. Elles verroient que le tems leur manqueroit fi elles vouloient s'apliquer à s'aquiter de leurs devoirs.

Un Chrétien ne devroit-il pas être inceffanment ocupé de Dieu, l'adorer fans ceffe, admirer fa Providence dans tous les événemens de la vie, le remertier de tous les biens tant fpirituels que temporels qu'il reçoit continuellement de fa bonté? Ne doit-il pas travailler à connoître les fautes pour les détefter, s'en humilier & en gémir devant Dieu ? rechercher les moiens de s'en corriger & d'éviter les ocafions d'y retomber? Ne doit-il pas travailler avec aplication à mortifier toutes fes paffions, & fe fortifier contre fes foibleffes? Ne doitil pas rechercher la vérité pour s'en nourrir, & réformer une infinité de

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